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“Même les plus forts ont parfois besoin d’une leçon de sagesse.” Ce récit, simple en apparence, dépeint en profondeur les dynamiques du pouvoir, de la confiance et des choix moraux que nous sommes souvent amenés à faire dans la vie. Derrière l’image du lion piégé et du mouton compatissant se cache une vérité universelle : la force n’est rien sans la sagesse et la justice.
Le lion, symbole de puissance et de domination, se retrouve piégé, vulnérable, dépendant du bon cœur d’un être qu’il considère inférieur. Le mouton, faible et prudent, hésite mais cède finalement par compassion. C’est là que tout se joue : la frontière mince entre la bonté et la naïveté. Trop souvent, dans notre monde, la bonté est perçue comme une faiblesse, un défaut qui rend les plus généreux vulnérables à l’ingratitude des puissants.
La réaction du lion une fois libéré est révélatrice d’une nature dévorée par l’instinct, incapable de se souvenir des promesses faites sous la contrainte. Il illustre ces figures d’autorité qui, une fois sorties de leurs tourments, oublient les mains tendues, les promesses, et surtout les principes moraux. Combien de fois voyons-nous des puissants qui, une fois sauvés de leurs propres échecs, se retournent contre ceux qui les ont aidés ?
Mais le cœur de cette fable bat surtout au rythme lent et réfléchi de la tortue. Elle incarne la sagesse, la patience et l’intelligence stratégique. Elle ne se laisse pas intimider par la force brute, ni aveugler par les discours larmoyants. Elle prend le temps d’analyser, d’observer, de comprendre avant d’agir. Dans un monde où l’immédiateté règne, où les réactions impulsives dominent les débats et les décisions, la tortue nous enseigne l’importance de la réflexion et du courage moral.
Sa décision de piéger à nouveau le lion n’est pas un acte de vengeance, mais de protection. Elle comprend que céder aujourd’hui à l’injustice, c’est ouvrir la porte à plus de malheurs demain. Cette sagesse nous rappelle un principe fondamental : le mal prospère non pas à cause des mauvaises actions des méchants, mais par le silence et l’inaction des bons. En refusant de soutenir l’injustice, même par peur ou par intérêt, la tortue protège non seulement le mouton mais toute la communauté.
Ce récit résonne aussi comme une critique subtile des dynamiques sociales et politiques de notre époque. Les puissants exploitent souvent la peur pour asseoir leur domination. Combien de fois voyons-nous des communautés ou des nations entières détourner le regard face aux injustices parce qu’elles ne sont pas directement concernées ? Pourtant, comme le rappelle la tortue, ce qui frappe aujourd’hui son voisin peut demain toquer à sa propre porte.
La fable soulève aussi une question essentielle sur la responsabilité collective. Face à l’injustice, devons-nous rester passifs par peur ou devons-nous agir, même au risque de déplaire aux plus forts ? La réponse de la tortue est claire : le bien commun prime sur les intérêts individuels.
En fin de compte, cette chronique nous invite à réfléchir sur nos propres comportements. Sommes-nous des moutons trop compatissants, des lions abusifs ou des tortues sages et courageuses ? Dans chaque situation d’injustice, nous avons le choix. Et souvent, c’est ce choix qui détermine non seulement notre propre avenir, mais aussi celui de notre communauté.
Parce qu’au final, même les plus forts peuvent tomber, et seul le courage guidé par la sagesse peut véritablement triompher.
ElloMarie conscience africaine, analyste politique et contributeur à Akondanews
Akondanews.net