Arrestation d’Aziz Diallo au Niger : Une entrave au panafricanisme ou un acte de souveraineté légitime ?

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L’arrestation d’Aziz Diallo, Directeur Général de Canal+ Côte d’Ivoire, par les autorités nigériennes à Niamey, continue de susciter un vif débat sur les orientations politiques du Niger post-coup d’État. Placé en détention par la Direction de la Surveillance du Territoire (DST), cet incident remet sur la table des questions cruciales concernant la souveraineté, la liberté de circulation et les relations entre États africains.

Selon des sources, l’arrestation résulte d’une ordonnance du général Tiani, émise le 13 janvier 2025, exigeant que tout étranger sur le territoire nigérien détienne des documents de séjour ou de voyage valides, sous peine de sanctions sévères, allant jusqu’à cinq ans de prison. Bien que le Niger ne soit plus membre de la CEDEAO, cette mesure interpelle lorsqu’elle touche un ressortissant d’un État membre comme la Côte d’Ivoire. L’imposition d’une carte de séjour entre pays africains va à l’encontre des principes de libre circulation prônés par la CEDEAO et les idéaux panafricanistes que les autorités nigériennes elles-mêmes défendent dans leurs discours.

Une souveraineté à saluer ?

Si cette politique migratoire peut paraître restrictive, la décision de s’opposer aux pratiques d’entreprises étrangères comme Canal+ France pourrait cependant être saluée. Si le bouquet audiovisuel refuse de se conformer aux normes locales, son interdiction s’impose comme un acte de souveraineté légitime. Il est essentiel que les multinationales opérant en Afrique respectent les règles établies par les pays hôtes, sans imposer des standards dictés par d’autres puissances.

Un journalisme sous surveillance

Par ailleurs, le Niger semble également résolu à surveiller les acteurs médiatiques soupçonnés d’être à la solde d’intérêts étrangers. Si des journalistes utilisent leur influence pour discréditer le pouvoir en place au service d’une puissance étrangère, ils doivent répondre de leurs actes devant les juridictions étatiques. Toutefois, une telle démarche doit s’accompagner de garanties juridiques solides afin d’éviter toute dérive autoritaire et de protéger la liberté d’expression.

Un défi pour le panafricanisme

L’arrestation d’Aziz Diallo ne se limite pas à une question de conformité administrative ou de tensions économiques. Elle met en lumière une contradiction majeure dans les politiques africaines : comment concilier la souveraineté des États avec les aspirations panafricaines ? Si le Niger cherche à s’affranchir de l’hégémonie étrangère, il ne doit pas le faire au détriment de la solidarité régionale et des principes d’intégration continentale.

En définitive, cet épisode illustre les défis auxquels sont confrontés les pays africains dans leur quête d’indépendance véritable. Entre souveraineté nationale et engagement panafricaniste, un équilibre reste à trouver pour construire un avenir où l’Afrique pourra s’affirmer sans se diviser.

Abossia de Ferké

Akondanews.net 

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