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Le 6 juin 1963, Pierre Mulele et Théodore Bengila ont publié le « Manifeste pour la Révolution Populaire », une déclaration poignante visant à éveiller la conscience des partisans de Patrice Lumumba et à jeter les bases d’une rébellion imminente. Ce manifeste, rédigé sous forme de tract, annonce l’insurrection que les deux leaders s’apprêtent à déclencher pour combattre le néo-colonialisme et les injustices sociales dans la République démocratique du Congo.
Sous l’en-tête « Vive le marxisme-léninisme ! Vive la guerre populaire ! », Mulele et Bengila dénoncent les manœuvres colonialistes qui continuent de plonger le pays dans la misère. « Le pays est en train de mourir à cause des manœuvres colonialistes […] Beaucoup de dirigeants qui, hier, étaient vos défenseurs acharnés, ont trahi la cause du pays », proclame le manifeste. Les auteurs soulignent la nécessité de balayer toutes les traces du colonialisme et de lutter contre les traîtres au sein de la nation.
Un mois après la publication de ce manifeste, en juillet 1963, Pierre Mulele, accompagné de ses compagnons Bengila, Mitudidi, Mukwidi et Mukulubundu, s’installe dans son Kwilu natal pour concrétiser son projet de guérilla. Soutenu par les populations locales, Mulele lance une insurrection populaire, visant à sortir le peuple de la misère et à allumer la flamme de la révolution en se basant sur les enseignements reçus en Chine. Cette rébellion, connue sous le nom de rébellion des « Simba-Mulele », est l’une des plus sanglantes que la RD Congo ait connue.
Le nom de Mulele est également associé à la disparition de plusieurs officiers, dont les majors Vangu et Yossa, ainsi que le lieutenant-colonel Ebeya. En conséquence, Mulele est devenu l’homme le plus haï de la communauté nationale, considéré comme l’ennemi public n°1 à la fin des années 60. La simple évocation de son nom pouvait entraîner des poursuites judiciaires.
Le manifeste insiste sur l’urgence de lutter contre le néo-colonialisme : « Les néo-colonialistes utilisent diverses méthodes : tueries, assassinats, empoisonnements, la corruption avec des sommes colossales d’argent en dollars, la propagande mensongère par radio, journaux, tracts. […] La stratégie américaine au Congo s’appuie sur nos divisions, nos querelles, nos luttes tribales, provoquées et entretenues d’ailleurs par les sociologues et psychologues américains qui sont partout dans le pays. »
Pour Mulele et Bengila, l’indépendance véritable nécessite une lutte héroïque et implacable : « L’indépendance, si l’on la veut entière et totale, entraîne une lutte héroïque et implacable du colonisé parce que sa réalisation implique un changement radical. C’est une lutte systématique de décolonisation. Elle est dure et de longue haleine. »
Avec la sortie de ce manifeste, Mulele et Bengila espèrent rallier les Congolais à leur cause et déclencher une révolution qui, selon eux, est la seule voie vers une véritable indépendance et une justice sociale durable.
Raphael LUMOO
Akondanews.net