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Niamey, 28 juin 2021 – Niamey, la capitale du Niger abrite, depuis ce lundi 28 juin 2021, un séminaire régional sur la gestion des conflits locaux et communautaires dans la zone frontalière du Liptako Gourma. C’est le Premier Ministre Ouhoumoudou Mahamadou qui a présidé l’ouverture de cette rencontre qui va durer trois (3) jours.
A l’initiative du Médiateur de la République du Niger, en collaboration avec les Médiateurs du Bénin, du Burkina Faso et du Mali, ce séminaire se propose de rechercher les solutions à l’insécurité que vit la région sur fond de partage d’expériences et des bonnes pratiques des Médiateurs du Burkina Faso, du Mali et du Bénin dans le but d’une bonne collaboration dans la prévention et la gestion des conflits.
Dans son intervention, le Chef du Gouvernement nigérien a indiqué que « cette initiative du Médiateur de la République est la bienvenue car elle vise à identifier les pistes de solutions à ces problèmes qui affectent sévèrement les populations de la région du Liptako Gourma ».
La présente rencontre se veut donc un cadre de concertation entre les différents acteurs de la région pour discuter de la problématique de l’instabilité dans le Liptako Gourma et un espace d’échanges libre, particulier, participatif et inclusive entre les participants afin qu’ils fassent part de leurs connaissances, expériences et suggestions, a-t-il ensuite laissé entendre.
Selon lui, c’est aussi le lieu où chacun, en ce qui le concerne, prendra conscience du rôle qu’il a à jouer dans le cadre de la stabilisation de cette zone importante pour l’économie du Niger et des autres pays qui la composent.
Situant le contexte de l’organisation de cette rencontre, le Premier Ministre Ouhoumoudou a fait remarquer qu’elle se tient à un moment où les Pays membres du G5 Sahel et les pays riverains du Lac Tchad font face à une insécurité grandissante du fait de l’activisme des groupes armés terroristes, des trafiquants et des bandits armés.
Pour le cas particulier du Niger, l’insécurité se développe sur plusieurs fronts, notamment dans la région du Lac Tchad avec les incursions meurtrières de Boko Haram, dans la zone des trois frontières (Burkina, Mali, Niger) incluant le Liptako Gourma, au sud de la Région de Maradi et au Nord de la Région d’Agadez.
« Si par le passé, ces groupes armés terroristes s’attaquaient aux cibles militaires, ce n’est plus le cas malheureusement à l’heure actuelle car, désormais, les tueries en masse des populations civiles, les assassinats ciblés des leaders communautaires et religieux, les enlèvements des personnes contre rançon, les raquettes, les vols des bétails, l’enrôlement forcé des enfants sont devenus monnaie courante », a fait savoir le Premier Ministre nigérien.
Selon M. Ouhoumoudou Mahamadou, « ces tueries et ces actes barbares ont pour conséquence de pousser les populations à l’auto-défense voire à la vendetta sur d’autres populations tout aussi civiles et innocentes du simple fait de l’appartenance de la majorité des éléments des groupes armés terroristes et bandits à ces communautés ».
Il a surtout regretté que « de vengeance en vengeance, les communautés, naguère paisibles, entrent dans un cycle infernal de conflits intercommunautaires », même si les conflits intercommunautaires et communautaires ont certes toujours existé mais autour des questions relatives à l’accès aux terres de cultures, à l’accès aux pâturages, à l’accès au point d’eau et aux foncés urbains.
Ces conflits étaient moins fréquents et moins violents du fait que les populations n’utilisaient que leurs poings où tout au plus des armes blanches. Mais, a déclaré le Chef du Gouvernement nigérien, « la prolifération des armes à feux de tout calibre rend ces conflits des plus meurtriers » en ce que les disputes s’expriment désormais en armes automatiques, très meurtrières et génératrices de conséquences économiques et sociales graves, notamment les déplacements des populations, la perturbation des circuits de productions et de commerce, ainsi que la perte du capital et du revenu des populations affectées.
Cette situation impacte négativement les efforts du Gouvernement et de ses démembrements dans leurs luttes pour la paix et le développement durables.
Aussi, a espéré le Premier Ministre Ouhoumoudou, le niveau de participation et la qualité des débats « vont nous démontrer l’intérêt particulier de vos Institutions pour la sécurité de tous », relevant déjà que, pour y faire face, « plusieurs actions ont été déjà menées par nos Etats et les partenaires au développement en termes d’offre de service et de sécurité pour ces populations victimes de représailles », reconnaissant tout de même que « beaucoup reste à faire ».
En réponse, le Médiateur de la République, Me Ali Sirfi Maiga, a assuré le Premier Ministre que « nous allons analyser en profondeur le sens de cette insécurité, partager les visions et les bonnes pratiques et jeter les bases d’un cadre permanent de suivi de cette situation ».
A ses collègues du Mali, du Burkina et du Bénin, il a indiqué que « c’est ensemble que nous pouvons éradiquer ce fléau. Unissons nos forces, car un Liptako sans djihadistes, un Liptako sans groupes armés, un Liptako sans violences est possible ».
Durant les trois jours du séminaire, les participants auront ainsi à produire un diagnostic permettant de mieux appréhender les facteurs d’instabilités dans la région du Liptako Gourma.
KPM