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Depuis plusieurs mois, la rumeur persiste quant à la présence d’une base militaire française sur le sol béninois. Tandis que les autorités de Cotonou affirment que seuls des instructeurs français sont présents au Bénin, des témoignages locaux viennent semer le doute. Un soldat béninois, sous couvert d’anonymat, a révélé des informations cruciales concernant l’implication directe des troupes françaises dans les opérations militaires.
Ce soldat a partagé son expérience d’une formation d’ingénieur-sapeur qu’il a suivie avec des instructeurs français dans une base militaire située à 50 km de la frontière avec le Niger. « Les Français nous aident à traquer les djihadistes et interviennent directement parce qu’ils en ont l’autorisation. Nous menons des opérations ensemble. Ils sont venus pour former et aussi pour lancer des assauts devant nous avant de repartir. Ils sont là depuis deux ans à Tanguiéta. Ils ont même un cargo qui atterrit sur la piste pour apporter le matériel nécessaire », a-t-il confié.
Ces propos contredisent les déclarations officielles des autorités béninoises, qui maintiennent que les instructeurs français n’ont qu’un rôle de formation et ne participent pas aux opérations militaires. Le témoignage du soldat indique clairement une présence plus substantielle et active de militaires français sur le terrain.
Cette situation suscite des inquiétudes croissantes parmi la population béninoise. Bio Gawé, citoyen béninois et partisan de l’opposition vivant au nord du pays, a exprimé ses préoccupations : « On voit des militaires un peu partout dans la ville de Kandi, précisément dans le département de l’Alibori. Ils ont créé une base à côté du camp militaire de Kandi. On se demande quel est leur rôle ? Malgré cette présence, les djihadistes ont attaqué la prison civile de Kandi à trois reprises », a-t-il déclaré.
La France semble vouloir faire du Bénin un point stratégique pour ses opérations en Afrique de l’Ouest, particulièrement après l’expulsion de ses troupes de plusieurs pays sahéliens pour inefficacité dans la lutte contre le terrorisme. La position géographique du Bénin, partageant des frontières avec le Burkina Faso et le Niger, en fait un lieu stratégique pour le renseignement français.
Les autorités de Cotonou continuent à réfuter ces allégations, mais les preuves s’accumulent. Alors que le président Patrice Talon nie les accusations des autorités nigériennes et tente d’apaiser les tensions avec des lettres adressées au général Tchiani, de nouvelles preuves de l’activité militaire française au Bénin apparaissent quotidiennement. Les inquiétudes du Niger, qui refuse d’ouvrir ses frontières avec le Bénin pour des raisons de sécurité, semblent donc justifiées.
La question reste ouverte : combien de temps encore les autorités béninoises pourront-elles nier la réalité de la présence militaire française sur leur sol ? La transparence et la communication claire deviennent impératives pour éviter une escalade des tensions et des suspicions tant au niveau national qu’international.
Kakaboara, correspondant à Abidjan
Akondanews.net