Tentative d’évasion à Makala : « Nous ne sommes pas auteurs de cet incident », affirme le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM)

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Kinshasa, le 11 septembre 2024 – Après la tentative d’évasion de la prison centrale de Makala survenue la semaine dernière, les tensions au sein du secteur judiciaire congolais s’intensifient. Le ministère de la Justice a directement pointé du doigt les magistrats, les accusant d’être responsables de la situation chaotique qui règne dans la prison, notamment à cause des transferts massifs de personnes poursuivies. Cependant, la réaction du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) ne s’est pas fait attendre : « Nous ne sommes pas les auteurs de cet incident », ont-ils déclaré.

Réunis mercredi à Kinshasa, les membres du bureau du CSM ont exprimé leur profond désaccord avec les accusations portées par le ministère de la Justice. Selon eux, les magistrats ne peuvent être tenus pour responsables de la tentative d’évasion de la prison de Makala. Ils ont souligné qu’en dépit de la circulaire signée par le vice-ministre de la Justice, Samuel Mbemba, interdisant le transfèrement de détenus préventifs vers la prison centrale de Makala et la prison militaire de Ndolo, les actions des magistrats visent à lutter contre la criminalité croissante à Kinshasa. Ils estiment que les arrestations effectuées répondent à une exigence légale pour assurer la sécurité publique.

Le CSM a également réagi aux propos du vice-ministre de la Justice, qui accusait les magistrats de contribuer à la surpopulation des prisons. Selon le bureau du CSM, ces déclarations mettent inutilement en danger les magistrats en les exposant à la vindicte populaire, alors même qu’un cadre de concertation existe entre le CSM et le ministère de la Justice. Ce cadre, selon eux, est le lieu approprié pour traiter des questions liées à l’administration de la justice.

Les accusations à l’encontre des magistrats ne sont pas nouvelles. Lors de diverses visites dans la prison de Makala, de nombreux détenus se sont plaints d’être incarcérés pour des infractions mineures, exacerbant ainsi la surpopulation carcérale. Des témoignages dénoncent une mauvaise gestion des dossiers par les magistrats, certains détenus se retrouvant en prison pour des motifs aussi bénins qu’une dispute conjugale.

Lors d’une récente visite du ministre de la Justice à Makala, une détenue a profité de l’occasion pour exprimer la frustration des prisonniers : « Nous sommes ravis de votre visite. Nous n’avons pas besoin d’être à l’extérieur, mais cette visite nous permet de nous exprimer. Il est urgent de statuer sur le sort de nombreux détenus ici, car même pour des disputes entre mari et femme, on se retrouve en prison. Une de nos propositions est que les infractions mineures soient gérées au niveau des chefs de quartiers afin d’éviter une surpopulation due à une mauvaise gestion des dossiers par les magistrats », a-t-elle déclaré.

La situation soulève des inquiétudes parmi l’opinion publique congolaise, notamment en raison du désaccord apparent entre le ministère de la Justice, qui souhaite réformer le système, et les magistrats, qui se retrouvent confrontés à des intérêts privés, particulièrement liés à la bancarisation des frais de justice.

Raphael Lumoo, correspondant à Kinshasa

Akondanews.net

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