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La province du Sud-Kivu a commémoré vendredi 1er octobre 2021, pour la première fois de manière officielle, les massacres perpétrés dans cette région de l’Est depuis 1993. Des milliers d’habitants, venus des différents territoires, se sont rassemblés au stade de l’ISP Bukavu, en vue d’accompagner le combat du docteur Denis Mukwege, le Prix Nobel de la Paix 2018 qui se bat pour obtenir la création d’un tribunal pénal international pour la RDC.
Devant une assistance assise sous des bâches, face cagoulée, ce rescapé du massacre d’Abala témoigne de ce qu’il a vécu en 1998. Il a fait le déplacement de Fizi jusqu’à Bukavu. «À l’époque, j’avais 11 ans. Des hommes en armes, avec des tenues portant des insignes du Rwanda, ont encerclé notre Eglise, et sans rien demander ils ont ouvert le feu. Ma mère m’a dit : « Debaba, couche-toi ! « . Il y avait du sang partout et des cadavres tombaient sur moi. Plus tard, j’ai constaté que ma mère était aussi morte. Dans cette Eglise, 284 personnes sont mortes et les rescapées étaient seulement au nombre de 17», a relaté le survivant des massacres.
Sur les calicots, on pouvait lire « Nous exigeons l’exhumation du rapport Mapping », « Nous pleurons nos frères et sœurs massacrés pendant les guerres dites de libération », ou encore « les victimes demandent justice ».
Homère Bulakali, l’un des députés provinciaux du Sud-Kivu, insiste sur l’importance de la création d’un tribunal pénal international. «Nous n’allons pas nous arrêter en cours de route. Notre repos, c’est quand nous aurons obtenu le tribunal pénal international pour la République Démocratique du Congo partant des premiers éléments contenus dans le rapport Mapping et que nous devons compléter par les enquêtes qui doivent être menées parce que depuis 2003 jusqu’à maintenant il y a eu des crimes, et ça continue», a martelé le parlementaire.
Au nom du gouverneur du Sud-Kivu, le ministre provincial de l’Intérieur et sécurité Théophile Migo Kiluwe rassure que « la recherche d’une paix durable, d’une justice distributive, et de la réparation des dommages causés à plusieurs compatriotes congolais constitue un cheval de bataille du président Félix Tshisekedi Tshilombo qui tient à faire de notre pays un État de droit où les violations des droits de l’homme doivent être sévèrement réprimées», a fait savoir le ministre.
Les acteurs politiques et de la société civile présents ont fustigé un certain lobby qui tend à nier et où à étouffer la vérité sur les différents massacres.
Raphaël Lumoo