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L’absence de mesures préventives dans la gestion gouvernementale sous l’administration de Félix Tshisekedi depuis son arrivée au pouvoir en 2018 est à l’origine de la crise de Congo Airways, qui a annoncé le dimanche 10 septembre l’interruption momentanée de ses activités à partir du lundi 11 septembre sur tout le territoire national. Cette décision intervient alors que la République Démocratique du Congo connaît une forte demande de trafic aérien.
Selon un communiqué de la direction de Congo Airways, dont une copie a été obtenue par la rédaction d’akondanews.net, cette interruption concerne les vols de la compagnie, qui a été créée en 2014 et qui disposait de 4 aéronefs (deux A320 et deux Q400). Actuellement, la compagnie ne dispose que d’un seul avion pour répondre aux besoins de nombreux Congolais voyageant de la capitale vers diverses destinations à travers le pays, que ce soit de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, ou du centre du pays vers d’autres villes. À l’heure actuelle, aucun avion n’est en mesure de desservir les 80 millions de Congolais, qui continuent de subir de nombreuses perturbations dans leurs voyages. Certains experts estiment que cette situation aurait pu être évitée si le plan de restriction annoncé dès 2019 avait été strictement suivi.
La société a également été entachée par des scandales. En mai 2021, à la suite d’une mission de contrôle de gestion effectuée à Congo Airways, l’Inspection Générale des Finances (IGF) a découvert des pertes et des manques à gagner d’un montant de 19,2 millions de dollars américains. Une autre enquête menée en 2022 a confirmé la persistance de pratiques douteuses malgré un changement de direction. Selon l’IGF, chaque mois, 1,5 million de dollars américains étaient détournés des fonds destinés à l’achat de carburant, pour revenir au ministère de l’Économie. Cette enquête de l’IGF révèle que ces détournements impliquaient diverses personnalités issues de différents horizons, y compris des responsables d’ONG prétendant promouvoir la bonne gouvernance.
Lors de son discours sur l’état de la nation, le Président Félix Tshisekedi avait annoncé un programme d’acquisition de huit avions neufs pour Congo Airways afin d’augmenter sa flotte. Cette annonce avait été saluée car elle donnait un nouvel élan à la compagnie nationale. Malheureusement, trois ans plus tard, aucun avion n’a été acheté pour cette compagnie nationale, qui aurait dû bénéficier du soutien de la classe politique préférant utiliser des avions de compagnies étrangères.
En janvier 2021, un communiqué de Congo Airways avait annoncé le versement d’acomptes à Embraer. Ces avions de type E19-E2 en configuration bis-classe de 96 sièges devaient être livrés en mai 2022. Toutefois, la possibilité d’une livraison fin 2021 était également envisagée, selon la direction de Congo Airways. Le coût total des commandes était estimé à 272 millions de dollars. Ces nouveaux appareils auraient dû permettre à la compagnie d’étendre son réseau de vols domestiques, régionaux et internationaux, tant pour les passagers que pour le transport de marchandises.
Une étude menée par les experts de Turkish Airlines indique que Congo Airways aurait dû disposer d’une flotte de 25 à 80 avions pour desservir efficacement l’espace aérien congolais et répondre aux besoins du pays. En 2018, la compagnie nationale n’a transporté que 400 000 passagers, alors que la population était estimée à 80 millions, soit seulement 0,5 % du total. Cette suspension des activités pourrait coûter à Congo Airways environ 40 000 dollars par jour, et la relance de la compagnie coûtera au pays au moins 33 millions de dollars américains.
Raphael LUMOO
Akondanews.net