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L’indépendance des États africains, proclamée avec faste dans les années 1960, est souvent qualifiée d’illusoire. Au cœur de cette illusion, les fameux accords coloniaux du 26 décembre 1959, présentés comme des instruments juridiques permettant une transition pacifique, continuent de susciter débats et controverses. Si leur existence est encore débattue, les points qui leur sont attribués soulèvent des questions fondamentales sur la souveraineté des nations africaines et leurs relations avec la France. Voici une analyse des 11 clauses qui composeraient ces accords.
1. Une dette coloniale pour rembourser la colonisation
La première obligation imposerait aux États africains de rembourser les coûts des infrastructures construites durant la colonisation, prétendument pour les préparer à l’indépendance. Ce mécanisme ressemble davantage à une tentative de maintenir un contrôle économique qu’à une démarche d’accompagnement.
2. La confiscation automatique des réserves financières nationales
Les pays africains auraient dû transférer une partie de leurs réserves financières à la Banque de France. Cela instaurerait une dépendance monétaire directe, fragilisant la souveraineté économique de ces nations.
3. Le droit de premier refus sur les ressources naturelles
Les ressources brutes ou naturelles découvertes dans les pays africains devaient être proposées prioritairement à la France. Ce droit de premier refus réduirait les opportunités d’échanges avec d’autres partenaires, limitant les marges de manœuvre économiques.
4. La priorité aux entreprises françaises
En matière de marchés publics, d’appels d’offres ou d’investissements, les entreprises françaises bénéficieraient d’un accès préférentiel, consolidant l’emprise économique de la France.
5. Le monopole militaire français
La France disposerait du droit exclusif de fournir les équipements militaires et de former les officiers de ces États. Un tel monopole empêcherait le développement d’une autonomie militaire.
6. Le droit d’intervention militaire
La France se réserverait le droit de déployer des troupes dans les pays africains pour défendre ses intérêts, violant ainsi le principe d’intangibilité des frontières et l’indépendance nationale.
7. L’imposition de la langue française
Le français serait obligatoire comme langue officielle et langue d’enseignement. Ce choix favoriserait la persistance d’une influence culturelle française, souvent au détriment des langues locales.
8. L’usage obligatoire du Franc CFA
L’utilisation du Franc CFA, dont la gestion est liée au Trésor français, renforcerait la domination monétaire de la France et limiterait la flexibilité des politiques économiques africaines.
9. La remise d’un bilan annuel des réserves
Les États africains auraient été tenus d’envoyer un bilan annuel et un rapport d’État des réserves financières à la France, rappelant la dynamique coloniale de contrôle.
10. L’interdiction d’alliances militaires indépendantes
Les pays africains ne pourraient nouer d’alliances militaires avec d’autres nations sans l’autorisation de la France, réduisant leur capacité à diversifier leurs partenariats stratégiques.
11. L’obligation de s’allier avec la France en cas de guerre mondiale
Enfin, ces accords stipuleraient que les nations africaines doivent automatiquement soutenir la France en cas de guerre ou de crise internationale, une clause qui les lie encore aux intérêts géopolitiques français.
Une Souveraineté à Reconquérir
Ces 11 points, supposément en vigueur jusqu’en décembre 2019 et théoriquement caducs depuis décembre 2020, traduisent un système bien rôdé pour maintenir une influence postcoloniale. La question est simple : pourquoi ces pratiques et leurs effets perdurent-ils, malgré l’expiration présumée de ces accords ? La réponse réside dans une réalité complexe où la dépendance économique, politique et monétaire continue de dicter les relations entre la France et ses anciennes colonies.
Réformer pour un avenir autonome
La jeunesse africaine, consciente des enjeux, est à l’avant-garde de ce combat pour une indépendance réelle. Ces accords, qu’ils soient formels ou symboliques, ne doivent plus limiter les ambitions des nations africaines. Pour cela, des réformes courageuses sont nécessaires, autant sur le plan interne que dans les relations bilatérales.
En fin de compte, la souveraineté ne se négocie pas ; elle se conquiert par une vision claire, des alliances stratégiques diversifiées et une volonté politique affirmée. Il appartient aux dirigeants africains d’en faire une priorité absolue pour bâtir un avenir libéré des chaînes du passé.
ElloMarie conscience africaine, analyste politique et contributeur à Akondanews
Akondanews.net