Chroniques: Le sens des priorités comme compétence essentielle

Pour minimiser les risques d’erreurs lors du processus de recrutement, les recruteurs et autres chasseurs de tête n’hésitent pas à faire de la surenchère en multipliant les compétences que les candidats potentiels doivent posséder, en mettant un point d’honneur sur celles acquises en milieu professionnel. Ils y mettent tellement l’accent qu’ils en sont arrivés à oublier une dont l’acquisition n’est pas nécessairement liée à une quelconque expérience professionnelle mais qui n’est pas moins cruciale. Il s’agit du sens des priorités.
An sens courant du terme, avoir le sens des priorités, c’est avoir la « capacité à bien gérer son temps en fonction des contraintes». Le groupe de mot a pour synonyme le sens de l’organisation et de la planification.

A ce niveau, il faut le distinguo entre priorité et urgence car si la tâche urgente exige que l’on s’en occupe immédiatement, la tâche importante peut, en quelque sorte, « attendre ».
Il est certes vrai que ce qui est considéré comme prioritaire pour tel peut ne pas l’être pour tel autre étant donné que la définition de cette notion variera en fonction des intérêts, des objectifs, des valeurs, des croyances, des envies et des échéances, entre autres, de l’individu.
Par exemple, telle privilégiera la santé tandis que tel autre considérera le gain ou son travail comme étant fondamentaux.
Toutefois, avoir la capacité de hiérarchiser ses tâches et être à même de faire le tri parmi les différentes urgences, obligations quotidiennes recèle plusieurs avantages.
Primo, une bonne priorisation des tâches s’avère essentielle afin de ne pas s’éparpiller et, partant, de perdre du temps, ressource dont la plupart d’entre nous dispose en quantité extrêmement limitée, surtout lorsque l’on travaille par objectifs.
Secundo, savoir organiser son temps est « un gage de gain de temps et d’efficacité, sans compter la sérénité d’esprit qui l’accompagne »
Tertio, ne pas se laisser déborder par ses occupations est le signe que l’on peut exécuter un très grand nombre de tâches en un temps record, le tout permettant ainsi de gagner en productivité personnelle.
Quarto, pouvoir planifier son temps permet de « mieux gérer l’imprévu et appréhender le changement » étant entendu que cette « marge de manœuvre » servira à faire face à ces imprévus.
Quinto, s’attaquer aux tâches au fur et à mesure qu’elles se présentent évite de remettre au lendemain et ainsi d’éviter la procrastination, qui peut faire augmenter le niveau de stress et avoir un effet négatif sur la santé.
Sexto, en priorisant son temps et ses tâches, on peut dégager du temps pour soi et passer du temps de qualité avec les ses amis et les siens.
Néanmoins, quand on fait allusion à cette capacité, on croit généralement que c’est au monde du travail seulement qu’elle s’applique. Oh que non ! On en a également besoin dans les études plus qu’on pourrait le croire.
En réalité, cette aptitude est plus que nécessaire à l’étudiant, surtout celui qui arrive en première année, pour réussir ses études et atteindre ses objectifs professionnels.
Plus tard, il pourra s’en servir au cours d’un entretien d’embauche pour décrire dans les moindres détails comment il s’est organisé pour, non seulement obtenir son diplôme dans le temps qui lui était imparti, mais surtout comment il a pu tirer parti des opportunités d’apprentissage expérientiel en dépit de son emploi du temps le plus souvent chargé et des nombreuses « distractions » auxquelles il a su se dérober. Et là, il donnera l’image d’une personne qui a su faire prendre les bonnes décisions et faire les bons choix en accordant la priorité à ses études et tout ce qui concourt à leur aboutissement et, surtout, en sachant « faire les bonnes choses dans le bon ordre».
Pour finir, il y a lieu de souligner qu’il est « primordial de savoir faire des choix en se concentrant sur ce qui mérite d’être traité » mais que l’on saurait maîtriser cette compétence sans une réelle volonté et une certaine discipline personnelle.

Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant.

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