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C’est à la faveur d’un sommet de deux jours qui se referme ce 18 février dans la capitale Belge. Si la rencontre s’est donnée pour objectif de poser de nouvelles bases des relations entre les deux continents après deux décennies d’hésitations, le contexte choisit pour la refondation est émaillé par des tensions entre l’Afrique et certains de ses partenaires européens.
Le cas école est celui qui oppose désormais la France et le Mali depuis la prise du pouvoir par l’armée. Le déroulement des éventements avec leur implication au niveau diplomatique et autres ramifications ont crée un climat de tensions. D’une part, le Mali qui revendique sa souveraineté, est soutenu au plan interne et par d’autres pays du continents qui défendent la même cause. D’un autre côté, deux géants européens se rencontrent sur la scène; la France ancien colon et la Russie en quête de partenariats en Afrique. Une image dont l’impact n’est plus à négliger dans le vieux continent où chacun de ces pays souhaite défendre son hégémonie. Pourtant,
c’est un fait; l’Europe est de plus en plus critiqué par l’Afrique à cause de son maintien d’un vieux modèle colonial d’investissement dans lequel les Africains ne sont que des exportateurs de matières premières.
Cette sixième rencontre de cette nature devrait redéfinir la nouvelle forme de coopération économique entre le continent et l’Europe alors que les partenaires européens sont largement devancés en terme d’investissements par des puissances émergentes comme la Chine ou encore la Turquie qui comptabilisent d’importants projets de plusieurs milliards de dollars en Afrique et vers qui les africains se tournent progressivement. Le principal enjeu serait donc de trouver des voies et moyens pour une coopération en vue du passage à une offensive économique qui rassure. A ce titre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a promis que l’Europe mobiliserait plus de 150 milliards de dollars au cours des prochaines années pour aider à développer les infrastructures africaines.
Cependant, sur le financement du partenariat par exemple, l’Europe acceptera t-elle de mettre fin à l’hypocrisie sur ses montages financiers en faveur de l’Afrique? l’Afrique comprendra t-elle qu’il est désormais temps qu’elle construise ses instruments de financements? Voilà des questions qu’il ne faudrait pas éviter au cours des travaux après 65 ans de dénonciations de la gouvernance en Afrique. L’Afrique souhaite que l’Europe l’aide à obtenir ses droits de tirages spéciaux (DTS) auprès du Fonds monétaire International (FMI) pour la période postCovid. Ceci, dans l’optique de compléter les réserves de change officielles de ses pays membres. Par ailleurs, les projets de l’union Africaine présentés lors du Comité Technique Spécialisé (CTS) de Mars 2019, sont dans les tiroirs. Le CTS est le principal forum où les ministres africains chargés des finances, de l’économie, de la planification, de l’intégration et du développement économique, ainsi que les gouverneurs des banques centrales, peuvent discuter de questions relatives au développement de l’Afrique.
En prenant la présidence de l’UA début février, le président sénégalais, Macky Sall, rappelait que « l’Afrique a besoin d’un financement additionnel d’au moins 252 milliards de dollars [221 milliards d’euros] d’ici à 2025 pour contenir le choc de la pandémie et amorcer sa relance économique ». Il ne s’agit là que de surmonter les effets du Covid-19, pas de rattraper les retards de développement. Évoquant la question de la lutte contre le terrorisme dans le continent à la veille du présent sommet, le président en exercice de l’Union Africaine a laissé entendre que: « Si l’Afrique n’est pas en sécurité, le monde ne sera pas en sécurité ». Il s’agit d’un appel à plus de mobilisation des partenaire européens sur la question qui pourtant divise l’opinion africaine aujourd’hui sur l’incapacité de l’Afrique de répondre à la menace par ses propres moyens. Jusqu’à quand l’Union Africaine acceptera t-elle d’être financée par l’Union Européenne qui dispose d’importants moyens pouvant obstruer son fonctionnement? L’occasion fait le larron pour les dirigeants africains aujourd’hui débarqués par un mouvement soutenu par la base ( le peuple) qui clame son indépendance. Seul un nouveau visage du partenariat entre les deux parties et sagement négociés par les chefs d’État présents à Bruxelles, pourrait modifier le discours pointu incarné par la classe africaine montante.
Cette autre grand-messe intercontinentale à laquelle participent une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains, plus les 27 de l’Union européenne devrait clairement redéfinir les nouveaux termes de la coopération Europe-Afrique. Les participants échangent sur les thématiques éligibles aux fonds européens telle que le financement de la croissance ;la santé et production vaccinale ; la transition énergétique, numérique et transport ; agriculture et développement durable ; éducation, formation professionnelle, mobilité et migrations ; appui au secteur privé et intégration économique ; paix, sécurité et gouvernance.
YVES MODESTE NGUE
Akondanews.net