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Depuis la prise de Goma et Bukavu par les rebelles de l’Alliance des Forces Congolaises/M23 (AFC/M23) en janvier 2025, la gestion des territoires passés sous leur contrôle s’accompagne d’une fiscalité stricte. Dans ces zones de l’est de la République démocratique du Congo, la perception des taxes est devenue l’une des priorités du mouvement rebelle, au détriment du bien-être des populations locales déjà fragilisées par le conflit.
Selon une enquête menée par Akondanews.net, plusieurs services publics et administratifs sont désormais soumis à un régime fiscal imposé par les autorités de fait du M23. Dans le secteur de l’éducation, le groupe rebelle a rétabli le paiement des frais scolaires, revenant ainsi sur la gratuité de l’enseignement de base instaurée par le gouvernement congolais depuis 2019.
Un arrêté signé par l’autorité provinciale mise en place par les rebelles fixe les frais scolaires à 15 000 francs congolais par élève et par mois, alors même que les enseignants continuent d’être rémunérés par le Trésor public congolais via Mobile Money. De plus, 11 % des salaires des enseignants, soit environ 2 500 dollars américains par école, seraient perçus au titre de contributions locales.
Des sources locales affirment qu’une partie de ces fonds servirait à financer les efforts de guerre du mouvement, qui contrôle aujourd’hui près de 34 000 km² de territoire, incluant les deux chefs-lieux provinciaux : Goma pour le Nord-Kivu, où les institutions légitimes ont été délocalisées à Beni, et Bukavu pour le Sud-Kivu, dont les autorités administrent désormais depuis Uvira.
Parallèlement, les services du cadastre opérant sous la supervision des rebelles ont mis en place un système de contrôle foncier. Les propriétaires de parcelles sans titres officiels doivent désormais s’acquitter d’un paiement de 480 dollars américains, sous peine d’expropriation. Cette mesure a provoqué la colère et la peur parmi les habitants, déjà confrontés à une crise économique étouffante.
« L’argent ne circule plus à Goma et Bukavu. Les familles ne savent plus à quel saint se vouer. Tous les marchés et secteurs vitaux sont inondés ou confisqués par l’agression », témoigne un habitant cité par Akondanews.net.
La situation sociale dans les zones sous contrôle du M23 se dégrade rapidement. Des milliers de parents, privés d’emploi depuis l’occupation, peinent à assurer la scolarisation de leurs enfants. Plusieurs d’entre eux risquent ainsi de ne pas reprendre le chemin de l’école, aggravant une crise éducative déjà alarmante.
Alors que le gouvernement congolais dénonce une administration parallèle illégale et une exploitation des ressources locales par les groupes armés, la population de l’Est du pays continue de vivre sous la menace, dans une économie informelle marquée par la pauvreté, l’insécurité et la perte de repères institutionnels.
Raphael Lumoo
Akondanews.net