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Le procès de Charles Onana, prévu du 7 au 10 octobre 2024 à Paris, ne concerne pas uniquement le journaliste et politologue franco-camerounais. Il est un symbole de lutte pour la vérité, pour les millions de victimes congolaises dont les souffrances sont trop souvent occultées par les manœuvres politiques et diplomatiques. Il est également, d’une certaine manière, la suite d’une longue bataille pour la justice, dans la lignée des figures courageuses telles que Pierre Péan, journaliste d’investigation reconnu pour sa quête inlassable de vérité.
L’œuvre de Charles Onana, notamment son livre « Holocauste au Congo », l’omerta de la communauté internationale, a levé un voile sur les crimes atroces commis en République Démocratique du Congo (RDC). Ces crimes, souvent éclipsés par l’histoire officielle qui se concentre sur le génocide rwandais de 1994, sont aujourd’hui la raison pour laquelle Onana est traîné devant les tribunaux. Comme Émile Zola en son temps, qui avait pris la défense d’Alfred Dreyfus avec son fameux « J’accuse », Onana dénonce avec force les crimes commis par le régime de Paul Kagame et ses alliés, accusant le président rwandais de massacrer les populations congolaises pour piller les ressources du pays. Ce procès ressemble, en effet, à une tentative de musellement de cette voix dissidente.
Les accusations portées contre Onana vont au-delà de simples débats académiques ou journalistiques : elles touchent au cœur même de l’histoire moderne de l’Afrique des Grands Lacs, une région marquée par des violences inouïes, mais où les responsabilités sont souvent éclipsées ou détournées. Ce procès met en lumière le silence complice de la communauté internationale face aux crimes perpétrés en RDC, où plus de 15 millions de personnes ont perdu la vie, tandis que les ressources naturelles du pays continuent d’être pillées dans l’indifférence quasi générale.
L’accusation de « négationnisme » portée contre Charles Onana est non seulement infondée, mais elle trahit également la difficulté, pour ses détracteurs, de répondre aux vérités dérangeantes qu’il expose. Onana est loin d’être un négationniste. Il est un panafricaniste et un défenseur de la dignité africaine, dont l’engagement s’inscrit dans une volonté de mettre en lumière la souffrance des victimes congolaises, oubliées des grands récits historiques.
Ce procès n’est pas seulement celui de Charles Onana. C’est aussi le procès d’une certaine vision du journalisme, celle qui refuse de se plier aux diktats de la diplomatie ou des intérêts économiques. Onana suit la trace de Pierre Péan, qui avait, lui aussi, courageusement défié les narratifs officiels en remettant en question le rôle de la France dans le génocide rwandais. Aujourd’hui, Onana reprend le flambeau de cette quête de vérité, et son procès résonne comme une deuxième mort de Pierre Péan, ce grand journaliste d’investigation qui avait fait de la recherche de la vérité son seul guide.
Les fils et filles du Congo, ainsi que tous ceux qui se battent pour la vérité, doivent soutenir Onana. Le silence face à son procès serait une forme d’acquiescement aux injustices et aux crimes commis contre les populations congolaises. Ce n’est pas seulement Charles Onana que l’on tente de faire taire, c’est la voix des victimes, celle des femmes violées, des enfants déplacés, des hommes tués, tous sacrifiés sur l’autel des intérêts géopolitiques et économiques.
La communauté internationale peut-elle continuer d’ignorer les crimes commis en RDC sous couvert de stabilité régionale ou d’intérêts économiques ? Ce procès est un test pour la liberté de la presse, pour la justice, et pour la mémoire collective des millions de victimes qui méritent qu’on leur rende justice.
Charles Onana, comme Pierre Péan avant lui, continuera d’incarner cette tradition du journalisme indépendant, déterminé à révéler la vérité, même au prix de sa liberté. Dans 100 ans, nous nous souviendrons de lui comme un vaillant défenseur de la justice pour le peuple du Kongo. Mais pour l’instant, le combat continue.
La rédaction d’Akondanews