Sanctions contre le Burkina-Faso, le président de la Commission de la Cedeao se défend sans convaincre

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« Un putsch est toujours un recul de la démocratie, qu’il se déroule dans un pays de la Cedeao ou ailleurs. Il était donc normal que les chefs d’État de la région se réunissent en urgence pour examiner la situation du Burkina Faso. (…) Le protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance de la Cedeao, qui a été signé par le Burkina Faso, dit clairement que toute prise de pouvoir doit se faire par les urnes, à travers des élections libres, crédibles et transparentes. Il indique également que l’armée doit rester républicaine et apolitique. (…) Lorsque ces principes sont violés, des sanctions sont prises. En l’occurrence, les chefs d’Etat ont décidé de condamner le Burkina Faso et de la suspendre des instances de la Cedeao. »

A tenté d’expliquer Jean Claude Brou le président de la Commission de la Cedeap (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) la sanction prise par la Cedeao contre le Burkina Faso où le président élu, Roch Marc Christian Kaboré a été renversé le lundi 24 janvier dernier, par un coup d’Etat militaire.

Le président de la Commission Cedeao souffle le chaud et le froid en ce moment. L’Ivoirien Jean Claude Brou tente d’expliquer les mesures prises par l’institution qu’il dirige contre le Burkina Faso, en comparaison aux sanctions contre la Guinée et le Mali. Des sanctions qui, visiblement tant dans le fond que dans la forme, n’ont pas la même teneur selon le pays. Ce sont, en effet, trois coups d’Etat en 18 mois, dans la même sous-région, dans trois anciennes colonies françaises et dans trois pays ayant en commun des frontières.

Ce qui relève de l’inédit et qui rend malaisé l’exercice d’explication de texte auquel le président de la Commission de la Cedeao est invité par les populations de ces trois pays mais aussi celles de tous les pays de la sous-région.

Comparaison n’est pas raison. La Guinée a été exclue des institutions de la Cedeao et ses frontières fermées aux Etats membres. Au Mali, c’est une batterie de sanctions allant de la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la Cedeao et le Mali, la suspension de toutes les transactions commerciales, à l’exception des produits de consommation essentiels : pharmaceutiques, fournitures et équipements médicaux, ainsi que le matériel pour le contrôle de la COVID-19 et des produits pétroliers et d’électricité, jusqu’au gel des avoirs de la République du Mali dans les Banques Centrales et Commerciales de la Cedeao, la suspension du Mali de toute aide financière des institutions financières de la Cedeao (BIDC et BOAD).

Au Burkina Faso, l’institution s’est limitée à suspendre ce pays de ses instances dirigeantes, sans plus. Ce, suite au coup d’Etat qui a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, le lundi 24 janvier dernier. Donc trois coups d’Etat mais des sanctions différentes. Une situation qui révulse les populations de ses trois pays, mais aussi chez leurs voisins. Celles-ci ne comprennent rien à cette politique de deux poids deux mesures.

Les mouvements de la société civile quant à eux appellent les populations à manifester contre les dirigeants de la Cedeao. Ils parlent d’une bataille de « la Cedeao du syndicat des chefs d’Etat contre la Cedeao des populations ». « C’est parce que les gouvernements civils ont failli que les armées de ces trois pays ont pris leurs responsabilités », avancent certains leaders de la société civile. « La Cedeao ferme les yeux sur les viols de Constitution par lesquels des présidents se maintiennent au Pouvoir pour un troisième mandat en s’appuyant sur un groupe de militaires pour mater les manifestations dans le sang» », dénoncent d’autres.

Invité à se prononcer sur le recours aux coups d’Etat et l’intrusion des militaires sur la scène politique, le président du Rwanda a fait une analyse très lucide de cette situation. « Les populations préfèrent vivre avec des militaires que de mourir avec des civils élus » a caricaturé Paul Kagamé la situation que vivent les populations de la Guinée, du Mali et du Burkina Faso pays où l’armée a pris le Pouvoir pour « combattre et éliminer le terrorisme des djihadistes ».

Pour rappel, la Cedeao n’a pas décidé d’autres sanctions contre le Burkina Faso pour l’instant, mais les chefs d’État se retrouveront le jeudi 3 février à Accra pour réévaluer la situation. Cependant, l’organisation a exigé la libération du président renversé Rocj Marc Christian Kaboré.

A noter aussi que le sommet virtuel, qui a duré environ trois heures, a en outre décidé de l’envoi, samedi 29 janvier, à Ouagadougou d’une mission des chefs d’État-major des armées de la Cédéao, qui sera suivie lundi 31 d’une mission ministérielle.

Denzel Bereby

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