Somalie : Accélération du processus électoral en somalie, un impératif du président et le premier ministre somalien

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Mogadiscio, le 25 octobre 2021- Le président et le Premier ministre somaliens ont appelé à « accélérer » le processus électoral devant déboucher sur la désignation d’un nouveau chef de l’Etat, mettant ainsi fin au conflit ouvert qui les opposait depuis plus d’un mois.

Les deux dirigeants ont affiché une unité rare en annonçant jeudi soir dans un communiqué commun que, « compte tenu des retards qui affectent le calendrier électoral », ils ont « convenu d’accélérer le processus électoral, en appelant les États membres fédéraux à commencer l’élection (de la Chambre basse) du Parlement dans les deux prochaines semaines ».

Le président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, et son premier ministre Mohamed Hussein Roble se livraient depuis septembre une guerre larvée, faisant craindre une nouvelle crise dans ce pays plongé dans une impasse électorale récurrente et une insurrection jihadiste.

Les récentes tensions entre les deux hommes se sont cristallisées autour de limogeages et nominations au sein de l’appareil sécuritaire, après une enquête controversée de l’Agence des services de renseignements et de sécurité (Nisa), relative à la disparition de l’agent Ikran Tahlil.

Le 5 septembre, Mohamed Roble avait limogé le chef de la Nisa, Fahad Yasin,  un proche de Farmajo, jugeant « pas convaincante » l’enquête sur la disparition d’Ikran Tahlil, dont les conclusions mettent en cause les islamistes shebab.

Par ailleurs, le chef de l’Etat a annulé ladite décision et nommé un remplaçant de son choix après avoir promu Fahad Yasin conseiller à la sécurité nationale. Les deux hommes avaient poursuivi durant plusieurs semaines leur bras de fer jusqu’au 16 septembre où le chef de l’Etat a annoncé le gel des pouvoirs exécutifs du premier ministre, décision rejetée par ce dernier.

Toutefois, le Jeudi 21 octobre dernier, les deux protagonistes ont déclaré la fin du « duel » en privilégiant une enquête judiciaire devant situer les circonstances de la mort de Ikran Tahlil et arrêter les auteurs.

« Le conflit est terminé et la paix prévaudra pour que le pays se rende aux élections », s’est félicité jeudi soir le président de l’État du Sud-Ouest, Abdiasiz Hassan Mohamed Laftagaren, qui a assuré la médiation entre les deux hommes.

Cette énième crise au sommet du pouvoir somalien a menacé le fragile processus électoral qui doit déboucher sur la désignation d’un nouveau chef de l’Etat.

Président depuis 2017, Farmajo a vu son mandat expirer le 8 février 2021 sans avoir pu s’entendre avec les dirigeants régionaux sur l’organisation d’élections, déclenchant ainsi une grave crise constitutionnelle.

L’annonce mi-avril de la prolongation de son mandat pour deux ans avait provoqué des affrontements armés à Mogadiscio.

Dans un geste d’apaisement, Farmajo avait chargé M. Roble, son premier ministre depuis 2020, d’organiser les élections. Ce dernier était parvenu à un accord sur un calendrier électoral, avec pour horizon une élection du président le 10 octobre.

La désignation des membres de la chambre basse, dernière étape avant l’élection du chef de l’Etat dans le complexe système électoral indirect somalien, devrait désormais se tenir entre le 1er octobre et le 25 novembre, mais fort est d’admettre que le vote n’a toujours pas commencé, étant donné que les élections à la chambre haute sont encore en cours dans certains États.

Selon le système électoral somalien, les assemblées des cinq Etats ainsi que des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui à leur tour désignent le président.

De nombreux observateurs estiment que cette crise au sommet de l’Etat et l’impasse électorale détournent l’attention de problèmes plus importants de la Somalie, comme l’insurrection shebab qui secoue le pays depuis 2007.

Bien qu’évincés de Mogadiscio par la force de l’Union africaine (Amisom) en 2011, les shebab contrôlent de vastes zones rurales et mènent régulièrement des attentats dans la capitale.

Raphael LUMOO

Akondanews.net

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