Prise de Goma : L’AFC/M23 tente de convaincre les acteurs du secteur financier

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Depuis la prise de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, par l’AFC/M23, la situation économique et financière de la ville connaît une incertitude majeure. Dans ce contexte, les autorités mises en place par le mouvement rebelle tentent de convaincre les banques, institutions de microfinance (IMF) et coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC) de reprendre leurs activités.

Une rencontre sous tension avec le secteur financier

Dans cette optique, une réunion a été organisée par le nouveau gouverneur de l’AFC/M23, Bahati Musaga, nommé récemment par Corneille Nanga, en présence de ses deux vice-gouverneurs. Ont été conviés à cette rencontre les représentants des banques commerciales (BOA, Access Bank, Equity, TMB, Rawbank), des institutions de microfinance (SMICO, Tujenge Pamoja, PAIDEK, FINCA, Emilac) ainsi que des coopératives d’épargne et de crédit (Siloe, Umoja ni Nguvu, Akiba Yetu, Alliance Vie, La Pépinière, Bonne Moisson, Imara).

L’objectif affiché par le gouverneur était clair : convaincre les établissements financiers de rouvrir leurs portes et rassurer sur la sécurité du secteur. Il a notamment mis en avant l’absence de vols ou pillages depuis l’entrée du mouvement à Goma, soulignant que la stabilité économique dépend du bon fonctionnement du secteur bancaire.

« Rien ne peut avancer si le secteur financier n’est pas opérationnel. Il est de notre responsabilité de garantir la sécurité des institutions financières et de faciliter la reprise de leurs activités », a déclaré Bahati Musaga, gouverneur de l’AFC/M23.

Un secteur financier sous l’autorité de Kinshasa

Malgré cet appel, les acteurs bancaires et financiers présents ont exprimé leurs réserves quant à une reprise immédiate des activités, rappelant leur dépendance totale vis-à-vis de Kinshasa.

Le porte-parole du secteur bancaire a précisé :

« Tout ce que nous faisons en province dépend à 100 % de Kinshasa. Sans l’autorisation de la Banque Centrale du Congo (BCC), il nous est impossible de rouvrir nos agences. »

Une position partagée par les représentants des institutions de microfinance et des COOPEC, qui soulignent que leurs fonds sont détenus par des banques commerciales :

« Nous dépendons des banques commerciales qui gardent nos épargnes. Si la Banque Centrale donne son feu vert et que les banques commerciales reprennent leurs activités, nous pourrons rouvrir sans crainte. Mais dans le cas contraire, cela restera impossible. »

Des propositions controversées du gouverneur de l’AFC/M23

Face aux réticences des acteurs du secteur financier, Bahati Musaga a avancé plusieurs solutions :

• Faire pression sur Kinshasa pour autoriser la circulation des fonds et faciliter la réouverture des agences bancaires.

• Acheminer de l’argent par l’Ouganda, via Bunagana, en assurant que le mouvement AFC/M23 garantirait la sécurité des transactions.

• Réhabiliter l’aéroport de Goma afin de fluidifier l’arrivée de liquidités et de relancer l’économie locale.

Enfin, le gouverneur a annoncé que si les banques ne parvenaient pas à rouvrir d’ici la fin du mois, le mouvement AFC/M23 pourrait créer ses propres institutions financières afin de pallier les besoins de la population. Une réunion de suivi a été programmée à la fin du mois pour évaluer l’évolution de la situation.

Une économie sous pression, Kinshasa face à un dilemme

Dans l’immédiat, les habitants de Goma doivent prendre leur mal en patience face à l’incertitude économique croissante. L’absence d’un système bancaire fonctionnel limite la circulation des fonds, les transactions commerciales et les retraits d’argent, affectant durement les entreprises locales et les ménages.

De son côté, Kinshasa reste ferme sur sa position et ne semble pas prête à céder aux pressions du mouvement rebelle. La question reste donc en suspens : les institutions financières accepteront-elles de reprendre leurs activités sous l’autorité de l’AFC/M23, ou la situation économique de Goma continuera-t-elle de se dégrader ?

La réponse pourrait bien dépendre des négociations à venir entre le pouvoir central et les dirigeants du mouvement rebelle. D’ici là, la population demeure en première ligne face aux conséquences de cette crise économique et financière sans précédent.

Rédaction

Akondanews.net

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