Entrepreneuriat étudiants : et si on essayait la méthode « Bottom up » ?

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Dans la recherche de solutions à l’emploi des jeunes, les autorités ivoiriennes et leurs partenaires ne lésinent pas sur les moyens pour faire de l’auto-emploi un des moyens, sinon le meilleur moyen, de résorber le chômage et le sous-emploi massif de cette catégorie sociale.

Si on peut lui reprocher quelque chose, toutefois, c’est son approche « Top Down » au lieu du « Bottom up ».

Une approche top down ou descendante (verticale ou hiérarchique, en français), reflète une conception traditionnelle du pouvoir où les ordres émanent d’en haut pour être appliqués à chaque échelon par une autorité subalterne.

L’approche « Bottom up », en revanche, est « une méthode managériale qui encourage la participation des employés dans le processus décisionnel ».

Appliqué au contexte de la promotion de l’entrepreneuriat chez les jeunes, le « Bottom up » ferait d’excellents résultats car, au lieu de faire appel à des projets-jeunes comme on le fait généralement, on devrait plutôt susciter les initiatives de l’intérieur, motiver, provoquer les actions entrepreneuriales, inciter subtilement à l’action, agir comme un aiguillon, etc.

Cela m’amène à partager une expérience que nous avons eue à l’Université Alassane Ouattara (UAO)-Bouaké.

En 2016, l’ex Doyen de l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) Communication, Milieu et Société (CMS) de l’UAO)-Bouaké, le Professeur Azoumana Ouattara, avait organisé un séminaire de formation d’une dizaine de jours, en collaboration avec un formateur chevronné en entrepreneuriat jeunes .

Étant à la tête de la Cellule Employabilité de cette UFR, il a entrepris alors d’offrir une formation en entrepreneuriat aux 50 meilleurs étudiants de cette UFR .

Les 3 premières journées furent, d’abord, consacrées aux notions théoriques de base sur l’entrepreneuriat, à l’exemple de la connaissance de son marché, le plan d’affaires (Business Plan en anglais), la planification stratégique, etc. ainsi que les qualités qu’il est nécessaire de développer si on veut réussir dans ce secteur.

Le quatrième jour, le formateur incita les étudiants à former des groupes afin de travailler sur des projets concrets d’affaires en vue de mettre en pratique tous ces concepts appris les premiers jours de la formation. La dernière journée fut ponctuée par les présentations des projets.

En trois jours de travail intensifs, les séminaristes ont pu présenter des projets aussi innovants que rentables en apparence.

Sans entrer dans le détail des différents projets qui furent « pitchés » ce jour, il faut dire que les étudiants ne manquèrent ni de créativité, ni de (qualité entrepreneuriale), encore moins de leadership et de compétences en négociation lors de leur présentation pour convaincre l’auditoire.

Il est bien entendu vrai qu’étant donné les circonstances, pour être intéressants et originaux, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils auront certainement besoin d’être un peu retravaillés pour qu’ils soient totalement viables.

Mais ce qu’il faut retenir, c’est que, dans le fond, ces étudiants ont révélé des choses auxquelles le commun d’entre nous, tout « aspiring entrepreneurs » que nous sommes, n’aurait jamais pensé.

Toutefois, on a manqué le coche car sur la lancée de cette activité enrichissante, on aurait pu créer une unique opportunité pour accompagner ces étudiants dans la réalisation de leur projet.

Primo, la gouvernance de l’UAO-Bouaké aurait dû profiter de cette unique opportunité pour aider ces étudiants à fignoler leurs projets entrepreneuriaux, ce qui aurait constitué une sorte d’apprentissage expérientiel pour eux.

Secundo, jouant de son autorité, le Président de l’UAO-Bouaké pourrait organiser une soirée au cours de laquelle ces projets-étudiants pourraient être présentés à des investisseurs potentiels qui, j’en suis convaincu, vont montrer de l’intérêt pour ces projets.

Tercio, dans la droite ligne de cette initiative, l’UAO-B pourrait mettre en place des incubateurs.  Ce qui est intéressant dans tout cela, c’est la motivation et l’enthousiasme de tous ces étudiants est toujours au beau fixe.

En fin de compte, ce que j’ai appris de ces étudiants, et je reste convaincu qu’ils sont nombreux dans ce cas, c’est qu’ils sont capables de « prendre des risques calculés et d’être proactifs ».

Dites-moi s’il y a meilleures qualités pour être un bon entrepreneur.

 

Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant

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