Lecteur Audio
Getting your Trinity Audio player ready...
|
L’actualité fort saisissante ces dernières semaines en Afrique et ailleurs, illustrent avec une clarté saisissante les multiples défis auxquels nos nations sont confrontées. Que ce soit en République démocratique du Congo (RDC), au Zimbabwe ou encore au sein des instances internationales, un constat s’impose : la quête de stabilité et de prospérité reste un objectif commun, mais semé d’embûches.
En RDC, la mission des Nations Unies pour la stabilisation du pays (MONUSCO) est de plus en plus remise en question. La visite de Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint des Nations Unies en charge des opérations de maintien de la paix, a fait ressurgir des frustrations profondes. Alors que l’insécurité continue de ravager l’est du pays, les Congolais expriment leur ras-le-bol face à une mission qu’ils jugent inefficace. Les promesses d’une action renforcée peinent à convaincre, tandis que le soutien de Lacroix à la mission de la SADC semble encore insuffisant pour inverser le cours des événements. Peut-on réellement croire à une amélioration de la situation sans une réforme profonde du mandat onusien et une implication plus directe des forces régionales ?
Au Zimbabwe, la crise alimentaire impose des décisions difficiles. L’annonce faite par le gouvernement d’abattre 200 éléphants pour nourrir une population frappée par la sécheresse illustre l’urgence alimentaire à laquelle est confrontée le pays. Toutefois, cette décision soulève des questions éthiques et économiques. Certes, il y a une urgence humanitaire à traiter, mais peut-on sacrifier une partie de la biodiversité du Zimbabwe pour résoudre temporairement un problème qui mérite des solutions à plus long terme ? Les voix critiques, notamment celles des organisations environnementales, rappellent l’importance du tourisme dans l’économie zimbabwéenne. En ébranlant cet équilibre fragile, le gouvernement risque de compromettre une source vitale de revenus pour les années à venir.
Pendant ce temps, en RDC, sur un autre front, des réformes fiscales importantes ont été entérinées avec la signature de deux conventions sous l’égide de l’OCDE. Ces accords visent à lutter contre l’évasion fiscale et à maximiser les recettes publiques. Alors que la RDC perd des milliards de dollars chaque année à cause des pratiques abusives des multinationales, ces réformes apparaissent comme un pas en avant vers une gestion plus transparente des ressources du pays. Pourtant, la mise en œuvre de ces réformes reste un défi de taille, dans un pays où les intérêts économiques privés s’opposent souvent à ceux de l’État. L’efficacité de ces mesures dépendra largement de la volonté politique et des moyens mis en place pour les appliquer.
Ces événements, bien que disparates, traduisent un même besoin fondamental : celui d’une gouvernance plus résiliente, capable de répondre à la fois aux urgences immédiates et aux défis structurels de long terme. Que ce soit en matière de sécurité, d’alimentation ou de finances publiques, l’Afrique se trouve à la croisée des chemins, entre mesures d’urgence et réformes nécessaires pour construire un avenir plus stable et prospère.
Alors que les pressions internationales et internes augmentent, il est plus que jamais essentiel que nos dirigeants prennent des décisions éclairées, qui tiennent compte des conséquences à long terme, tant pour la population que pour l’environnement et l’économie. La question reste ouverte : sauront-ils saisir cette occasion pour renforcer les fondations de nos sociétés, ou continuerons-nous à osciller entre crise et réparation temporaire ?
Claude GBOCHO