Chroniques: Qu’est-ce qui motive la création de nouvelles filières dans les Grandes Ecoles en Côte d’Ivoire ?

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Le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur ne cesse de gagner en ampleur en Côte d’Ivoire. Pour rendre raison de cette situation préoccupante, on évoque généralement l’inadéquation compétences-emploi, c’est-à-dire « l’utilisation sous-optimale des compétences d’un individu dans l’activité qu’il exerce » .

Il s’agit, en d’autres termes, d’un manque de cohérence (ou appariement) entre le contenu des offres de formation (ou qualifications) et les compétences dont les entreprises ont réellement besoin.

Et même si selon la Banque mondiale le manque de pertinence des offres de formation n’est pas seul en cause pour expliquer le phénomène, deux questions s’imposent tout de même : quels principes guident le choix de création ou d’ouverture de nouvelles filières dans les structures de formation supérieure? Quels objectifs professionnels visent ces offres de formation ? Pour quels types de débouchés ?

Dans son acception la plus courante, une filière de formation, encore appelée filière d’enseignement désigne un parcours pluriannuel de formation (initiale ou continue) mettant en jeu une trajectoire type comme la « filière littéraire », la « filière scientifique », permettant à des élèves ou à des étudiants de s’orienter vers des activités, des professions différentes .

Autrement dit, c’est « un parcours pédagogique permettant d’atteindre un objectif professionnel ».

Comme dans un projet d’ouverture d’école, la création de nouvelles filières obéit à des critères bien définis car le document de projet est un « outil de référence pour les équipes d’enseignants, c’est un espace d’initiative pour faciliter la réussite des élèves et répondre à leurs besoins » .

D’abord, le but de ces nouvelles filières étant d’offrir des formations qui soient pertinentes, en adéquation avec les besoins du marché, il faut se poser deux questions clés: ces filières répondent-elles à un réel besoin tant du côté des apprenants que de celui des employeurs ? Et même si on suppose théoriquement que ces filières seront efficaces en termes d’externalité, quels dispositifs faut-il mettre en place pour favoriser l’insertion professionnelle des futurs diplômés ?

En clair, il faut faire une étude de marché exactement comme pour la création d’une entreprise où il faut effectuer cette tâche préliminaire pour comprendre le marché sur lequel on veut s’implanter.

A un moment donné de la formation au niveau du Brevet de Technicien supérieur (BTS), les filières comme l’informatique et les Ressources humaines et communication (RHCom), entre autres, sont devenues si populaires qu’on s’est demandé si des investigations préliminaires ont été menées, en amont, pour savoir s’il y avait un réel besoin dans ces filières.

Par conséquent, on s’est retrouvé avec des milliers d’étudiants issus, notamment des Grandes Ecoles, munis de ce parchemin mais incapables même d’avoir stage pour valider leur diplôme, à plus forte raison décrocher un premier emploi.

Or, selon la Banque mondiale, « Les programmes de filières courtes professionnelles ont d’habitude de meilleurs résultats sur le marché de l’emploi que les licences générales » .

Pour finir, il faut souligner qu’ouvrir de nouveaux cursus de formation offre certainement de nouvelles perspectives non seulement pour la formation des apprenants mais encore pour la satisfaction de certains besoins, parfois non-exprimés.

Toutefois, en vue d’optimiser ces filières en termes d’opportunités de débouchés pour les étudiants, il importe avant tout de faire un état des lieux, une forme de diagnostic, visant à tester, calibrer et prédire la demande et, surtout, la réaction du secteur productif en vue, au besoin, de l’impliquer étroitement dans l’élaboration des curricula et la dispensation des cours, car c’est lui qui, en dernier ressort, devra insérer tous les futurs diplômés de ces filières.

Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de L’ÉTUDIANT.

Akondanews.net

 

 

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