RDC – Walikale : Rupture totale de médicaments dans les aires de santé de Ntoto et Kimua, la population abandonnée à elle-même

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Walikale, 19 mai 2025 – Dans le territoire meurtri de Walikale, situé dans la province du Nord-Kivu, les aires de santé de Ntoto et de Kimua, relevant de la zone de santé de Kibua, font face à une rupture totale de stocks de médicaments, plongeant la population dans une crise sanitaire alarmante.

Les témoignages recueillis par Akondanews.net auprès des autorités locales et sanitaires révèlent un calvaire médical sans précédent, aggravé par l’afflux massif de déplacés et l’isolement logistique dû à la guerre menée par le M23.

Des structures médicales à l’agonie

À Kimua, dans le groupement Waloa Yungu, le centre de santé local est submergé par des dizaines de familles déplacées, venues principalement du territoire voisin de Masisi, fuyant les violences du M23. Selon Bisika Bwira, secrétaire administratif du groupement, les cas de paludisme et de diarrhée se multiplient, sans que les structures puissent offrir un traitement adéquat. La situation est critique :

« Nous n’avons plus aucun médicament essentiel. Même les plus courants comme le paracétamol ou les antidiarrhéiques sont introuvables. »

Même situation à Ntoto, dans le groupement Waloa Uroba, où Barthelemy Mulengezi Luc, président du comité local de santé, dénonce l’impossibilité de soigner les malades. Les infirmiers ne peuvent que rédiger des ordonnances, obligeant les patients à se tourner vers les pharmacies privées, inaccessibles à la majorité des habitants, souvent sans ressources et éloignés des centres urbains.

Une zone totalement isolée

Traditionnellement, les structures sanitaires de Kibua s’approvisionnaient à partir de Goma, chef-lieu de la province. Mais aujourd’hui, les routes sont coupées, les convois médicaux impossibles, et l’insécurité omniprésente. La guerre du M23 a non seulement empêché les livraisons, mais aussi entraîné le pillage du Bureau Central de Zone (BCZ) lors de la dernière incursion rebelle.

Contacté par Akondanews.net, le médecin chef de zone de Kibua, Dr Yves Tsongo, confirme l’ampleur de la crise :

« Toute la zone de santé de Kibua est concernée. Nous faisons de notre mieux pour relancer les circuits d’approvisionnement, mais la réalité sécuritaire et le manque d’axes praticables freinent toutes les initiatives. »

Une population abandonnée à elle-même

Dans cette région enclavée, où les conflits ont fragilisé toute forme de service public, la santé devient un luxe inaccessible. Les personnes déplacées, déjà traumatisées par la guerre, doivent maintenant affronter la maladie sans soins, dans des conditions d’hygiène précaires, sans eau potable ni alimentation adaptée.

Les ONG humanitaires présentes dans la région tirent également la sonnette d’alarme : l’effondrement du système de soins dans les zones de conflit menace de provoquer une crise sanitaire majeure, avec un risque accru d’épidémies.

Appels à l’aide et attente d’une réponse d’urgence

Face à cette situation désespérée, les chefs locaux et les acteurs de la société civile appellent le gouvernement congolais, les agences de l’ONU et les partenaires internationaux à :

• Acheminer des kits médicaux d’urgence par voie aérienne ou alternative ;

• Assurer la protection humanitaire des zones de santé, souvent livrées à elles-mêmes ;

• Redéployer les services de santé publique, même en zone de conflit.

La population de Ntoto, Kimua, et plus largement de Kibua, ne demande pas l’impossible : seulement le droit fondamental de recevoir des soins médicaux, même en temps de guerre.

Akondanews.net continuera à suivre la situation sur le terrain et à donner la parole aux communautés abandonnées.

Contact rédaction : info@akondanews.net

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