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Les acteurs œuvrant dans la protection de l’enfant se sont réunis pendant deux jours, du 28 au 29 octobre 2025, à Beni, dans la province du Nord-Kivu, pour discuter de la problématique du recrutement et de l’utilisation des enfants par les forces et groupes armés.
Organisé par le Réseau des organisations de la société civile contre le recrutement des enfants dans les groupes armés (ROSCCRESGA), cet atelier a rassemblé des experts venus de cinq provinces : le Nord et le Sud-Kivu, l’Ituri, le Maniema et le Tanganyika.
Dans son mot d’ouverture, M. Ali Garba, chef de bureau de la MONUSCO et partenaire clé de ce forum, est revenu sur les objectifs de ces assises. Souhaitant la bienvenue aux participants, il a exprimé le vœu que les résultats de cette rencontre « aident les acteurs de protection de l’enfant à adapter leurs stratégies de lutte contre le recrutement et l’utilisation des enfants dans les zones affectées par les conflits armés ».
Durant ces deux jours, plusieurs points essentiels ont été abordés, notamment la cartographie des groupes armés et la situation du recrutement d’enfants.
Le Point focal du ROSCCRESGA au Nord-Kivu, Raphaël Musengezi, représentant le directeur du réseau à ces assises, a présenté six axes majeurs de réflexion :
1. Établir un diagnostic partagé sur l’ampleur et les tendances du recrutement d’enfants par les forces et groupes armés en 2025 ;
2. Identifier les facteurs de risque et de vulnérabilité, notamment ceux exposant les filles (déplacements, pauvreté, accès limité à l’éducation et aux soins, insécurité, etc.) ;
3. Comprendre les dynamiques et pratiques de recrutement et d’utilisation des enfants dans les cinq provinces concernées ;
4. Formuler des recommandations aux niveaux provincial, interprovincial, national et international pour renforcer la prévention, la protection et la réinsertion communautaire ;
5. Renforcer les mécanismes de coordination et d’alerte précoce entre acteurs provinciaux et nationaux de la protection de l’enfant ;
6. Examiner l’impact de la dégradation sécuritaire dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu sur la recrudescence du recrutement des enfants.
Les données compilées au terme des échanges font état de plus de 32 000 enfants encore actifs au sein d’environ 293 groupes armés dans les cinq provinces concernées.
Dans la seule province du Nord-Kivu, plus de 10 000 enfants demeurent enrôlés dans au moins 114 groupes armés. Les territoires les plus touchés en 2025 sont Masisi, Lubero et Rutshuru, où l’activité des groupes armés reste particulièrement intense.
Grâce à la collaboration entre plusieurs partenaires, plus de 8 000 enfants ont toutefois pu être démobilisés au cours de l’année 2025.
Le coordonnateur ai du P-DDRCS/Nord-Kivu, Sukisa Ndayambaje Joseph, a appelé à « la conjugaison d’efforts pour une meilleure protection de l’enfant dans le contexte de conflits persistants ».
De son côté, Kisa Kalobera Éric, représentant du gouverneur militaire du Nord-Kivu, le Général-Major Kakule Somo Évariste, a réaffirmé l’engagement du gouvernement provincial à intégrer la lutte contre le recrutement d’enfants dans le pilier humanitaire de sa gouvernance. « La protection de l’enfant nécessite des actions collectives dans un contexte de conflits armés, et cela passe par un engagement communautaire fort », a-t-il déclaré à Akondanews.net.
Parmi les participants à ce forum figuraient des représentants de la section Protection de l’enfant de la MONUSCO, de l’UNICEF, du P-DDRCS, des organisations de la société civile, ainsi que des autorités militaires et policières.
Raphaël Lumoo
Akondanews.net