Israël-Union africaine ou l’axe d’un retour au traité de Berlin ?

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Alors que le continent africain manifeste un certain désir de se relever après  l’épopée de la colonisation, l’Union africaine (UA) vient d’accorder le statut de membre observateur à l’Israël  dans un contexte où l’on observe une nouvelle ruée des puissances étrangères.

Plusieurs observateurs internationaux s’accordent aujourd’hui à dire que l’Afrique est le centre du monde. Et donc demeure ce gâteau précieux et convoité par les puissances étrangères. Le Golfe de Guinée, le bassin du lac Tchad pour ne citer que ces poumons importants de l’économie mondiale.

Les multiples forêts vierges et la richesse du sous-sol constituent un pôle d’attraction inévitable. La présence de nombreuses puissances coloniales plusieurs années après les indépendances et l’entrée en scène de nouvelles puissances ne relèvent pas d’un simple hasard. C’est que l’Afrique a quelque chose en elle qui intéresse.

Mais seulement, l’opinion de par le débat public et d’autres travaux intellectuels, a semblé avoir compris les enjeux qui sont ceux d’un repositionnement du continent. La dénonciation des « indépendances inachevées », la diversification des partenariats avec la prise en compte des états frères ou la mise sur pied des projets intégrateurs tels la Zone de libre-échange continental africain (Zlecaf) ont été perçus comme une volonté de doter l’Afrique de quelques instruments sur lesquels le continent pourrait se targuer.

Mais à y voir de près dans ce processus, l’on constate que la volonté affichée manque peut-être de méthode ou d’une bonne organisation. Sinon, comment comprendre qu’une institution comme l’Union africaine qui se veut être l’institution la plus forte du continent n’arrive même pas à se financer par ses Etats membres ? L’union européenne qui alloue les fonds à cette organisation aura évidemment une main mise sur elle avec pour impact, la manipulation.

D’ailleurs, avec l’Union africaine aujourd’hui, on a pu comprendre qu’il peut exister sur le continent des bons coups d’État (Tchad) et des mauvais coups d’État (Mali) ça dépend des explications et des enjeux. Et c’est justement cette organisation qui vient d’ouvrir ses portes à l’Israël comme un membre observateur.

Retour à la colonisation à visage voilé

Outre la France, le Royaume-Uni, les États- Unis qui sont enracinés dans le continent et la Chine qui s’est imposée, de nouveaux acteurs comme la Russie se sont pointés au point de susciter des conflits entre envahisseurs qu’ils sont dans certaines régions africaines. C’est le cas en Afrique Centrale pour ce qui est de la Centrafrique et au Mali pour l’Afrique de l’Ouest où Paris et Moscou affichent clairement leur ambition aux yeux des acteurs africains reconnus impuissants. Mais que recherchent ces puissances ? Sont-elles là pour le bonheur de l’Afrique ou il s’agit d’une recomposition du continent? Le scénario ressemble à une redéfinition de ce qui s’était décidé à Berlin (le traité de Berlin) au sujet du partage de la belle Afrique.

Plus loin, l’on pourrait craindre que ces différents acteurs imposent à la longue, une nouvelle configuration au continent avec la présence des  »afriques » au sein de l’Afrique ou favorise un retour au phénomène de coups d’États qui naîtraient des batailles de grandes puissances. Tout ceci, à l’invitation de l’Afrique elle même à travers l’Union africaine. Parce que l’organisation panafricaine a toujours tendu la main, il est possible et même certain qu’Israël  vienne à son tour à travers son nouveau statut, proposer des financements à l’organisation.

Il ne faut surtout pas perdre d’esprit qu’Israël est un pays des réseaux, un va-t-en-guerre,  et militairement assis. Même si quelques États boudent son entrée comme membre observateur au sein de l’Union africaine, il est clair que de par les relations que l’État juif entretient avec plusieurs nations du continent, il bénéficiera d’un soutien qui l’aidera surtout dans sa dynamique de positionnement.

L’Union africaine qu’on n’accuserait pas de vouloir une chose et son contraire, sait surtout pourquoi elle a pris une telle initiative qui risque tout de même, de saper nombreux de ses engagements. Face donc à cette ruée vers l’Afrique, la vigilance reste une nécessité.

Yves Modeste NGUE

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