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Attentif aux cris de détresse des ivoiriens relativement à la cherté de la vie et aux augmentations excessives du prix de l’électricité en cours depuis quelques mois, l’ex ministre de Laurent Gbagbo, Ahoua Senin Don Mello, dans une analyse critique publiée sur sa page social facebook, le dimanche 29 septembre 2024, explique que la modification du mode de rémunération de la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) justifie les hausses du coût de l’électricité constatées depuis des mois en Côte d’Ivoire.
Dans le souci de réduire une perte d’exploitation de près de 127 milliards de franc CFA et d’assurer la qualité de fourniture de l’électricité, le gouvernement ivoirien, l’on s’en souvient a procédé en espace de 6 mois à l’augmentation du coût de l’électricité, en juillet 2023 et le premier janvier 2024. Une pilule jusque là difficile à avaler par les ivoiriens qui, de façon stoïque continuent d’être privés d’électricité ce, sans indemnisation et sans aucune explication de la part des autorités compétentes.
« Malgré cette manne financière sortie des poches des citoyens pour garantir un service, il ne se passe aucun jour où il n’y a pas de coupure d’électricité. Les Ivoiriens payent à un prix élevé l’électricité pour se contenter de la belle étoile, des lampes torches et des lampes tempêtes » a laissé entendre Ahoua Don Mello qui, bien avant a tenu à préciser que : « le gouvernement ivoirien a procédé à une augmentation de 10 % du prix de l’électricité pour les abonnés à 15 ampères et plus et +15 % pour les abonnés moyenne et haute tension.» , ce qui constitue à l’en croire « une véritable sanction pour les opérateurs économiques et donc pour le panier de la ménagère. »
Pour l’ex Directeur général du Bureau national d’études techniques et de développement, l’augmentation du coût de l’électricité en Côte d’Ivoire, trouve sa réponse dans la nouvelle convention de 2020, entre l’Etat et la CIE. Laquelle, institue des coûts majorés d’une marge fixée à 6,14% par segment d’activités.
« Avant 2020, la rémunération de la CIE était basée sur la méthode des prix plafonds fixés selon l’énergie vendue. Avec la nouvelle convention État-CIE de 2020, le mécanisme de rémunération de l’exploitant a été modifié. Il se fonde désormais sur des coûts «éligibles» majorés d’une marge fixée à 6,14 % par segment d’activités. La modification du mode de rémunération explique la hausse constatée » dira t-il.
La nouvelle convention qui fait le lit des nombreuses augmentations du coût de l’électricité et la mauvaise qualité du service de fourniture d’électricité, est dictée par le FMI qui, depuis le 12 mai 2012 a « recommandé » aux autorités ivoiriennes l’augmentation du tarif de l’électricité, en lieu et place des recommandations plus ambitieuses des experts ivoiriens, portés vers la baisse du prix du gaz naturel.
« La recommandation des experts ivoiriens était sans appel : « renégocier à la baisse le prix du gaz naturel (gaz sec/gaz associé)». Nos courageux experts ne se sont pas arrêtés là, ils ont même fixé le montant annuel de réduction du coût du gaz : 127milliards de FCFA par an dont 100 milliards avec Bouygues, contre un déficit annuel du secteur de 63 milliards de FCFA ! Les experts ivoiriens contredisaient le FMI qui a recommandé une augmentation des tarifs de l’électricité le 12 mai 2012. Jusqu’aujourd’hui, le secteur vit au rythme des recommandations du FMI contre l’avis des experts ivoiriens » a dévoilé le vice- président de l’Alliance internationale des BRICS chargé des projets stratégiques.
Par ailleurs, Ahoua Senin Don Mello, indique que: « Selon le rapport du séminaire organisé par les experts ivoiriens sous l’égide du gouvernement en novembre 2012, une réduction du coût du gaz de 127 milliards de FCFA par an, dont 100 milliards avec les frères Bouygues est possible. Il suffit de renégocier le mode de calcul du prix du gaz pour juguler un déficit de 127 milliards de FCFA comme l’avaient recommandé les experts ivoiriens. »
Et d’ajouter en ce qui concerne l’analyse de la rémunération des acteurs du secteur électricité que: « l’énergie contractuelle payée aux producteurs d’électricité selon des contrats de type Take or Pay puissance, est supérieur au prix de l’énergie effectivement livrée au réseau, ce qui contribue au déséquilibre financier du secteur. Tout se passe comme si les consommateurs payaient le prix d’une chambre d’hôtel de 2 étoiles au prix d’une chambre d’hôtel de 5 étoiles. Ce surcoût correspond à l’écart constaté entre le prix contractuel et le coût moyen calculé à partir des quantités d’énergie effectivement livrées. Il est estimé à 25,48 milliards de FCFA en 2022 contre 16,19 milliards de FCFA en 2021. »
Dans un élan souverainiste, Ahoua Senin Don Mello, dénonce sans ambages la posture du gouvernement ivoirien qui manque de courage pour accorder du crédit et valoriser les recommandations de ses experts.
« L’État ivoirien est-il suffisamment souverain pour être à l’écoute de ses experts et non à l’écoute des intérêts de Bouygues et de leurs experts du FMI? » s’est il interrogé et de s’offusquer sur le fait que « les consommateurs doivent payer 47,5 milliards de FCFA à Côte d’Ivoire Energie pour le barrage de Soubré qui a fait l’objet d’un accord de financement à taux concessionnel de la part du gouvernement chinois. Cette absurdité fait du prix du kWh du barrage de Soubré (34,7 FCFA/KWH) l’un des prix les plus élevé au monde, beaucoup plus que le prix du kWh des centrales thermiques de CIPREL (19.34 FCFA/KWH) et d’Azito6 (27,13 FCFA/KWH). »
Pour conclure, Ahoua Senin Don Mello, indique clairement que: « (…) la réduction des dépenses du secteur est possible pour absorber le déficit en lieu et place de la double peine de l’augmentation du prix de l’électricité. »
Adingra OSSEI