Analyse approfondie de la crise du cacao : Causes, réactions des producteurs et solutions innovantes

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Dans une interview exclusive, le professeur PRAO Yao Séraphin offre des solutions novatrices pour apporter davantage de flexibilité au système de prix de vente anticipé à la moyenne. En tant qu’économiste émérite et enseignant-chercheur spécialisé en théorie monétaire, le Dr. PRAO apporte une expertise précieuse sur les questions économiques contemporaines. Dans cette entrevue, nous aurons le privilège de plonger dans ses analyses éclairées et ses recommandations pour aborder les défis économiques actuels, en particulier en ce qui concerne le marché du cacao et les stratégies pour soutenir les producteurs africains.

Bonjour Dr. PRAO, selon vous, quels sont les facteurs qui ont conduit à ces prix records du cacao ?
Les cours du cacao pulvérisent des records historiques avec un sommet absolu atteint le 18 mars 2024, fin février à à 8300 USD la tonne. Le marché est entré dans une folie spéculative largement décorrélée de la réalité physique du produit. Il existe plusieurs raisons qui expliquent la tendance haussière des cours du cacao

Premièrement, il y a la mauvaise récolte en Afrique de l’ouest. La CÔTE D’IVOIRE et le GHANA, les deux pays représentent 60% de la production mondiale de cacao, cette baisse de l’offre génère un déficit sans précédent sur le marché du cacao. Les stocks internationaux de cacao ayant diminué au cours des dernières années, les tensions conduisent forcément à un déséquilibre entre offre et demande et à une hausse spectaculaire des cours. Par exemple, pour le cas du GHANA, la récession cacaoyère, qui apparaît à partir de 2021 et 2022, lorsque la production du Ghana chute de 1 000 000 à 700 000 tonnes, pour remonter en 2023, à 750 000 t, mais inférieur au seuil de 1 000 000 de tonnes. Les exportateurs et les comptoirs de cabosses du Ghana, deuxième producteur de cacao, ont déclaré en début d’année 2024, que la production pour la saison 2023-24, en cours, devrait atteindre seulement 475 000-500 000 tonnes contre 655 000 l’année dernière.

En Côte d’Ivoire, la production de cacao est finalement attendue à 1,75 million de tonnes en 2023/2024 contre 1,8 million de tonnes prévu en septembre 2023. Au total, le marché mondial enregistrera un déficit au niveau de l’offre mondiale. Un sondage Reuters sur le cacao prévoyait un déficit mondial de 375 000 tonnes pour la saison 2023/24, soit plus du double de l’opinion moyenne du sondage précédent en août, ce qui indique un troisième déficit d’approvisionnement consécutif pour le marché.

Deuxièmement, les conditions climatiques peu favorables dans les grands pays producteurs de cacao.

En Côte d’Ivoire, par exemple, la révision à la baisse s’explique principalement par la propagation de la maladie virale du cacaoyer (Swollen Shoot) dans plusieurs vergers. Le cacaoyer est touché par un virus qui provoque des désordres de croissance des tissus et gêne la circulation de la sève, entraînant la mort des cacaoyers en quelques années. Un insecte, les cochenilles farineuses, transmettent le virus d’un arbre à l’autre. En piquant le cacaoyer malade pour se nourrir, la cochenille se charge du virus qu’elle transporte ensuite sur un autre cacaoyer, infecté à son tour au moment d’une nouvelle piqûre. La maladie est présente au Ghana depuis des décennies. Mais elle se répand d’autant plus vite que les cacaoyers sont affaiblis par les sécheresses, les inondations, le vieillissement des plantations et le système de monoculture. Les planteurs signalent aussi la pression croissante des termites, un très ancien ennemi du cacaoyer. Elles détruisent notamment les jeunes plants et réduisent un peu plus les chances de renouveler les vergers dans les anciennes zones de plantation.

On peut également citer le phénomène d’El Nino qui a généré sécheresses et incendies. En 2023, son retour provoque des pluies torrentielles et des inondations. Le phénomène climatique El Niño se traduit par une hausse de la température à la surface de l’eau, provoque des épisodes de chaleur et de sécheresse dans la région d’Afrique de l’Ouest. Alors que le cacao reste une culture précaire qui a besoin de nombreuses conditions optimales pour prospérer, notamment des températures constantes ou une protection contre le vent.

Troisièmement, l’orpaillage clandestin, dévoreur de cacao et de forêt. Au Ghana, les mines officielles détruisent plusieurs des villages et terroirs du cacao. A côté des mines légales, le “galamsey” (orpaillage) devient le premier concurrent du cacao, attirant les jeunes, voire les enfants. Son impact sur le coût du travail est évident. Il ne concurrence pas seulement le cacao pour le travail mais aussi pour les terres, occupant sept fois plus de territoires que les mines légales. Les planteurs démarchent les orpailleurs pour leur vendre définitivement ou pour leur louer les cacaoyères, selon un loyer fixe ou en métayage, un quart de la valeur de l’or revenant au propriétaire de la plantation. Dans tous les cas c’est un processus quasi irréversible. Les cultures, dont le cacao, ne reviendront pas avant longtemps. Après avoir brièvement profité de l’aubaine, les planteurs qui cèdent leurs terres plongent dans la misère.

Quatrièmement, la fuite vers d’autres productions. La faiblesse des prix payés ces dernières années, aux producteurs, a poussé les paysans vers d’autres produits comme l’hévéa. Les vieilles cacaoyères sont converties en jeunes hévéas par les jeunes planteurs. Le boom de l’hévéa du Ghana a pris beaucoup de retard par rapport à la Côte d’Ivoire, mais le nombre de planteurs de cacao investissant dans l’hévéa semble avoir doublé ces trois dernières années.

Cinquièmement, un problème structurel de sous-investissement. L’industrie a traversé des décennies de sous-investissement. Contrairement à d’autres produits de base, le cacao n’est pas cultivé par de grandes exploitations ou entreprises. Au lieu de cela, la plupart de ses producteurs sont des agriculteurs locaux qui utilisent leurs fonds pour leur subsistance. En conséquence, comme les prix du cacao sont restés bas pendant des décennies, nombre de ces agriculteurs et le gouvernement n’ont pas pris la peine d’investir dans ce produit. De nombreux agriculteurs ont également déraciné leurs arbres pour se concentrer sur d’autres cultures rentables. Aujourd’hui, le manque d’investissements et le fait que la plupart des cacaoyers ont plus de 20 ans signifient que les pressions sur l’offre vont persister pendant un certain temps. Les arbres plus âgés, comme dans d’autres cultures, entraînent de faibles rendements et une grande sensibilité aux maladies.

 Comment les producteurs de cacao d’Afrique de l’Ouest réagissent-ils à la hausse des prix sur le marché des matières premières ?

La hausse des cours du cacao sur les marchés internationaux fait les affaires des majors du domaine mais ne profite pas aux paysans.  En effet, les producteurs de cacao, souvent pauvres, demandent à être mieux payés, en raison de la hausse des prix sur les marchés, et des nouveaux efforts de traçabilité. Les nombreux petits agriculteurs d’Afrique de l’Ouest ne profitent guère du boom actuel des prix. En Côte d’Ivoire, la structure qui organise la vente, le Conseil Café-Cacao (ccc) pratique la vente à terme. Une fois le prix fixé, l’envolée des cours ne profite plus aux paysans. Les gouvernements du Ghana et de la Côte d’Ivoire réglementent et contrôlent également le marché intérieur. Ils garantissent aux agriculteurs des prix fixes, mais ils sont aujourd’hui bien inférieurs aux prix du commerce mondial. Aujourd’hui, les agriculteurs ne reçoivent que six à sept centimes sur un euro que coûte, en Europe, une barre de chocolat au lait. Malgré le boom, de nombreux agriculteurs continuent de vivre dans une pauvreté extrême et de recourir au travail des enfants. Du coup, dans les pays producteurs de cacao, les paysans estiment que les différents gouvernements ont échoué dans leurs politiques vis-à-vis des producteurs de cacao.
La hausse des prix à la production pour la récolte intermédiaire va-t-elle avoir un impact sur le prix du cacao ?

Le 02 avril 2024, le gouvernement ivoirien a annoncé une hausse de 50 % du prix d’achat aux planteurs, soit 1 500 francs CFA (2,30 €) le kilo pour la récolte intermédiaire, d’avril à septembre 2024. Une telle augmentation laisser présager d’une forte anticipation à la hausse des cours mondiaux.   La situation ne devrait pas s’améliorer dans un avenir proche. Il est fort probable que cette envolée du prix de la tonne se maintienne jusqu’au second semestre 2025. Fin mars 2024, la tonne de cacao a dépassé le seuil historique de 10.000 dollars. Si les perspectives de production en Afrique de l’Ouest restent en l’état, alors on pourra s’attendre à de nouveaux records. En effet, la problématique prend naissance en Côte-d’Ivoire et au Ghana, deux pays voisins de la côte ouest africaine qui produisent, ensemble, 60 % des fèves de cacao de la planète. Or, lors des trois dernières années, les récoltes ont été ruinées par la pluie et celles de cette saison s’annoncent tout aussi catastrophiques.

De façon structurelle, la plupart des matières premières sont généralement très cycliques, ce qui signifie que des prix plus élevés entraînent une production accrue. Nous l’avons vu récemment avec les métaux des batteries EV comme le cobalt et le nickel. Lorsqu’ils ont sauté, la plupart des producteurs sont venus sur le marché et l’ont saturé. Il en va de même pour d’autres produits comme le maïs et le soja. Cela pourrait toutefois ne pas se produire avec le cacao, qui devrait rester déficitaire pendant un certain temps. Comme le jus d’orange, les cacaoyers mettent quelques années entre leur plantation et le moment où ils commencent à produire. Ainsi, un arbre planté en 2024 commencera à produire au moins en 2028, ce qui signifie qu’il n’aura aucun impact sur les approvisionnements aujourd’hui. Dans l’intervalle, la demande devrait rester à un niveau élevé à mesure que la classe moyenne se développe, notamment en Asie. Les résultats les plus récents de la plupart des entreprises de chocolat comme Mondelez et Hershey ont montré que les ventes continuaient de s’accélérer.

La conséquence est que les pays qui pratiquent un système libéralisé ferontt profiter ces hausses à venir à leurs producteurs. C’est le cas de l’Equateur qui n’a pas de contrôle des prix. Du coup, si par exemple, les cours montent sur les marchés à 8.000 dollars, ils payeront 90 % de cette somme au planteur. C’est très, très important pour les producteurs. En Afrique, dans les pays voisins comme le Togo ou le Cameroun, dont les marchés sont libéralisés, sans aucunes interventions de l’État sur le marché, les prix aux producteurs ont atteint des scores de 3,8 €/kg à 9 €/kg (2500 à 5000 FCFA) aux producteurs de cacao.

De manière générale, quel est le sentiment actuel des producteurs de cacao ?
De manière générale, les producteurs africains expriment un sentiment d’injustice. Selon le bulletin n° 4 de l’Organisation internationale du cacao sur la campagne 2022-2023, les pays africains de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Nigeria et du Cameroun ont produit à eux seuls au moins 73 % du cacao mondial. Bien que l’Afrique soit une plaque tournante du cacao, la région ne peut récolter qu’une infime partie des revenus de l’industrie. Selon Abba Bello, directeur général de la Nigerian Export-Import Bank, l’industrie du cacao – qui comprend les fèves, les gâteaux et le chocolat – représente 200 milliards de dollars américains par an. Et pourtant, l’ensemble de la région ouest-africaine productrice de cacao (composée de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Cameroun et du Nigeria) ne gagne que 10 milliards de dollars alors qu’elle représente environ 70 à 75 % de la production mondiale. En Côte d’Ivoire, par exemple, alors que le cacao se vend trois fois plus cher sur les marchés car ayant dépassé les 10 000 dollars la tonne, le million de cultivateurs ivoiriens qui assurent 45 % de l’approvisionnement mondial de cacao, ne reçoivent que 6 % des gains générés par l’industrie du chocolat. L’annonce d’un prix à 1.500 FCFA pour la campagne dite intermédiaire (d’avril à septembre) n’enchante pas suffisamment les producteurs puisqu’ils ressentent un sentiment d’inégalité par rapport à leurs homologues des autres pays. Les producteurs camerounais, portés par l’envolée des prix, cèdent leur cacao à 4 225 francs CFA le kilo (6,44 €), soit près de trois fois plus cher que le nouveau prix payé chez le premier producteur mondial. Pendant ce temps, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, où le cacao représente 45% de la production mondiale (soit plus de 2 millions de tonnes), et compte pour 14% du PIB de ce pays d’Afrique de l’ouest, 77% d’entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté. De la cacaoyère au supermarché, la valeur ajoutée produite par la transformation de la fève de cacao en tablette de chocolat échappe largement à ceux et celles qui la produisent, qui est captée à 80% par les transformateurs, fabricants et distributeurs. Des efforts doivent être faits pour assurer la viabilité de la production de cacao, surtout, en Côte d’Ivoire, où le cacao est stratégique, puisqu’il représente 14 % du produit intérieur brut (PIB), près de 40 % des recettes d’exportation et fait vivre 5 à 6 millions de personnes, soit un cinquième de la population, selon la Banque mondiale. En effet, la pauvreté endémique de la grande majorité des cacaoculteurs est à la racine de presque tous les problèmes socio-économiques et environnementaux de la filière : déforestation, travail des enfants, appauvrissement des sols, abandon de la culture cacaoyère. Le couvert forestier de la Côte d’Ivoire a diminué d’environ 90% au cours des 60 dernières années, principalement à cause de l’agriculture – le cacao étant l’une des principales cultures.
Quel est votre sentiment sur le système de vente par anticipation ?

De peur de ne pouvoir vendre la production, un pays peu procéder par une vente à terme, la future production aujourd’hui, à un prix déterminé maintenant, avec une livraison qui se fera plus tard. Mis en place à partir de 2012, la Côte d’Ivoire applique un programme de vente anticipée à la moyenne. Il s’agit de vendre à des prix attractifs la production nationale un an avant la récolte sous le format d’une commande passée à l’international. En théorie, ce type d’opération permet de stabiliser à l’avance les prix et sur la base de ce marché global garantir un prix unique d’achat. La Côte d’Ivoire vend 80% de sa production à terme et 20% au comptant ou spot. Généralement, les 80% sont vendus au début de la campagne principale qui de déroule entre octobre et fin mars. Les 20% lors de la campagne intermédiaire, qui se déroule d’avril à septembre.

Quels sont les avantages de ce système?

En théorie, un prix garanti au producteur, est décorrelé des fluctuations du marché international. Du coup, les producteurs sont couverts ainsi contre les fluctuations des prix qui peuventêtre défavorables. Or, 24% de la population ivoirienne vivent du cacao et 80% des producteurs vivent en dessous du seuil de pauvreté. Un tel système devrait, en principe, faciliter le financement de la campagne cacaoyère par les exportateurs. En outre, les producteurs devraient bénéficier des crédits de campagne et préparer la rentrée de leurs enfants, en septembre (avances en brousse). Si le système fonctionne bien, alors, le court à terme, c’est-à-dire, le prix proposé, devrait être supérieur, en situation normale, au prix spot. Pour le gouvernement, ce système permet d’assurer la durabilité de la production car le cacao représente 15% du PIB de la Côte d’Ivoire, 40 % des recettes d’exportation et 12% recettes fiscales. Par-dessus tout, un tel système permet à l’Etat de maintenir un contrôle des prix qui sert à réguler l’ensemble du secteur agricole.

Quels sont les limites d’un tel système ?

Premièrement, la garantie contre la baisse du prix ne fonctionne pas toujours. En mars 2017, le prix a baissé de 30%, passant de 1100 FCFA à 700fcfa à cause de la baisse des cours mondiaux et de certains exportateurs qui ont fait défaut sur les contrats. Pour payer les 1100fcfa de la campagne principale, le conseil café-cacao a dû puiser dans ses réserves. En 2021, les autorités ont réduit le prix bord-champ de 25%, passant de 1000fcfa à 725fcfa, à cause de la mévente. Ici encore, les fonds de réserves du conseil café-cacao n’a pas joué le rôle aattendu.

Deuxièmement, les producteurs ne profitent pas de l’embellie sur les marchés internationaux comme, c’est le cas actuellement. Là le producteur ivoirien gagne 1500 FCFAle kilogramme, le paysan camerounais empoche plus de 4000 FCFA. Avec ce système, les producteurs ivoiriens ne profitent pas des retombées de la mondialisation.

Troisièmement, les prix garantis, par les contrats à terme, ne sont pas meilleurs que les prix spot.

Cameroun

Côte d’ivoire

Campagne 2013/2014 : le prix se situe entre 750 FCFA et 1275 FCFA  

Campagne 2012/2013 : le prix est de 725FCFA

Campagne 2014/2015 : le prix se situe entre 800 FCFA et 1515 FCFA  

Campagne 2014/2015 : le prix est de 1000fcfa

Campagne 2016/2017 : le prix se situe entre 930 FCFA et 1100 FCFA  

Campagne 2016/2017 : le prix de la campagne principale de 1100 et la campagne intermédiaire de 700 FCFA

Campagne 2019 : le prix se situe en moyenne autour de 1200 FCFA  

Campagne 2019 : le prix est de 850 FCFA

Campagne 2020 : le prix se situe en moyenne autour de 1640 FCFA  

Campagne 2019 : le prix est de 1000 FCFA

Campagne 2023 : le prix se situe en moyenne autour de 2015 FCFA  

Campagne 2023 : le prix est de 900 FCFA

Campagne 2024 : le prix se situe en moyenne autour de 4225 FCFA  

Campagne 2024 : le prix est de 1000 FCFA puis 1500 FCFA

On voit bien que les prix issus du système libéralisé et bien organisé, sont supérieurs à ceux du système administré par l’État ivoirien. Le système de vente anticipé engendre des prix faibles afin de dégager de fortes marges pour renflouer les caisses du conseil café-cacao.  

Que faire dans ce cas?

Avec un tel système la Côte d’Ivoire risque de perdre un jour sa première place de producteur mondial. Les sols sont déjà très fatigués, le vieillissement du verger es une réalité, le coût des engrais est élevé, les rendements sont faibles et les maladies ne cessent d’attaqués les cabosses.

La première piste de solution est l’augmentation des revenus des paysans, en proposant des prix garantis élevés. Cela va permettre de réduire le recours au travail des enfantsdans les plantations.

La deuxième piste de solution est la réduction de la déforestation. En effet, en 2021, la couverture forestière de la Côte d’Ivoire était de 2,97 millions d’hectares, ce qui représentait 9,2% de la couverture contre plus de 20% dans les années 60. A titre de comparaison, le couvert forestier au Cameroun, en 2021, était de 22 millions d’hectares soit 46% du territoire national.

La troisième piste de solution est l’augmentation des rendements. Ils sont de l’ordre de 600 kilogrammes à l’hectare en Côte d’Ivoire, alors qu’ils sont de 1200 kilogrammes à l’hectare, au Cameroun. La durabilité est sérieusement mise à mal à moins de continuer avec une déforestation sauvage qui risque de nuire à la qualité du cacao ivoirien.

La quatrième piste de solution est la révision du système actuel de fixation des prix. La recherche d’un prix garanti doit se faire avec la possibilité donnée au producteur de profiter des embellies sur les marchés mondiaux. Pour ce faire, il faut rendre le système moins rigide. Il est possible de réduire les 80% vendus, à terme, lors de la campagne principale. Cela permettra d’avoir une bonne partie à vendre au spot, afin de profiter des prix du marché. Bien entendu, les modèles de prévisions doivent au préalable prédire des anticipations à la hausse.

La cinquième piste de solution est une forme d’option barrière sur matière première. Une option à barrière est un instrument financier qui s’active ou se désactive, selon l’évolution du sous-jacent sur laquelle elle porte. Ces options peuvent être activées ou désactivées si le prix de l’actif sous-jacent passe au-dessus ou en dessous d’une valeur limite (la barrière). La principale différence entre les options de barrière et les options traditionnelles est que les options de barrière ont un niveau de prix prédéterminé qui, s’il est violé, activera l’option ou le désactivera. Il existe deux types d’options de barrière: les options de mise en place et des options de bas.Les options de mise en place s’activent lorsque le prix de la marchandise sous-jacente dépasse le niveau de prix prédéterminé, tandis que les options à la baisse s’activent lorsque le prix de la marchandise sous-jacente tombe en dessous du niveau de prix prédéterminé. Les options à barrières constituent une couverture possible contre les retournements de tendance. Elles sont importantes dans les produits de base car elles offrent aux investisseurs un moyen de gérer les risques et de diversifier leurs portefeuilles d’investissement. En fixant un niveau de prix prédéterminé, les investisseurs peuvent limiter leur risque de baisse tout en tirant parti des mouvements de prix dans les produits. De plus, des options de barrière peuvent être utilisées pour profiter de la volatilité des prix des matières premières, ce qui peut entraîner des bénéfices importants pour les commerçants. Ici, les commerçants sont les experts qui vendent le cacao de nos parents. En signant les contrats, le conseil café-cacao exige la possibilité de renégocier ce contrat ou ajouter une prime au-delà du seuil fixé, laquelle prime varie en fonction de l’écart entre le cours au comptant et le cours à terme fixé entre les deux parties.
professeur Proa Yao Séraphin 

Akondanews.net

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