RDC – Beni sous tension : flambée des prix alimentaires dans le chef-lieu provisoire du Nord-Kivu

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Beni, 18 mai 2025 – Dans les marchés de Beni, les prix de plusieurs denrées alimentaires de base ont littéralement explosé, suscitant l’inquiétude croissante des ménages. Depuis que la ville abrite provisoirement le chef-lieu administratif de la province du Nord-Kivu, en remplacement de Goma, la pression démographique et les perturbations logistiques se répercutent directement sur le panier de la ménagère.

Une hausse vertigineuse et généralisée

Une enquête de terrain menée par Akondanews.net dans les marchés de Mayangose, Boikene et Pasisi révèle une augmentation brutale et généralisée des prix. Le kilo d’oignons, auparavant vendu à 3 000 francs congolais, se négocie désormais autour de 7 000 FC, soit une hausse de plus de 130 %. Le sac de 25 kg de riz est passé de 23 à 25 dollars américains, une hausse apparemment minime mais lourde de conséquences pour les foyers à revenus modestes.

Les poireaux, denrée pourtant locale, ont vu leur prix presque tripler, tandis que la mesurette d’arachides est montée de 1 500 à 2 000 FC. Même les produits autrefois accessibles sont désormais hors de portée pour une grande partie de la population déplacée ou vulnérable.

Causes multiples, conséquences sociales lourdes

Selon les commerçants interrogés, cette flambée des prix s’explique par plusieurs facteurs :

• La réhabilitation du pont Semuliki, un axe vital sur la route Beni–Kasindi, perturbe fortement l’approvisionnement.

• L’insécurité persistante dans les zones rurales et maraîchères (notamment à Eringeti, Oicha et Mbau) empêche les agriculteurs d’accéder à leurs champs ou de transporter leurs récoltes.

• L’afflux massif de déplacés vers Beni, devenu centre administratif temporaire, exerce une pression accrue sur les ressources disponibles.

« Nous recevons chaque jour de nouvelles familles fuyant les violences. La demande augmente, mais l’offre diminue à cause des routes coupées et des champs abandonnés », explique un commerçant du marché central de Beni.

Une ville au bord de l’asphyxie économique

La situation actuelle met en évidence la vulnérabilité structurelle de Beni, qui n’a pas les capacités logistiques et économiques pour absorber un afflux administratif et humain de cette ampleur. L’absence d’un plan d’urgence provincial, l’inefficacité de la régulation des prix, et la désorganisation du transport rural contribuent à fragiliser davantage une population déjà éprouvée par des années de conflits armés.

Dans certains quartiers, les tensions sociales montent, des voix s’élèvent contre la spéculation et l’inertie des autorités locales.

Quelles réponses attendues ?

Face à cette crise, la population attend des mesures urgentes et concrètes :

• Stabilisation des axes routiers, notamment la remise en service rapide du pont Semuliki ;

• Subventions ciblées ou contrôles de prix sur les denrées de base ;

• Renforcement de la sécurité dans les zones agricoles pour relancer la production vivrière ;

• Soutien humanitaire aux déplacés et familles en grande précarité.

Sans intervention rapide, le spectre d’une crise alimentaire locale se dessine, menaçant la stabilité de cette ville déjà sous pression permanente.

Akondanews.net reste mobilisé pour suivre l’évolution de la situation dans le Nord-Kivu et relayer les voix des citoyens de Beni, qui appellent aujourd’hui à l’écoute, à l’action et à la solidarité.

La rédaction

Contact presse : info@akondanews.net

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