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Voilà exactement 20 ans qu’une tentative de coup d’État attribuée, pour faire diversion, à des « Zinzin » et « Bahéfouè » du contingent de la classe 98/2A refusant de se faire démobiliser, était perpétrée. Elle échouera pour s’installer dans la rébellion armée.
19 septembre 2022. Voilà exactement 72 jours que des soldats ivoiriens sont arrêtés et détenus dans les géôles maliennes.
Dans la gestion de cette crise juridico-diplomatique, entre explications alambiquées, black out au motif qu’il s’agit de « secret défense » et communiqués de bravade d’un pays qui ne veut rien concéder, l’État ivoirien a manqué le coche. Sa diplomatie a multiplié tellement les impairs qu’une bourde en cache une autre.
D’abord, devenant bras séculier et caisse de résonance, le pays s’est mis à la remorque de la France, pour combattre le Mali. Plus le ton montait entre Paris et Bamako, plus Abidjan faisait feu de tout bois, prenant la tête pour imposer et conduire les mesures de représailles contre le Mali et ses autorités.
En revanche, contre la Guinée et le Burkina Faso et ses autorités militaires parvenues également au pouvoir à la suite de putsch, la Côte d’Ivoire fait profil bas, recevant même, en grandes pompes, le lieutenant-colonel burkinabé Sandaogo Damiba, parce que la France caresse dans le sens du poil ces militaires qui, contrairement au colonel Assimi Goïta, ne menacent point ses intérêts.
Signe de cette collusion, la France entre en scène pour voler au secours de la Côte d’Ivoire à l’effet d’obtenir, au forceps, la libération des soldats. En effet, en marge de l’Assemblée générale de l’Onu à New York, la Cedeao, saisie par la Côte d’Ivoire, doit se réunir le jeudi 22 septembre.
Alors, Cathérine Colonna, ministre française des Affaires étrangères, rencontre, selon une indiscrétion de Serge Daniel (correspondant de RFI à Bamako), le mercredi 21 septembre les membres de cette instance sous-régionale que l’Hexagone finance pour des instructions et consignes.
Ensuite, à l’instar des rebelles ivoiriens que Blaise Compaoré a hébergés au Burkina Faso pour tenter le renversement du pouvoir de Gbagbo, Alassane Ouattara accorde le gîte et le couvert à des opposants maliens. Un d’entre eux, Ainéa Ibrahim Camara, a même franchi le rubicond en s’autoproclamant, à Abidjan le 26 février 2022, « président de la transition civile malienne ».
La Côte d’Ivoire a certes mollement condamné cet acte, mais le mal était fait. Pour les autorités maliennes, cette insurrection et la teneur de plusieurs vidéos en ligne « traduisent clairement la volonté de l’intéressé, manifestement rassuré des complicités dont il pourrait bénéficier dans un pays voisin d’où il tenait ses propos, de poursuivre son entreprise malveillante de déstabilisation des institutions de la transition ».
Et les autorités ivoiriennes leur donnent du grain à moudre. Alors que des campagnes xénophobes ont un moment fleuri, que les artistes maliens sont interdits de concert en Côte d’Ivoire, des opposants maliens restent, eux, dans les bonnes grâces du pouvoir ivoirien, qui refuse, pour leurs beaux yeux, de les extrader, maintenant ses soldats en détention.
Enfin, la Côte d’Ivoire a saisi la Commission de la Cedeao alors que les militaires ivoiriens sont traduits devant la justice malienne pour « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure du Mali ».
Et les autorités font ainsi preuve d’amnésie. Elles ont oublié que le 21 octobre 2021, le pays a été condamné par la Cour de justice de l’organisation sous-régionale à verser la somme de 1,2 milliard de nos francs à l’homme d’affaires Oumar Diawara et le remettre dans ses droits violés.
Sans aucun recours en contestation de la décision, la Côte d’Ivoire a choisi la voie de la rébellion judiciaire. Refusant donc d’exécuter ce jugement, le pays a fait condamner, le 2 décembre 2021, l’homme d’affaires à 20 ans de prison et au paiement de 50 milliards de francs CFA d’amende et 25 milliards de nos francs de dommages et intérêts.
Là aussi, c’est le bras de fer. La Cour de justice de la Cedeao a désavoué l’État ivoirien, le 4 février 2022, et l’a ordonné à exécuter sa décision, devenue définitive, de condamnation en faveur d’Oumar Diawara. Sans résultat.
Dans ce cas, la Côte d’Ivoire peut-elle un jour pair ignorer les décisions exécutoires de la Cedeao et un jour impair faire appel à cette même instance dans une affaire judiciaire traitée par un État membre!? C’est la quadrature du cercle.
Et l’État ivoirien se trouve ainsi dos au mur
M. Bally
Akondanews.net