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Kinshasa, le 07/03/2022.La culture du cacao est l’une des plus répandues dans la région agricole de Béni au Nord Kivu et Irumu dans la province de l’Ituri à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Mais contrairement aux années précédentes, 2021 n’a pas été à la hauteur des espérances des professionnels du secteur. L’objectif fixé par l’État congolais qui était de concurrencer la Côte d’Ivoire sur le marché mondial attendra. La faute à la dégradation sécuritaire dans la région, malgré les efforts déployés.
À Mulopya, les éclats de rire cèdent à de profondes déceptions. Phillipe Paluku est arrivé dans cette ville, il y a environ six mois. Agriculteur originaire de la province voisine de l’Ituri, il a fui les attaques qu’il attribue aux ADF, les Forces démocratique alliées, un groupe armé apparu en Ouganda et installé en RDC depuis plus de 25 ans. Aujourd’hui, ses huit hectares de cacao sont à l’abandon dans son village.
<< La brousse a envahi mes champs et ils sont en train de pourrir. Il n’y a aucun moyen d’y aller. J’ai peur, parce que ceux qui y sont retournés sont morts >>, explique-t-il.
Même les cultivateurs originaires de Mulopya n’ont plus, eux aussi, accès à leurs champs. Jackson Paluku faisait jusqu’à récemment les allers-retours entre son habitation et sa plantation de cacao située à 15 km de Kamango dans le watalinga. << Si vous cultivez, ici à Mulopya les terres sont devenues infertiles. Même si vous plantez des haricots, des arachides. Ça ne donne pas bien. C’est pourquoi on essaie d’aller de l’autre côté comme la terre est encore fertile ça nous donne des productions bien meilleures et ça parvient à sauvegarder nos familles sur le plan économique. C’est l’unique agriculture qui continue à aider les populations dans la région >>, précise Jackson.
L’insécurité met la production de cacao à l’arrêt
Désormais, l’insécurité empêche cet agriculteur de continuer son activité. La culture du cacao est apparue dans la région de Béni, à l’est de la RDC, en 2003. Depuis, les exportations n’ont fait qu’augmenter pour atteindre en 2020, 46 000 tonnes.
<< L’année 2020 nous avons exporté 46 000 tonnes, et les 46 000 tonnes récoltées proviennent des zones qui étaient sécurisées. On pouvait même aller au-delà des 46 000 tonnes si toute la région était sécurisée >>, détaille Cléophaste Paluku, le représentant de la FEC, la Fédération des entreprises du Congo dans la zone de Beni.
En 2014, deux territoires dont Beni et Urumu où sont cultivés le cacao et le Café étaient la cible des assauts présumés ADF. Un an plus tard, les quatre territoires étaient touchés. Les chiffres sont donc largement en deçà des attentes des professionnels du secteur. En 2021, la région a exporté un peu moins de 50 000 tonnes, selon la FEC mais une quantité qui n’est pas confirmée par la société ESCO qui exporte le CACAO dans la zone. En revanche, celle-ci n’a pas donné la quantité du tonnage exporté.
Raphael LUMOO
Akondanews.net