Lecteur Audio
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Le samedi 7 septembre dernier, s’est tenu au siège du Front populaire ivoirien (FPI), la 3ème session ordinaire du Comité central du Parti, lequel a salué l’appel de Bonoua et déclaré « préjudiciable, sans objet et caduc », le partenariat politique qu’il entretient depuis peu d’avec le RHDP. Pascal Affi N’guessan, président du FPI est sommé de le notifier au président du RHDP et d’en informer le Congrès les 8 et 9 novembre prochain. Une rupture qui s’apparente donc à un cataclysme dans le marigot politique ivoirien et qui redistribue les pièces du puzzle.
A l’aune des élections présidentielles d’octobre 2025 en Côte d’Ivoire, les alliances « naturelles » ou « contre nature » entre les formations politiques ivoiriennes, se nouent et se dénouent au gré des intérêts stratégiques des partis, mais surtout, au regard des enjeux que représente le prochain scrutin présidentiel. Le FPI de Pascal Affi N’guessan, en tirant les leçons de son partenariat politique avec le RHDP, parti au pouvoir en Côte d’Ivoire, laisse entendre à travers le communiqué final de son Comité central du samedi 7 septembre dernier, que le régime d’Abidjan n’en a cure de l’épineuse problématique de la Réconciliation nationale et entend profiter du schisme entre les Ivoiriens pour se maintenir aussi longtemps au pouvoir.
Le FPI, dans sa volonté manifeste d’exister dans le marigot politique ivoirien, ce, après ses nombreuses débâcles aux différentes élections locales et de vouloir sous fond de « haine » freiner l’élan de mobilisation et d’implantation du PPA-CI de Laurent Gbagbo, a cru bon de « pactiser » avec le RHDP, le parti au pouvoir, autour d’un projet ambitieux axé sur la réconciliation nationale et une alliance électorale dans lequel espérait-il gagner quelques postes électifs au soir des élections municipales et régionales.
« Les accords électoraux se feront au cas par cas (…) Tous les schémas sont possibles. Etant donné que c’est un scrutin de liste, ce seront des listes communes dirigées par le RHDP dans certains cas et le FPI dans d’autres cas, en fonction des négociations. Là où il n’y aura pas de consensus, on ira aux élections » dixit Pascal Affi N’Guessan à la veille des élections locales de 2023.
Au bilan, le RHDP est resté égal à lui-même, en se servant de l’ex appareil politique de Laurent Gbagbo, pour gagner du terrain et pour débaucher des cadres et des militants du FPI aux mains de Pascal Affi N’guessan. En d’autres termes, le RHDP a réussi avec Affi N’guessan à achever la déstructuration du FPI et à le vider de sa « substance ».
Scellé le 2 mai 2023, à l’aube des élections municipales et régionales, le partenariat entre le FPI et le RHDP, considéré très tôt à l’époque par Pascal Affi N’guessan d’ « historique » ce, dans sa ferme volonté de survie politique face à un PPA-CI curieusement débout dans le marigot politique ivoirien, le partenariat politique, cher au FPI n’a en réalité fait le lit de la disparition programmée et orchestrée du Parti socialiste, au seul profit du Parti Libéral au pouvoir dans le pays, le RHDP, qui n’entend rien donner et céder à l’opposition ivoirienne.
Le FPI de Pascal Affi N’guessan, « roulé dans la farine », laisse entendre au cours de son 3ème Comité central qu’: « à l’occasion des élections locales, le RHDP a exploité à son profit exclusif le principe de « nécessité » occasionnant la perte à son profit de deux (2) Mairies (Bongouanou et Agou) et d’un (1) poste de député (Bongouanou commune). En outre de hauts Responsables du RHDP n’éprouvent aucune gêne à organiser des cérémonies de débauchage des militants du FPI, comme cela a été constaté dans le Guemon ».
L’amer constat de la duplicité du RHDP, donne à ce jour du crédit aux nombreux ivoiriens et aux observateurs de la politique ivoirienne qui considéraient l’accord, de « partenariat de dupes » dans lequel, selon Konaté Navigué, cadre politique au PPA-CI, « Affi se saborde ».
Pascal Affi N’guessan, à travers le partenariat d’avec le RHDP d’Alassane Ouattara, loin d’espérer apporter une touche socialiste à une gouvernance dite « inhumaine », « déshumanisante » et « asociale » en cours aux bords de la lagune Ébrié, espérait en réalité donner du souffle à sa formation politique grâce à d’éventuelles nominations de certains de ses cadres, à des postes ministériels ou centraux dans le pays.
« Plus le gouvernement sera ouvert, moins il y aura de tensions politiques, mieux nous pourrons faire avancer les questions qui sont d’intérêt commun » dixit Affi N’guessan, quelques mois plus tôt, si une proposition de nomination à un poste ministériel lui était faite.
Par ailleurs, le désintérêt profond du RHDP pour un réel partenariat avec le FPI, fait tomber les écailles des yeux d’Affi N’guessan et nombre de ses camarades qui ont si tôt pris conscience à la suite des Ivoiriens, que la Réconciliation nationale, gage « de paix, de stabilité et de renaissance de la Côte d’Ivoire » est depuis plusieurs années reléguée aux calendres grecs par le régime d’Abidjan, ainsi que par plusieurs cadres du RHDP.
« Le Comité central regrette la disparition depuis le 17 octobre 2023, du Ministère en charge de la Réconciliation nationale et que la question de la Réconciliation nationale ne soit plus à l’ordre du jour dans l’agenda du Gouvernement comme ne cessent de le rappeler les leaders du RHDP, certains traitant de « futlités » les demandes émanant de l’opinion en faveur d’une consolidation du processus de réconciliation nationale », a affirmé le FPI au cours de la 3ème session ordinaire de son Comité central, présidé par Pascal Affi N’guessan.
Et de déplorer le refus du RHDP « opposé au projet de séminaire national sur « le bilan et les perspectives de la réconciliation nationale proposé par le FPI, qui aurait permis de consolider le processus de réconciliation nationale et de créer les conditions d’élections libres, apaisées et démocratiques en 2025 ».
Par ailleurs, contre toute attente, la rupture du partenariat entre le FPI et le RHDP, du moins, le projet de rupture du partenariat contre nature, souhaité par le Comité central du FPI, fait des vagues au sein des « Frontistes » qui, hier héritaient l’« enveloppe vide » de Laurent Gbagbo, obligé par une crise savamment entretenue par Pascal Affi N’guessan au sein du FPI, de mettre en place une nouvelle formation politique pour la reconquête et l’exercice du pouvoir d’Etat. Des cadres, à l’instar de Dago Godé Pierre, Vice-président du FPI en charge des questions liées à la justice et aux institutions, soutiennent à volonté le partenariat et propose dans la foulée son renforcement.
« …Pour nous, c’est un partenariat stratégique à renforcer pour les prochaines élections présidentielles et législatives. Le président AFFI N’GUESSAN, dont le mandat à la tête du FPI est terminé, s’est octroyé un an supplémentaire. C’est un problème de gouvernance interne quand un parti politique n’est pas capable de tenir les échéances qu’il s’est données pour renouveler ses instances et ses organes » déclarait Pierre Dago Godé dans un média local.
En d’autres termes, le FPI est dans une énième tourmente qui, cette fois, risque de l’effacer de l’échiquier politique Ivoirien. Entre crise de légitimité, de ligne politique et de gouvernance, le FPI de Pascal Affi N’guessan tâtonne et se cherche un allié rassurant pour se maintenir dans le jeu politique ivoirien.
Le ver dira t-on est dans le fruit, le « démon » sont de retour au FPI. Perspicace, Pascal Affi N’guessan se félicite de l’appel de Bonoua de Laurent Gbagbo et entend «prendre position au moment opportun. »
« Le Comité central se félicite de ce message du président Laurent Gbagbo qui traduit une volonté d’ouverture et d’apaisement des relations au sein de l’opposition et de la Société civile, et de rassemblement. (…) Le Comité central prend acte de l’esprit d’ouverture et de la volonté de rassemblement manifestés par différentes personnalités de l’opposition, appelle à la cohérence et à la cohésion et se réserve de prendre position au moment opportun. »
Le tout, pour se donner de la contenance et se donner du Temps pour mieux apprécier l’offre politique de l’appel de Bonoua qui, pourrait lui servir de bouée de sauvetage face à une « dissidence » incongrue ou légitime, susceptible de sonner à jamais son glas.
Le FPI saura t-il juguler sa énième crise avant la tenue de son 5ème congrès ordinaire, annoncé les 8 et 9 novembre 2024 à la Fondation Félix Houphouët BOIGNY pour la recherche de la Paix à Yamoussoukro?
Que réserve le RHDP d’Alassane Ouattara au FPI de Pascal Affi N’guessan qui, depuis peu fait un appel du pied à ses anciens camarades de lutte du PPA-CI?
Pour l’heure, sans surprise, le FPI amer et vent débout contre le RHDP, a déchiré le partenariat politique d’avec le RHDP et lorgne désormais du côté de l’appel de Bonoua pour s’assurer une survie dans le microcosme politique Ivoirien dominé par le parti au pouvoir, lequel, inflexible aux récriminations d’une opposition désorganisée et sans tête de fil.
Adingra OSSEI