Longtemps adulée par la communauté internationale pour ses choix politiques et économiques dès son accession à la souveraineté politique nationale, en 1960, la Côte d’Ivoire a été cataloguée, à un moment donné de son histoire, comme pays peu fréquentable, un «Etat voyou» et, à la limite, traitée comme un Etat paria.
En effet, suite à une élection présidentielle, en 2000, dans des «conditions calamiteuses», selon les propres mots de l’ex-président Laurent Gbagbo, toute une série d’abus et de crimes économiques qui, au lieu d’affirmer ou de renforcer la légitimité de son régime, sont venus, au contraire, le discréditer au point de qualifier le pouvoir d’Abidjan de « dérive ».
En outre, la crise politico-militaire de 2002 qui pointait la France comme soutien arrière n’a pas arrangé les choses entre l’ex-président et la France.
Il s’ensuivit alors une dégradation rapide des relations entre le pouvoir d’Abidjan et les autorités de Paris, ce qui eut pour contribua à créer un sentiment anti-français.
Néanmoins, il n’est de secret pour personne qu’au cœur de ce conflit entre les autorités d’Abidjan et celles de Paris se trouvent les enjeux des grands contrats économiques que le nouvel occupant du Palais d’Abidjan refusait de concéder «symboliquement» à la France. Pour l’Elysée, il était incompréhensible que le nouvel homme fort d’Abidjan, Laurent Gbagbo, bien connu dans certains milieux français, remette en question tous les accords et privilèges dont la France a bénéficié jusqu’ici et qu’il veuille procéder à une révision de toutes les conventions économiques.
Or, la Côte d’Ivoire qui est un pays clé de l’espace de l’Union monétaire ouest africaine (UEMOA), représente beaucoup pour la France.
En effet, ce pays abrite 1/5un cinquième de la population de la zone, soit 15 millions sur 75 millions d’habitants, concentre 1/3 des investissements réalisés dans la zone, réalise près de 40 % des recettes budgétaires totales de la masse monétaire et du PIB de l’Union et réalise 57 % des exportations et 36 % des importations (en 2000).
Par ailleurs, eu égard à cette importance sous-régionale, la France y dispose d’un stock d’investissements directs de l’ordre de 3 milliards d’euros, d’une base militaire permanente, d’un vaste réseau de coopération et de la plus forte communauté expatriée au Sud du Sahara.
Dans tous les cas, ce conflit sur fond d’intérêts économiques a profondément refroidi les relations entre la France de Jacques Chirac et la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo jusqu’au 11 avril 2011.
A cette date, en effet, la capture de Laurent Gbagbo par les forces alliées françaises et rebelles consécutive à la contestation des résultats du second tour de l’élection présidentielle vint mettre fin à une décennie de crise politico-militaire et une impasse politique qui durait depuis septembre 2002.
Aujourd’hui, tout observateur peut affirmer sans risque de se tromper que la Côte d’Ivoire a tourné cette page sombre de son histoire et qu’elle s’est résolument engagée sur la voie de la modernité avec l’accession à la magistrature suprême du Président Alassane Ouattara.
En effet, depuis 2012, la Côte d’Ivoire a fait un retour remarquable et remarqué tant sur la scène sous-régionale, continentale qu’internationale. Comme disent les Anglais « Cote d’Ivoire is back ».
Très loin sont ces temps où ses relations avec la communauté internationale étaient empreintes de méfiance.
Désormais, la Côte d’Ivoire se positionne comme une puissance diplomatique incontournable sur l’échiquier international, puissance qu’elle tire de sa prospérité économique. Pour s’en convaincre, il suffit non seulement d’observer son rôle et son influence dans la sous-région, mais encore le rythme accéléré auquel se succèdent les rencontres, conférences, missions internationales, ce qui, bien entendu, était impossible entre 2002 et 2010.
Cela est d’autant plus vrai qu’Abidjan a quasiment été plébiscité pour un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, en 2016.
En outre, il faut souligner que la mission du Premier Ministre Gon Coulibaly pour l’opération d’émission d’obligations Eurobond sur les marchés financiers européen et américain pour le financement du développement de l’économie ivoirienne s’est soldée par un succès fulgurant .
Enfin, il y a le non moindre retour de la Banque africaine de développement (BAD) à son siège statutaire à Abidjan, le 8 septembre 2014, après avoir été délocalisée en Tunisie, en 2003.
Loin d’être dû au hasard, il faut dire que ce retour au sein de la communauté internationale est la résultante de l’offensive diplomatique lancée par le président Ouattara à l’échelle mondiale qui use de son influence dans les cercles internationaux pour contribuer à ce rayonnement.
Tout compte fait, la Côte d’Ivoire peut continuer à rayonner et assumer son rôle de leader dans la Sous-région encore longtemps et qu’elle est « sur les rails et continue d’avancer, à pas résolu, vers l’émergence», mais il faut que les Ivoiriens, les jeunes notamment, ne rechignent pas à l’effort personnel et au travail bien fait, car si le Président Alassane Ouattara veut leur laisser un héritage, ce seront justement ces valeurs essentielles.
Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant
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