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Abidjan le 6 mai 2022- La facilité, le gain facile, l’enrichissement illicite, le luxe mais aussi la luxure et tous les actes condamnables et répréhensibles qui vont avec ces nouveaux phénomènes de société, créent de plus en plus un sentiment de révolte au sein des populations respectueuses des bonnes mœurs. Les élites africaines en général et ivoiriennes en particulier, se désolent de plus en plus de voir que les plus jeunes générations sont en perdition.
Les efforts d’éducation semblent voués à l’échec, l’espoir d’une jeunesse responsable s’amenuise au fil des ans. Bref les Africains et les Ivoiriens ont le sentiment que tout va à vau-l’eau. Malgré les efforts consentis par les gouvernements du continent. En Côte d’Ivoire, une personne parmi cette élite a décidé de crier son ras-le-bol et de mettre le holà. C’est Vincent Toh Bi. L’ancien Préfet d’Abidjan qui se veut désormais conscience nationale à la tête de son ONG « Aube Nouvelle », est plus que jamais dégouté des scènes sur les réseaux sociaux.
« Dans notre pays, on n’applaudit pas ceux qui produisent, on applaudit ceux qui détruisent ceux qui produisent». C’est en effet le triste constat que fait Vincent Toh Bi à l’issue des conclusions de sa réflexion. « La médiocrité en est le sujet principal. Tout le monde se plaint de la médiocrité en Côte d’Ivoire. Mais qui sont donc les médiocres ? Où sont les millions de personnes qui consomment sans modération les inepties déversées dans l’espace public tous les jours ? La médiocrité n’existe que parce qu’elle dispose d’une bonne clientèle, vaste, solide et nombreuse, qui la rend si dynamique en Côte d’Ivoire. N’est-ce peut-être pas le moment de nous poser la question, nous des classes administratives, sociales, privées ou politiques pourquoi les repères de notre société sont devenus si bas ? » S’interroge le président de l’ONG Aube Nouvelle. Il ne manque pas de fustiger une société en faillite et l’inaction ou la négligence des élites dans l’éducation des enfants.
« Nous ne faisons plus rêver ces jeunes. Notre vie, ne les intéresse plus. Nous sommes seulement importants, dans nos cercles où nous partageons les mêmes codes. En dehors, nous n’avons aucune réverbération pour les autres. Ces jeunes, ils ont pour nouveaux modèles ceux qui leur ressemblent, qui habitent le quartier, qui parlent leur langue et leur langage, qui les amuse, qui leur montre que l’école ne sert à rien puisqu’elle ne permet ni d’être épanouis dans la vie, ni d’être riches, ni de réussir, ni d’être populaires (leur obsession). Leur héros, ce n’est pas le surhomme en costume, perché dans une responsabilité sociale ou politique, puissant, riche et omnipotent. Cette image du héros a été gommée. Nous sommes-nous déjà demandé si notre vie, notre parcours politique, social et administratif et si nos pratiques dans la vie publique n’ont pas créé le dégoût et le désespoir en ces jeunes en quête de modèles nouveaux et surtout ordinaires ? »
Vincent Toh Bi note aussi que, la célébration des partisans du moindre effort au détriment des méritants et battants, est désormais la norme en Côte d’Ivoire. « On ignore le crac et on célèbre le cancre. On détourne les yeux de l’excellent et on adule l’ignare. On étouffe le petit génie et on comble le nullard. En vérité, qui est donc le fabricant du millésime et du grand cru de la médiocrité ? La tendance aujourd’hui est à la destruction de ceux qui réussissent là où les autres ont échoué ; la tendance est au lynchage de tous ceux qui peuvent briller un tout petit peu. Tous ces jeunes, de bonne classe et de bon niveau, souvent même encore de l’élite et de la bourgeoisie, qui détruisent les autres jeunes qui font l’effort d’innover ou d’exister, sont aussi médiocres que ceux qui nous abreuvent de sauces médiocres sur les réseaux sociaux. Tous ces jeunes qui se laissent utiliser par des vieux pour détruire d’autres jeunes figurent eux aussi tout en haut du classement de la médiocrité. Lorsqu’une classe de sachants devient des censeurs d’opinions, des dictateurs de la pensée, des tortionnaires de la différence, cette classe devient une couveuse ou un incubateur de médiocrité. L’inévitable nivellement par le bas, signe d’une société qui viole allègrement ses propres normes et qui a horreur de tous ceux qui ont quelque chose de nouveau à apporter au niveau de l’économie, de l’Art, du sport , de la culture, de la religion, des institutions républicaines », dénonce-t-il.
Selon l’ancien Préfet de la ville d’Abidjan, la médiocrité est à son summum, elle est tellement promue que, les plus brillants dans tous les domaines, ont une phobie de se valoriser. « S’il n’y a plus de honte à critiquer avec virulence et sans raison, s’il n’y a plus de gêne à détruire gratuitement les efforts sincères des autres, nous transmettrons la médiocrité aux gènes de nos enfants et à leur descendance. Regardons-nous nous-mêmes. Regardons nos jalousies maladives que nous avons transformées en mode de gouvernance sociale et que nous étalons au soleil. Et vous voulez que l’excellence soit une chanson populaire dans le pays ? Nous devrions avoir honte lorsque de jeunes entrepreneurs, de jeunes créateurs d’emplois, de jeunes influenceurs, de jeunes sportifs, de jeunes artistes, de jeunes politiciens sont inutilement lynchés avec une méchanceté de vampires. Comment dans un tel environnement de sadisme célébré, voulons-nous qu’émergent des individualités et des originalités? La peur ambiante d’exceller produit le règne de la médiocrité dans une communauté ». S’indigne l’ancien gouverneur d’Abidjan.
Son cri d’indignation sera-t-il entendu ? L’histoire retiendra que Vincent Toh Bi fait partie de ceux qui se sont tenus à la brèche pour alerter sur les dangers que cour la jeunesse ivoirienne.
Denzel Bereby
Akondanews.net