Côte d’Ivoire : La BRVM et AFRICA 50 s’accordent pour développer les infrastructures

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Ce mardi 13 mai 2025, le siège de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), sis au Plateau, a accueilli la signature d’un partenariat prometteur entre cette institution financière ouest-africaine et Africa 50, une plateforme d’investissement focalisée sur le développement des infrastructures en Afrique. Cette alliance a pour objectif de concevoir des mécanismes novateurs pour stimuler les investissements dans les infrastructures de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), tout en mobilisant l’épargne locale et en dynamisant les marchés financiers de la région.

Lors de sa prise de parole, le Dr. Edo Kossi Amenounve, Directeur Général de la BRVM, a souligné l’urgence de diversifier les instruments financiers disponibles sur le marché régional. « Depuis 1998, notre marché obligataire a connu une forte croissance, avec une capitalisation supérieure à 10 500 milliards de FCFA. Cependant, il est encore largement dominé par des émissions souveraines conçues pour financer les budgets étatiques. Si nous ne changeons de paradigme, nous risquons de passer à côté d’une occasion essentielle de financer des projets d’envergure tels que les infrastructures, le développement industriel, ou le logement », a-t-il averti.

Le Dr. Amenounve a salué les récentes innovations, notamment les émissions vertes (GSS) et les opérations de titrisation d’actifs, tout en soulignant la nécessité de renforcer cette dynamique. « Ce partenariat avec Africa 50 permettra de mobiliser l’épargne locale et d’offrir des instruments novateurs aux investisseurs. Nous devons soutenir les efforts actuels et étendre ces solutions à d’autres régions africaines, comme le Nigeria ou le Maroc », a-t-il ajouté, rappelant l’envergure panafricaine de cette initiative.

Alain Ebobissé, Directeur Général d’Africa 50, partage cette vision en soulignant la gravité du déficit infrastructurel en Afrique, estimé entre 130 et 170 milliards de dollars annuels. « Les gouvernements ne peuvent plus assumer seuls ce poids. Le secteur privé doit être au cœur de la solution, ce qui correspond précisément à notre mission : structurer des projets rentables et mobiliser l’épargne africaine », a-t-il déclaré.

Il a présenté les trois axes stratégiques d’Africa 50 : le développement de projets, l’investissement en fonds propres, et la mobilisation de capitaux. « Notre fonds Africa50 Infrastructure Acceleration Fund a déjà recueilli 500 millions de dollars, avec la participation de fonds souverains, de pensions, et d’assureurs africains. C’est une première historique prouvant que l’Afrique peut s’appuyer sur ses propres ressources », a-t-il affirmé, citant des contributeurs comme le Fonds souverain du Nigeria ou la CDG du Maroc.

M. Ebobissé a également mis en lumière l’approche innovante du recyclage d’actifs, comme démontré par le projet du pont de Gambie. « Après sa construction financée par des fonds publics, nous avons cédé cet actif à des investisseurs privés, permettant à l’État de récupérer des liquidités pour de nouveaux projets. Cette méthode favorise un cercle vertueux et minimise les risques pour les investisseurs », a-t-il expliqué.

Les deux dirigeants ont insisté sur la tangibilité de ce partenariat. « Nous ne signons pas un protocole pour l’archivage. Nous avons déjà des transactions en perspective, telles que l’émission de project bonds sur la BRVM. Le but est de prouver rapidement l’impact de cette collaboration », a déclaré M. Ebobissé, sous les applaudissements des représentants de la BCEAO, de la CRPS, et des institutions présentes.

Ce partenariat s’inscrit dans un contexte où les économies ouest-africaines cherchent à renforcer leur résilience face aux bouleversements mondiaux. En alliant l’expertise de la BRVM dans la mobilisation de marchés financiers liquides et celle d’Africa 50 dans la structuration de projets d’infrastructures, cette collaboration inaugure une nouvelle ère de financement interne.

Comme l’a résumé le Dr. Amenounve : « Nous commençons par la BRVM, mais notre ambition est continentale. Ensemble, nous œuvrerons pour transformer l’épargne africaine en levier de développement durable. » Une promesse qui, si elle se concrétise, pourrait redéfinir le paysage économique et infrastructurel de l’Afrique de l’Ouest.

Serge Kpan, Correspondant à Abidjan

Akondanews.net

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