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Le procès très médiatisé de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon dans le cadre de l’affaire Bukanga Lonzo s’oriente désormais vers un affrontement institutionnel inédit entre l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle. Le nœud du différend : la question de l’immunité parlementaire de Matata Ponyo, aujourd’hui député national.
Dans une correspondance adressée au président de la Cour constitutionnelle, Matata Ponyo rappelle qu’en tant que député, il ne peut être poursuivi qu’avec l’accord préalable de l’Assemblée nationale. Une position que la Chambre basse du Parlement a officiellement endossée. Elle a en effet demandé à Matata de ne pas comparaître lors de l’audience prévue ce 23 avril 2025, appelant la Cour à respecter la procédure et à saisir d’abord la plénière pour une éventuelle levée de son immunité.
La Cour constitutionnelle campe sur sa position
De son côté, la Cour constitutionnelle, par la voix du juge Dieudonné Kamuleta, affirme que « nul n’est au-dessus de la loi ». Lors de la dernière audience, la haute juridiction a rappelé que le procès de Matata Ponyo, poursuivi pour le présumé détournement de plus de 240 millions de dollars dans le projet agro-industriel de Bukanga Lonzo, doit suivre son cours normal. La Cour insiste sur sa compétence en matière de poursuite d’anciens Premiers ministres, indépendamment de leur statut actuel.
Un bras de fer à haute tension
Cette affaire, au-delà de son volet judiciaire, prend aujourd’hui une tournure politique et institutionnelle. L’Assemblée nationale, en protégeant son membre, pourrait être perçue comme un rempart politique contre les poursuites judiciaires. La Cour constitutionnelle, quant à elle, défend l’idée d’un État de droit où la justice s’exerce sans entraves, même envers les hauts responsables.
Pour de nombreux observateurs, cette confrontation pourrait mettre à l’épreuve l’équilibre des pouvoirs en République Démocratique du Congo, révélant au passage les failles du système judiciaire lorsqu’il se heurte aux intérêts politiques.
Et maintenant ?
Alors que Matata Ponyo a annoncé qu’il ne se présentera pas à l’audience du 23 avril, le pays retient son souffle. La suite du procès dépendra désormais de la capacité des institutions à dialoguer ou à s’affronter. Une chose est sûre : ce dossier emblématique du détournement présumé de fonds publics pourrait bien redessiner les lignes entre justice, législature et politique en RDC.
Rédaction : Akondanews.net
Contact : info@akondanews.net