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Brazzaville, 1er septembre 2024 – Depuis deux ans, la République du Congo a cédé des terres agricoles au Rwanda dans le cadre d’un accord signé en avril 2022, lors de la visite du président Paul Kagamé à Brazzaville. Cet accord, qui portait sur 12 millions d’hectares de terres congolaises, soit 5% du territoire national, visait à permettre au Rwanda d’exploiter ces terres pour la production agricole destinée à l’exportation. Cependant, cette cession de terres a rapidement suscité des tensions entre les deux nations, tensions qui ne cessent de s’aggraver.
La colère monte au sein de la population congolaise, qui se sent trahie par la vente de ces terres, considérées comme un sacrifice de la souveraineté nationale. Les protestations, d’abord étouffées par les autorités, se sont transformées en manifestations de rue. Les Congolais dénoncent la manière dont ces terres, appartenant à des citoyens locaux, ont été cédées sans leur consentement. L’atmosphère est désormais électrique à Brazzaville, où l’indignation face à ce qu’ils perçoivent comme une atteinte à leur souveraineté nationale grandit de jour en jour.
Le président Denis Sassou-Nguesso, qui avait initialement perçu le Rwanda comme une victime de stigmatisation dans ses conflits avec la RDC, se retrouve désormais dans une position délicate. Les rapports entre les agriculteurs rwandais installés au Congo-Brazzaville et leurs hôtes congolais se sont fortement dégradés. Les Congolais se sentent insultés par le comportement des expatriés rwandais, qui les traitent avec mépris. Ce climat de tension a fini par s’inviter à l’Assemblée Nationale congolaise, où les élus réclament des comptes sur la vente des terres à Kigali.
La situation a atteint un point critique lorsque l’ambassadeur du Rwanda à Brazzaville a publiquement insulté ses hôtes, refusant de s’excuser. Sous la pression croissante de la rue et de l’opinion publique, le président Sassou-Nguesso se voit contraint d’envisager des mesures drastiques, notamment l’expulsion de l’ambassadeur rwandais et la rupture des relations diplomatiques avec Kigali.
Au cœur de ce conflit se trouve une question foncière complexe, rappelant le nœud des tensions historiques entre le Rwanda et la RDC. Le Rwanda, confronté à une forte pression démographique et un manque de terres arables, cherche à étendre son territoire agricole à l’étranger. Cependant, les Congolais de Brazzaville sont fermement opposés à la cession de leurs terres et demandent désormais des comptes à leur gouvernement.
La situation demeure extrêmement tendue, et les prochains jours seront déterminants pour l’avenir des relations entre Brazzaville et Kigali.
Raphael MIRURUMO, Correspondant à Kinshasa
Akondanews.net