Savez-vous que l’un des spécialistes mondiaux de l’énergie solaire est un nigérien

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Voici bientôt deux décennies que l’on nous parle d’énergies alternatives. Des sommets, colloques, des séminaires et quoi d’autres sont organisés en Afrique, en Amérique, en Asie et Europe, sur ce sujet. Et pourtant, depuis 1964, un Nigérien (AFRICAIN), en parlait déjà, jusqu’à écrire un livre : L’énergie solaire dans les pays africains, aux éditions Présence africaine, 1964. Son nom est inconnu au grand PUBLIC, et pourtant c’est non seulement un des spécialistes mondiaux de l’énergie renouvelable, mais surtout le père de l’énergie solaire en Afrique. Il s’agit du professeur Abdou Moumouni DIOFFO. Dorénavant, c’est un nom qu’il faut désormais garder à l’esprit, chercher à savoir davantage qui est cette illustre personne, ce grand PANAFRICAIN.

Logiquement, de la manière dont nous connaissons et admirons l’Osiris Cheikh Anta DIOP, nous devrions également en faire pour l’intellectuel Abdou Moumouni DIOFFO. Je ne pourrai pas tout dire de lui ici, car le temps et l’espace font défaut. Cependant, je ferai, modestement, une présentation de lui de manière non exhaustive.

Abdou Moumouni Dioffo (1929-1991), le précurseur Nigérien de l’énergie solaire

1. PREMIER AGRÉGÉ DE PHYSIQUE EN AFRIQUE.

Né le 26 juin 1929 à Tessaoua (Niger), d’une famille aristocratique de Kirtachi (kollo), il fit de brillantes études scolaires à l’école régionale de Zinder (Niger) de 1936 à 1942, puis de 1942 à 1944 à l’École primaire supérieure de Niamey (Niger). Ensuite, Abdou Moumouni Dioffo fréquenta l’École normale William Ponty de Sébikotane (Sénégal) de 1944 à 1947. Il entra en 1948 au Lycée Van Hollenhoven de Dakar où il obtint le Brevet de capacité colonial (mathématiques élémentaires) en 1949. Il fut admis en préparation aux grandes écoles au Lycée Saint-Louis de Paris (1949-1951). Ses études supérieures à la Sorbonne à Paris ont été couronnées par :

une Licence ès sciences physiques en 1953;

un Diplôme d’études supérieures de sciences physiques en 1954;

une Agrégation de sciences physiques en 1956; un Doctorat d’État ès sciences physiques en 1967; une bourse de l’Académie des sciences de l’URSS de 1962 à 1964.

 Carrière professionnelle

Abdou Moumouni fut d’abord un enseignant chevronné. Il servit successivement comme professeur :

au Lycée Van Vollenhoven de Dakar de 1956 à 1958;

au Lycée Donka de Conakry de 1958 à 1959 après le « Non » (aux accords avec la France) de la Guinée; au Collège classique et moderne de Niamey de 1959 à 1961;

à l’École normale supérieure de Bamako de 1964 à 1969;

au cours postuniversitaire en énergie solaire de la Faculté de Perpignan de 1974 à 1975.

Comme chercheur, il créa et dirigea, de 1964 à 1969, le Laboratoire de l’énergie solaire de la République du Mali. De retour au Niger à partir de 1969, il dirigea l’Office de l’énergie solaire du Niger (ONERSOL) jusqu’en 1985. Il fut recteur de l’Université de Niamey de 1979 à 1982, et professeur de sciences physiques à la Faculté des sciences de 1975 à 1991.

Comme on vient de le voir, le professeur Abdou Moumouni DIOFFO fut, en 1967, le premier agrégé de sciences physiques de l’Afrique francophone, il fut l’un des grands spécialistes mondiaux des énergies renouvelables.

2. MILITANT PANAFRICAIN ENGAGÉ.

Abdou Moumouni Dioffo, membre fondateur de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF)

Humaniste et militant engagé, il croyait à la capacité et à la grandeur de l’humain.  Militant et politiquement engagé, Abdou Moumouni fut membre fondateur de la Fédération des Étudiants d’Afrique Noire en France (FEANF) et membre fondateur du Parti Africain de l’Indépendance (PAI). Il fait partie, contrairement à Houphouët-Boigny, de ceux qui ont exigé l’indépendance immédiate des pays Africains francophones.

D’ailleurs, il fit partie des intellectuels africains qui ont soutenu la Guinée indépendante de Sékou Touré. Pour joindre l’acte à la parole, il alla enseigner en Guinée, plus précisément au Lycée Donka de Conakry de 1958 à 1959 après le « Non à l’asservissement de la Guinée à la France du général de Gaulle » du 28 septembre 1958 par le vaillant Peuple Guinéen. 

Il est donc une figure de combat de gauche pour l’indépendance de l’Afrique.

3. ADULÉ AILLEURS,…

« En raison de sa spécialisation et de ses compétences dans le domaine de l’énergie solaire, le Professeur Abdou Moumouni Dioffo était régulièrement sollicité en tant que consultant. C’est ainsi qu’il fut :

Président du Conseil Scientifique du CRES, de la CEAO et du CILSS de 1989 à 1991;

Consultant du gouvernement algérien en 1968;

Consultant de l’UNESCO sur les problèmes de l’éducation en Afrique de 1967 à 1968;

Consultant de la Société tunisienne d’Électricité et du Gaz (STEG) sur les possibilités d’utilisation de l’énergie solaire;

Professeur au cours postuniversitaire en énergie solaire de la Faculté des sciences de Perpignan de 1974 à 1975;

Membre du Comité scientifique du Congrès international « Le soleil au service de l’Humanité » de l’UNESCO;

Consultant de la Fondation Internationale pour les Sciences (SUEDE) pour l’attribution de bourses d’études en énergie solaire;

Consultant de la Banque africaine de développement sur les énergies renouvelables de 1988 à 1990;

Consultant du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale en 1989.

Il était persuadé que, contrairement au photovoltaïque, la concentration solaire allait permettre de produire de l’énergie en grande quantité. Ses recherches sont à l’origine des immenses fermes de production d’énergie électro-solaire qui ont été réalisées et implantées aux États-Unis et en Espagne, et qui commencent à se développer ailleurs dans le monde aujourd’hui ».

4. MAIS IGNORÉ PAR L’ÉLITE GOUVERNANTE  DE SON CONTINENT.

« Alors qu’à de multiples reprises on lui proposa de travailler dans des laboratoires occidentaux, il avait choisi de servir là où personne de son rang ne voulait aller : l’Afrique. C’est donc à partir de l’Afrique qu’il a voulu apporter sa pierre à la recherche au service de l’humanité ». Car il était convaincu qu’en mettant ses compétences au service de l’Afrique, il le ferait pour l’humanité. Puisque les défis majeurs de ce continent étaient (et le sont encore) l’éducation et l’environnement. C’est d’ailleurs pour cela qu’en 1964, il écrit un autre livre qui est toujours d’actualité : L’Education en Afrique, Maspéro, Paris, 1964,400 pages.

À Niamey, il a pris en charge la construction et le développement de la jeune université qui portera son nom en 1992.

Son aura, il le mit au service de son pays d’une part, et de son continent d’autre part. Ainsi, « par ses relations, il fit venir à Niamey d’éminents savants mondialement reconnus dans le domaine de l’énergie solaire, notamment le professeur émérite américain John A. Duffie, directeur du laboratoire solaire de l’université du Wisconsin, l’académicienne russe Valentina A. Baum, chef du laboratoire solaire d’Askhabad en Turkménistan, le physicien français Félix Trombe, père du four solaire de Mont Louis et d’Odeillo, et le Turc Dr Kudret Selçuk, spécialiste en séchage solaire. Tous ces scientifiques animèrent à ses côtés un atelier de réflexion sur les perspectives du solaire afin de sensibiliser d’autres scientifiques africains invités à Niamey en cette occasion et susciter l’intérêt quant au déploiement de cette filière technologique au service du développement de notre région ».

Et comme toujours, le gros problème de l’Afrique c’est cette élite, surtout gouvernante. Elle est non patriote, extravertie, carriériste et félonne. Et cela est aujourd’hui encore d’actualité. Car malgré le temps qui passe, ce « virus d’anti-Afrique » continue de se transmettre aux générations qui suivent.

5. RECONNU TIMIDEMENT À TITRE POSTHUME EN AFRIQUE.

Le professeur Abdou Moumouni DIOFFO est décédé le 7 avril 1991 à Niamey. Il repose à Kirtachi, son village natal. C’est après sa mort que première université de ce pays porta son nom. Ces travaux ont été mises aux oubliettes. Il n’est même pas enseigné dans les écoles africaines, surtout « francophones ».

Seule la fondation créée, en son nom par ses collègues témoignent de son génie. À travers cette fondation, ils « immortalisent et pérennisent sa vision de la science, de l’éducation, et encouragent la recherche sur les énergies renouvelables » .

En plus, « chaque année, cette fondation, dont le principal animateur est Albert Wright, organise une manifestation publique pour fêter la science. »

CONCLUSION

Le professeur Abdou Moumouni DIOFFO fait partie des spécialistes mondiaux des énergies renouvelables et surtout solaire. Il était un amoureux de la science et de l’humanité. Panafricain, il a décidé de se mettre au service du Continent-Mère (Afrique). Il avait la soif de transmettre son SAVOIR. Il voulait qu’il soit vulgarisé, non seulement à travers l’Afrique mais le monde entier. C’est pourquoi il voulait « diffuser les résultats de ses recherches à l’ensemble de l’humanité, du paysan à l’artisan, de la ménagère au lycéen ».

Malheureusement, l’élite gouvernante africaine, moralement corrompue et aliénée, n’a pas voulu de ses travaux tant de son vivant qu’après sa mort. Cependant, nous gardons espoir avec Frantz Fanon qui, dans les Damnés de la terre, écivait : « Chaque génération, dans une relative opacité doit découvrir sa mission: la trahir ou l’accomplir » .

Fait, le 23 mai 2021.

Tapé GROUBERA, President du Mouvement pour la Renaissance de l’Afrique (moraf).

Auteur du livre CES AFRICAINS ENNEMIS DES AFRICAINS.

Mail : moraf.afrique@gmail.com

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