Quels services offre-t-on aux étudiants dans les universités publiques?

Si l’obtention du Baccalauréat donne généralement lieu à un sentiment de joie et même de fierté, il faut dire que l’expérience estudiantine peut parfois se révéler douloureuse, en général, et traumatisante, particulièrement, en Côte d’Ivoire.

En effet, en plus des nombreuses différences qui existent entre l’enseignement secondaire et supérieur, notamment l’environnement et la manière de dispenser les cours et les nouvelles responsabilités qui incombent à l’étudiant, auxquelles le bachelier est rarement préparé, les universités publiques ivoiriennes ont leur propre lot de difficultés qui peuvent, parfois, faire des études universitaires une expérience des plus douloureuses pour certains et pour les autres, conduire simplement à l’abandon.
En effet, entre les programmes et des horaires de cours peu respectés, avec très peu d’applications en travaux pratiques (TP), les grèves intempestives des étudiants et des enseignants, les amphithéâtres et salles de travaux dirigés (TD) bondés, le manque de logement dans les cités universitaires, l’absence d’aide sociale ou peu de bourses et encore moins de prêt étudiant et les débouchés inconnus des filières, sans oublier les conditions difficiles d’études, c’est autant de difficultés auxquelles les étudiants ivoiriens des universités publiques sont confrontés depuis le début des années 90.
Or, les nouvelles conditions dans lesquelles l’étudiant doit désormais évoluer imposent la présence d’une entité à part entière dénommée « Services Etudiants »
Il s’agit de permettre à l’étudiant « d’évoluer dans un milieu d’études et de recherche accueillant, enrichissant, inclusif et propice » à sa réussite tant universitaire que professionnelle future.
En d’autres termes, l’université devra créer les conditions optimales à la fois pour la réussite dans les études et l’essor personnel, social, économique et professionnel de l’étudiant.
Différent du simple « Service de la scolarité » que l’on connaît dans les universités publiques , les services aux étudiants est un ensemble de prestations spécifiquement dédiées aux étudiants, que ce soit pour obtenir de l’aide en matière d’accueil et d’inscription, de logement, d’aides et action sociale, ou d’accès aux ressources nécessaires à la réussite de leur projet d’études et professionnel .
En outre, ils peuvent parfois inclure des services de tutorat, de soutien psychologique, d’orientation et information scolaire, de placement et d’aide à l’emploi ainsi que des services technologiques .
Ceci semble ne pas être le cas dans les universités publiques en Côte d’Ivoire qui, d’ailleurs, sont les plus grandes et les mieux relativement équipées .
On sait que le système d’enseignement licence, master et doctorat (LMD) qui a été institué dans ces institutions, en 2012, a été associé à une série de réformes dans le contenu des offres de formation et le format de dispensation des cours mais, dans l’ensemble, rien n’a fondamentalement changé. En revanche, les étudiants se sont retrouvés surchargés d’un surcroit d’heures de cours ne laissant aucune place pour des activités extracurriculaires .
Face à ces difficultés qui peuvent paraître comme de véritables embûches, que faire pour favoriser l’épanouissement de la communauté estudiantine?
Telle est la question fondamentale à laquelle il va falloir trouver des réponses à plus ou moins courte échéance si nous voulons augmenter le taux d’employabilité et réduire, par la même occasion, la proportion de diplômés chômeurs et, incidemment, réduire le risque de crise sociale .
Dans un premier temps, il va falloir renforcer et élargir les fonctions traditionnelles du Service de la Scolarité en y incluant d’autres composantes autres que la simple réception et inscription des étudiants. Ce peut être l’écoute, le soutien ou le conseil de la part de professionnels
Dans un second temps, il faut instituer un service spécialisé, un centre des carrières par exemple, qui va, en amont, guider, conseiller, orienter et accompagner les étudiants tant au niveau personnel, académique que professionnel, afin de faciliter, en aval, leur insertion dans le monde du travail.
Il est certes vrai que les contextes occidentaux où ces services sont parties intégrantes des structures universitaires sont différents de celui qui est décrit ici, mais s’il est fait qui ne saurait être ignoré, c’est que l’étudiant, de par son nouveau statut et responsabilités, a besoin d’un cadre propice où il pourra s’épanouir à la fois physiquement, psychologiquement et socialement, car de l’existence et surtout de la qualité de ces services dépendront, non seulement, son bien-être au sein de l’université mais encore la facilité avec laquelle il opérera sa transition dans le monde professionnel.

Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant