Que faut-il vraiment à l’Afrique pour amorcer son développement ?

Lecteur Audio
Getting your Trinity Audio player ready...

Depuis un peu plus de six décennies qu’experts et analystes tentent de décrypter les causes du retard et le sous-développement de l’Afrique, on a identifié, aujourd’hui, avec certitude deux types de facteurs qui constituent de véritables freins au développement de l’Afrique: les facteurs internes et les facteurs externes.
Au nombre des éléments explicatifs internes ou endogènes, il y a la corruption, le vol, le détournement des biens ou deniers publics, la mauvaise gestion ou gouvernance, le tout entraînant un niveau de santé bas, des carences en éducation et aggravant la pauvreté matérielle, bien que cette situation est fortement contrastée d’un pays à l’autre.
Il faut également souligner que les mesures économiques drastiques au début des années 80 et 90, parfois décidées dans « la précipitation, l’improvisation et l’incohérence» ont, dans plusieurs Etats, entraîné une situation politique instable et alimenté et/ou aggravé des conflits sur le continent.

Parmi les facteurs externes ou exogènes, on ne cesse de dénoncer la dégradation des termes inégaux de l’échange, la faible intégration au commerce mondial auquel le continent ne participe qu’à hauteur de 2% et le poids énorme de la dette extérieure.
Toutefois, certains tiers-mondistes comme Samir Amin n’ont pas hésité à évoquer la théorie du complot comme cette «action planifiée et dissimulée» par les pays industrialisés pour maintenir ceux du tiers-monde dans la dépendance et la pauvreté.
Néanmoins, avec le recul, on s’est aperçu que la principale cause du « mal africain », c’est la mauvaise gouvernance, entendue comme toutes les pratiques qui vont à l’encontre des «…règles et des processus collectifs, formalisés ou non, par lequel les acteurs concernés participent à la décision et à la mise en œuvre des actions publiques. »
Par exemple, « la mauvaise gouvernance entraîne de mauvaises élections, qui, par ricochet, fragilisent les institutions, notamment la justice, et entrave l’égalité des chances en Afrique. »
Tout aussi intéressante que soit cette approche de vouloir lier la situation globale de l’Afrique à l’absence de bonne gouvernance, elle reste limitée.
Certes, une gouvernance « impliquant une éthique de la gestion: plus ouverte, décentrée, collaborative, conduisant à l’intervention d’une pluralité d’acteurs » peut être un gage de stabilité socioéconomique et politique du continent, mais à elle-seule, la bonne gouvernance ne saurait suffire car elle ne se situe qu’au niveau macro-économique. Il faut lui adjoindre les éléments individuels dits facteurs irrationnels; ces qualités que, par essence, l’esprit ne peut contrôler, mais qui, pourtant, détiennent la clé du changement positif.
Ce sont, par exemple, la motivation individuelle, la personnalité, la perception de la vie, les croyances et l’attitude.
En effet, mes études en socio-anthropologie combinées à mes diverses expériences en Allemagne, au Japon, et aux Etats-Unis, ont achevé de renforcer ma conviction que tout processus de transformation sociale part, d’abord et avant tout, des individus avant d’irradier l’ensemble de la société. C’est la somme des comportements individuels qui forment le comportement collectif.
En réalité, on aura beau gloser sur les déterminants du retard de l’Afrique mais rien ne pourra jamais remplacer certaines valeurs et qualités individuelles comme l’ardeur au travail, le travail acharné, l’abnégation, l’engagement, la discipline, l’altruisme, le dévouement, le don de soi, le respect de l’autre et du bien public, la redevabilité, l’honnêteté, l’engagement individuel dans ce qu’on entreprend, la conscience professionnelle, une éthique élevée du travail, le sens du sacrifice, le goût du risque et l’esprit entrepreneurial, etc., toutes valeurs qui favorisent l’égalité des chances, le bien-être individuel et collectif, l’équité et l’inclusion qui, in fine, renforcent la cohésion sociale, la paix positive et le développement.
En somme, il faut des hommes et des femmes de bonne volonté pour faire avancer le destin de l’Afrique.

Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant

Akondanews.net

Votez ce post

Laisser un commentaire

Traduire»