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La Commission des affaires sociales et culturelles du Sénat s’est réunie ce jeudi 5 juin à Yamoussoukro pour examiner trois projets de loi relatifs à l’exercice de la médecine et de la pharmacie. Présentés par le ministre de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle, M. Pierre N’gou Dimba, ces textes adoptés à l’unanimité rencontrent une vive critique de l’opinion ivoirienne qui dénonce l’ouverture des portes de l’Ordre national des pharmaciens aux ressortissants de la sous-région.
Le premier projet de loi, portant sur la déontologie médicale, vise à mettre à jour les règles encadrant la pratique médicale, en intégrant notamment les nouvelles technologies de l’information et en harmonisant les normes avec celles de la CEDEAO.
Le deuxième texte modifie les articles 13 et 14 de la loi 2015-533, en supprimant les critères de nationalité pour l’exercice de la profession pharmaceutique. L’accès à la profession est désormais ouvert aux ressortissants de l’UEMOA, tandis que les professionnels des pays tiers devront satisfaire à un principe de réciprocité.
Enfin, le troisième projet de loi modifie l’article 18 de la loi 2015-535, ouvrant les portes de l’Ordre national des pharmaciens aux ressortissants de la sous-région.
Si les membres de la Commission ont salué une réforme qui « modernise et ouvre le secteur de la santé aux dynamiques régionales », cette initiative ne fait pas l’unanimité au sein de la population. Plusieurs étudiants en pharmacie et jeunes diplômés s’exprimant sur le réseau social Facebook affirment leur inquiétude face à une ouverture perçue comme précipitée.
Prenant la parole en clôture des débats, le ministre Pierre Dimba a défendu une réforme « courageuse et conforme à nos engagements communautaires », affirmant que « la libre circulation des compétences dans l’espace UEMOA est une chance pour renforcer la qualité et la diversité des soins ».
Il a également insisté sur le fait que les conditions d’exercice restent strictes, quel que soit le pays d’origine des praticiens, et que cette ouverture ne signifie en aucun cas une dérégulation du secteur.
Les trois textes devront maintenant être présentés en séance plénière au Sénat, puis soumis à l’Assemblée nationale pour adoption définitive. En attendant, le débat reste vif dans l’opinion, où de nombreux Ivoiriens appellent à des mesures d’accompagnement pour protéger l’emploi local et garantir une intégration équilibrée des professionnels étrangers dans le système sanitaire national.
Adingra OSSEI