Il était une fois, il y a bien longtemps, dans la ville légendaire de Tombouctou, au cœur de l’Empire du Mali, une université qui allait marquer l’histoire du savoir : l’Université Sankoré.
L’année était 1324, sous le règne du Mansa Musa, un roi emblématique de l’Empire. C’est à cette époque que la première grande mosquée de Sankoré et la magnifique Jingeray Masjid à Ber ont vu le jour. Ces réalisations architecturales étaient le fruit de la vision du souverain, qui souhaitait établir une institution de formation de renommée mondiale.
Les racines de l’Université Sankoré remontaient à 988, lorsque le juge en chef de la ville, Aqib ibn Umar ibn Mahmud, posa les fondations d’une structure préexistante. Une dame locale, réputée pour sa richesse, contribua généreusement à la transformation de Sankoré en un centre d’apprentissage compétitif. Elle finança ainsi la construction de la cour de la mosquée, qui fut conçue avec les mêmes dimensions que la Kaaba à La Mecque, en respectant scrupuleusement ses mesures sacrées.
Tombouctou était déjà depuis longtemps une destination prisée des marchands venant du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Attirant de nombreux musulmans, la mosquée de Sankoré devint non seulement un lieu de culte, mais également un centre d’apprentissage florissant. Elle devint rapidement le foyer d’une riche collection de livres provenant des quatre coins du monde musulman. Les livres devinrent la marchandise la plus précieuse de la ville, et des bibliothèques privées s’épanouirent dans les demeures des érudits locaux.
Après le règne de Mansa Musa, au début du XIVe siècle, la mosquée de Sankoré subit une remarquable transformation pour devenir une madrasa, une école coranique qui rivalisait avec la fameuse Bibliothèque d’Alexandrie en termes de collection de livres. Le niveau d’apprentissage à l’Université Sankoré dépassait celui de tout autre centre islamique dans le monde. Elle pouvait accueillir jusqu’à 25 000 étudiants, et sa bibliothèque, l’une des plus grandes de son temps, comptait entre 400 000 et 700 000 manuscrits.
Le fonctionnement de l’Université Sankoré était très différent de celui des universités européennes médiévales. Dotée d’une administration centrale indépendante de l’empereur, elle ne tenait pas de dossiers d’étudiants, mais conservait plutôt les œuvres publiées par ses étudiants. L’université était composée de plusieurs écoles autonomes, où chaque étudiant était associé à un enseignant particulier. Les cours se déroulaient dans la cour de la mosquée ou dans des résidences privées.
Le programme d’études de Sankoré et d’autres mosquées de la région était divisé en quatre niveaux d’enseignement. À chaque niveau, les étudiants recevaient un turban symbolisant les connaissances qu’ils avaient acquises. Bien que l’éducation fût guidée par le Coran, elle incluait également des matières laïques, telles que la géométrie et les mathématiques, contribuant ainsi au développement d’individus bien formés et polyvalents.
Le premier diplôme d’enseignement, ou école coranique (medersa), exigeait des étudiants une maîtrise de la langue et de l’écriture arabes, ainsi qu’une connaissance intégrale du Coran. Les étudiants y étaient également initiés aux sciences fondamentales.
Le deuxième niveau, ou études générales, était entièrement consacré à l’immersion dans les sciences fondamentales. Les étudiants y apprenaient la grammaire, les mathématiques, la géographie, l’histoire, la physique, l’astronomie, la chimie, ainsi qu’une connaissance approfondie du Coran. Ils se familiarisaient également avec les hadiths, la jurisprudence et la science de la purification spirituelle selon l’Islam. Les études générales comportaient également une introduction au commerce et à l’éthique des affaires. Le jour de leur diplôme, les étudiants recevaient un turban symbolisant la lumière divine, la sagesse, la connaissance et la bonne conduite morale.
Le niveau supérieur, quant à lui, permettait aux étudiants d’approfondir leurs études en compagnie d’enseignants spécialisés, qui les encourageaient à se lancer dans la recherche. Ce niveau élevé accordait une grande importance aux débats et aux questions philosophiques et religieuses. Avant de terminer ce niveau, les étudiants devaient être reconnus par un cheik, un professeur de religion islamique, et démontrer un caractère solide.
Ainsi, l’Université Sankoré de Tombouctou brillait tel un phare du savoir, répandant ses lumières bien au-delà de son époque. L’héritage intellectuel de l’Afrique est indéniable, et les générations futures devraient s’inspirer de cette merveilleuse épopée du savoir africain pour continuer à s’élever et à grandir. Célébrons cet héritage, explorons nos histoires, et cultivons-nous vivants.
Ello De Marie ( conscience africaine, analyste politique, contributeur à akondanews)
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