PROCHAIN SOMMET UE-UA : L’Union Européenne à la rescousse de la France ?

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Le président français, M. Emmanuel Macron a récemment annoncé que dans un avenir proche, les 18 et 19 février 2022, se tiendra à Bruxelles, un sommet Union Européenne-Union Africaine à l’effet de donner un coup de fouet à la coopération entre les pays de ces organisations.

L’objectif de ce sommet selon le président français est de « …refonder un new deal économique et financier avec l’Afrique pour aller au bout de cette solidarité à l’égard des Africains, en rappelant qu’entre 2020 et 2025, il y a 300 milliards d’euros de besoins de financement pour les économies africaines, car elles ont des conséquences économiques financières de la Covid 19 à gérer… ».

Quel humanisme !

Ce souci de refondation des relations basé sur une générosité qui ne dit pas son nom, doit-il être pris à la lettre, ou faut-il faire un décryptage des non-dits ?

Mais déjà, on peut à juste titre s’interroger sur cette annonce. Les dates et lieux choisis pour le sommet l’ont-ils été d’un commun accord avec les dirigeants africains ou est-ce une décision unilatérale ?

Après donc les fameux sommets France-Afrique qui regroupaient les chefs d’Etats africains autour de leur homologue français, puis dernièrement, le sommet Afrique-France entre le président français et des membres de la société civile africaine triés sur le volet, voilà un autre sommet Union Européenne-Union Africaine, avec toujours à la manette, M. Emmanuel Macron.

Qu’est ce qui fait courir tant le président français ?

Toute cette débauche d’énergie, répond certainement au souci des autorités françaises de redéfinir ou de redéployer leur stratégie politique en Afrique, à un moment où le sentiment anti-français va crescendo.

Contestée en Côte d’Ivoire depuis 2004, où l’armée française fit une centaine de morts devant l’Hôtel Ivoire, détestée pour avoir bafoué la souveraineté du pays en bombardant la résidence des présidents, la présence française, jugée étouffante, est de plus en plus décriée dans de nombreux pays de son pré-carré.

Ainsi au Mali, après avoir été accueillis en héros pour avoir « endigué »  la marée djihadiste, la rue de Bamako exige aujourd’hui le départ des soldats français et demande l’aide des russes. Cette même revendication a été reprise à Ouagadougou et à Niamey, du fait de l’impasse dans laquelle se trouve  la lutte contre les terroristes et les djihadistes.

La relative réussite de la présence russe en Centrafrique qui a permis au président Touadera de respirer, et de reconquérir une bonne partie de son territoire des mains des rebelles, est un exemple qui fait désormais tâche d’huile.

Ainsi, indésirable dans nombre de pays africains de son pré-carré, en butte avec la Russie dans ledit pré-carré, fortement concurrencée par la chine qui a réussi l’exploit de lui arracher de nombreux marchés juteux, la France se devait de revoir sa stratégie politique en Afrique pour s’adapter ou disparaître.

L’association de l’Union Européenne à ce sommet avec l’Afrique, est un véritable appel à la rescousse que lance la France à cette union, à l’effet d’atténuer le sentiment anti-français qui tend à se propager.

Mais à la réflexion, qu’est ce qui change fondamentalement ? L’Union Européenne s’est toujours systématiquement alignée sur les positions françaises, quel que soit le problème posé dans les pays africains francophones. Toutes les décisions  prises en Afrique surtout francophone par la France sont ipso facto celles de l’Union Européenne.

Cela a été vérifié lors de la  crise postélectorale, où la France a mis la Côte d’Ivoire sous embargo de toutes sortes, même un embargo sur les médicaments et l’Union Européenne n’a eu d’autre position que celle la France.

Assurément, ce souci d’aider l’Afrique à amortir les effets néfastes des retombées de la Covid 19 est une bonne intention et une générosité à nulle autre pareille.

Mais aucun acte n’est gratuit sur cette terre injuste des hommes. Il va sans dire qu’il y a des non-dits et des inavouables à cet humanisme et à cette générosité,  qu’il faut savoir juste décrypter en lisant entre les lignes.

Attendons de voir ce que donnera ce sommet demain, et nous serons situés. Car demain est certes un autre jour mais demain arrive toujours.

Et s’il y a eu un soir en Afrique, il y aura assurément un matin et l’ivraie sera séparée du vrai.

NAZAIRE KADIA, ANALYSTE POLITIQUE

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