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Kinshasa, le 14 octobre 2024 – Depuis trois jours, une délégation militaire ougandaise (UPDF) séjourne à Kinshasa sous la conduite de M. Farid Kalisa, un diplomate non accrédité prétendument ambassadeur de l’Ouganda auprès de la RDC. Cette délégation a été reçue au Palais présidentiel le samedi 12 octobre pour des discussions avec le Chef de l’État congolais, en présence des responsables des services de renseignement et du ministre de la Défense. L’objectif de la rencontre était d’évaluer l’état de la coopération entre les FARDC et l’UPDF dans le cadre de l’opération USHUJAA (BRAVOUR), qui vise à traquer les rebelles des ADF (Forces démocratiques alliées), et d’envisager une possible extension de cette opération dans le territoire de Lubero.
Position de la société civile
Malgré les efforts conjoints des FARDC et de l’UPDF depuis le lancement de l’opération en 2021, des membres de la société civile émettent de sérieuses réserves quant à son efficacité. Un acteur de la société civile, s’exprimant sous anonymat, a confié à Akondanews.net : « L’UPDF n’a jamais réussi à éradiquer complètement les ADF dans le territoire de Beni, ni même à Mambasa, où ces terroristes continuent de semer la mort et la destruction. Nous nous demandons quelle est la motivation derrière l’empressement à déployer les troupes à Lubero, qui est moins touché par la menace terroriste, alors que le travail n’est pas fini à Beni, principal bastion des ADF. »
Le territoire de Lubero est actuellement divisé, avec 60 % sous le contrôle des RDF/M-23 et 40 % sous celui des FARDC. Si l’objectif affiché est d’empêcher la progression des RDF vers le nord, la société civile se demande pourquoi l’UPDF n’intervient pas sur ses propres frontières, à Bunagana, Ishasha et Nyamwisi, qui sont des points de passage pour les rebelles du M-23. « Pourquoi l’Ouganda permet-il aux rebelles d’utiliser son territoire comme sanctuaire, tout en prétendant aider la RDC à lutter contre eux ? » s’interroge l’acteur civil.
Risques et préoccupations
La crainte est que le déploiement de l’UPDF à Lubero puisse, en réalité, faciliter la progression des RDF/M-23, permettant à ces forces de prendre le contrôle de l’ensemble du territoire et de se projeter vers Beni en débordant par la frontière de Kasindi. Cela pourrait également asphyxier les villes de Butembo et de Beni, comme c’est actuellement le cas pour Goma et Minova. Pour rappel, le précédent déploiement des troupes ougandaises à Rutshuru et Nyiragongo, dans le cadre de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), avait permis aux RDF de progresser sans combat, facilitant ainsi leur prise de la cité stratégique de Mushaki.
Une menace toujours présente
L’opération SUJAA avait initialement été lancée en réponse à deux attentats à Kampala, revendiqués par les ADF, qui avaient causé la mort de plusieurs personnes. L’objectif de cette opération pour l’Ouganda était d’éloigner la menace des ADF de ses frontières. Toutefois, jusqu’à présent, la RDC continue de subir les conséquences tragiques de l’activisme des groupes terroristes ADF, avec des villages désertés et des populations terrorisées.
La société civile appelle à la vigilance et à une évaluation approfondie avant de permettre toute extension de l’opération SUJAA dans le territoire de Lubero, craignant que cela ne serve d’autres intérêts que la sécurité des populations locales.
Raphael Lumoo, correspondant à Kinshasa
Akondanews.net