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Chaque fois que l’on évoque les relations entre la France et l’Afrique, une phrase revient souvent : « Nous sommes liés par l’histoire. » Mais, à bien y réfléchir, quelle histoire partageons-nous réellement ? Celle d’un passé glorieux et fraternel ou celle d’un long cortège de souffrances infligées aux peuples d’Afrique au nom de la conquête, de la domination et de la supériorité supposée d’une civilisation sur une autre ?
Regardons les faits. L’histoire qui lie la France et l’Afrique est une histoire de blessures profondes :
- L’esclavage, institutionnalisé par les puissances européennes, a arraché des millions d’hommes, de femmes et d’enfants à leur terre natale pour les réduire à l’état de marchandises.
- La colonisation, sous couvert de civilisation, a pillé les richesses du continent, détruit des cultures et brisé des sociétés entières.
- Le néocolonialisme, qui perdure aujourd’hui sous des formes plus subtiles, maintient l’Afrique dans une dépendance économique et politique vis-à-vis de ses anciens colonisateurs.
- Les assassinats des leaders africains comme Patrice Lumumba, Thomas Sankara ou encore Sylvanus Olympio rappellent que chaque tentative d’émancipation africaine a été violemment réprimée.
Alors, quand on entend que l’Afrique et la France sont liées par une « belle » histoire, on est en droit de se demander : où est cette beauté ?
Ce n’est pas une fatalité de rester prisonniers de ce passé douloureux. Mais pour avancer, il faut regarder la réalité en face et cesser de répéter des discours formatés qui enjolivent une histoire d’exploitation. L’Afrique doit se libérer des chaînes mentales du néocolonialisme et bâtir son propre avenir en se réappropriant sa mémoire.
Cela commence par éteindre les écrans qui nous bombardent de récits édulcorés et ouvrir nos esprits à une réflexion critique. Les générations actuelles doivent comprendre que l’histoire n’est pas immuable. Elle peut être réécrite, mais uniquement par ceux qui ont le courage de la regarder sans détour et de remettre en question les récits dominants.
« Éteignons nos TV et allumons nos cerveaux », comme le dit si bien l’auteur de cette réflexion. Ce n’est qu’en prenant conscience des vérités historiques que les peuples africains pourront se réapproprier leur destin. La souveraineté politique, économique et culturelle ne viendra pas de l’extérieur, mais d’une Afrique consciente de sa richesse et de son potentiel.
Il est temps que l’Afrique cesse d’être spectatrice de son propre avenir et devienne pleinement actrice de son histoire. Et pour cela, la première étape est d’allumer nos esprits.
Ello Marie, conscience africaine, analyste politique et contributeur à Akondanews