PND – Une « Côte d’Ivoire solidaire » Un slogan d’espoir pour des populations affamées ?

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Abidjan par le mercredi 29 juin 2022- PND 2021-2025 : « Une Côte d’Ivoire solidaire », tel est l’intitulé du Plan National de Développement (PND) établi par le pouvoir d’Abidjan.

Et son chef d’en faire le commentaire suivant. « L‘exécution des Plans Nationaux de Développement (PND) 2012-2015 et 2016-2020, a permis d’enregistrer des réalisations importantes et de consolider la croissance économique, malgré un contexte mondial marqué par des tensions commerciales, la baisse des cours des matières premières et la pandémie de COVID-19. Grâce à la mise en œuvre de réformes structurelles de grande ampleur, le taux de croissance économique s’est établi en moyenne à environ 8% sur la période 2012-2019, positionnant ainsi l’économie ivoirienne parmi les plus dynamiques en Afrique et dans le monde. Le revenu par tête a également doublé pendant cette période, pour s’établir à 2 287 dollars US en 2020, correspondant à l’un des plus élevés en Afrique de l’Ouest. En outre, la résilience de l’économie ivoirienne aux chocs extérieurs, combinée à l’efficacité de notre plan de riposte économique et sanitaire, ont permis de contenir les effets de la pandémie de COVID-19 et de réaliser un taux de croissance positif d’environ 2% en 2020, contre une contraction de 3% au niveau mondial et de 2% en Afrique subsaharienne.» Dit Alassane Ouattara, en préface du document de synthèse du PND.

Les autorités ivoiriennes et de la Banque mondiale lors d’une réunion à New-York aux Etats-Unis.

PND : Ce qu’en dit le PDCI-Rda

A le parcourir, c’est un programme très ambitieux en apparence. Mais trompeur dans les faits, autant le dire tout net. Le régime Ouattara a beau investir des sommes colossales dans des stratégies de communication outrancière, la réalité est là, inévitable, elle porte sur des chiffres alarmants lesquels reflètent le vécu des populations. C’est chiffres implacables, sont en effet, révélateurs d’une réalité effarante du quotidien des populations ivoiriennes. C’est pourquoi une nécessité d’en discuter au Parlement s’impose. C’est d’ailleurs la proposition que fait le Groupe parlementaire Pdci-Rda au régime Ouattara pour qu’il y ait un véritable débat à l’Assemblée nationale sur la gestion des ressources du pays. Et surtout un débat sur cette « addiction à la dette » comme l’a dénoncé le jeudi 23 juin dernier, Justin Koné Katinan à la Tribune du PPA-CI Porte-parole de ce parti. Justement pour éviter de gaver les populations de slogan vain et creux.

Revenant sur quelques aspects de ce miroir aux alouettes brandi au doux peuple de Côte d’Ivoire, le Pdci-Rda, par la voix de son Porte-parole Brédoumy Souumaïla, a mis en exergue ces fameux chiffres brandis dans le PND. « Au niveau de l’économie de notre pays, nous observons une croissance régulière du PIB depuis 2012. Cette croissance est tirée essentiellement par les BTP et l’énergie. Après un ralentissement en 2020, cette croissance a atteint 7.4% et est projetée à 6.9 en 2022. Cependant on note que le budget de notre pays présente un solde négatif depuis 2012 (-2.9 % du PIB), -5.5 % du PIB en 2020 et projetée à – 5.7 % du PIB en 2022, au-dessus des normes communautaires qui sont de 3% maximum. Le stock de la dette de notre pays atteint un niveau jamais égalé. En effet le stock de notre dette était en fin mars 2010 à 5281, 605 milliards de F CFA. Il est projeté à 25701 milliards de F CFA en 2023et 29755, 7 milliards en 2025, soit une augmentation de 600% sur la période 2011-2025. Le service de la dette est estimé à 3686 milliards de FCFA en 2023, 4532, 4 milliards de FCFA en 2024 et 4869,6 milliards de F CFA en 2025, soit un total 13098 milliards de FCFA sur la période 2023-2025. L’inflation est passée de 0,7 % en 2016 à 2,4 % en 2020 et 4,2 % en 2021. Ce taux d’inflation selon les prévisions du ministère du budget s’établirait à 4,5 % en 2022. » A indiqué Soumaïla Porte-parole et Coordonnateur général de la Grande cellule de coordination de la communication (GCCC), ce lundi 27 juin 2022 au siège de son parti, à la tribune « Face à la presse ».

Koné Katinan, Vice président du PPA-CI, à la tribune de PPA-CI TV

Le PPACI porte la contradiction à Ouattara

Alors que les chiffres à l’appui (taux de pauvreté 55,4% en 2011 ; 39,4% en 2018 ; 44,4% en 2015) , le régime Alassane Ouattara indique que « La pauvreté en Côte d’Ivoire est en diminution constante depuis 2016, poursuivant ainsi la tendance observée depuis le début 2011. 2,7 millions de personnes ont été sorties de la pauvreté, soit un record historique pour le pays grâce notamment au renforcement de l’accès aux services sociaux de base et à une redistribution plus inclusive des fruits de la croissance. » Il est contredit par le parti de Laurent Gbagbo. Le PPA-CI en effet, bat en brèche cette assertion gouvernementale. Vice-président et Porte-parole du PPA-CI Justin Koné Katinan résume mieux la situation : «  Chaque année, depuis au moins 5 ans, la saison des pluies rime avec inondations assorties de morts d’homme et une très grande désolation parmi les populations abidjanaises. Pour la présente saison, l’on note déjà une douzaine de morts, dont plusieurs enfants, entre le 16 juin et le 21 juin du fait de la pluie.» Constate, amer, le parti de Gbagbo. Alors question : peut-on être riche et vouloir vivre dans une zone à risque d’inondation ? Pour le Pdci-Rda, ce n’est tout simplement pas possible, à moins que ces populations aient délibérément décidé d’aller au casse-pipe. Et même si c’était le cas, ne serait-il pas par résignation face aux épreuves de la vie dans l’indifférence et le mépris des décideurs ?

Des milliards dans le béton, les Ivoiriens ont faim !

Pendant ce temps des milliards, 270 milliards FCFA pour construire le pont HKB, seulement 1500 m et 7 km de viaduc, 23 milliards pour construire un ‘’simple’’ péage sur l’autoroute de Grand-Bassam, sont engloutis dans des blocs de béton et de bitume. Ce, pour les travaux d’infrastructures routières. Qui plus est, aussitôt achevés, aussitôt détruits par les eaux de ruissèlement. Autre preuve de l’hallucinant quotidien des Ivoiriens. « Trois régimes de bananes plantain se négocient entre 10.000 et 20.000 F CFA sur nos marchés. (…) Notre pays dépense plus de 300 milliards de F CFA chaque année pour importer du poisson. » Se désole le parti du président Henri Konan Bédié. C’est tout simplement déboussolant pour un pays que la nature a pourtant véritablement doté en ressources naturelles. La Côte d’Ivoire possède en effet, une des façades maritimes les plus envieuses au monde, donnant sur l’océan atlantique, c’est un pays bercé en interne par des milliers de kilomètres de cours d’eau (fleuves, lagunes et rivières).

Voie inondée à Abidjan après le passage de la pluie

Autre contraste difficile à comprendre, certes la Côte d’Ivoire ne figure pas parmi les 25 « pays les plus pauvres du monde », mais, la vie y est très chère au point d’être insupportable pour ses habitants. Toute chose qui amène à réfléchir sur la manière dont ses ressources sont gérées.

Questionnements sur la gestion des ressources

Selon la Banque mondiale « sur le PIB par habitant, la Côte d’Ivoire se classe parmi les économies les plus dynamiques de la CEDEAO.  Avec un PIB/habitant de 2 276,3 US $ environ 1,23 million F CFA, la Côte d’Ivoire se classe en deuxième position après le Cap vert avec un PIB/ habitant de 3 603,8 US $. Elle est suivie par le Nigeria (2 229,9 US $), autrement dit un ivoirien a un niveau de vie supérieur à celle d’un nigérian. » Une ‘’fable’’ de mauvais goût, disent les Ivoiriens.

On croit tout simplement rêver. Qu’est-ce qui ne va pas dans ce pays pourque ses habitants meurent à chaque saison de pluie ? Pourquoi ne peut-il pas reloger les populations des quartiers précaires que ses dirigeants déguerpissent violemment ? A quoi sert cette richesse tant vantée par le régime d’Alassane Ouattara si elle ne peut pas profiter aux premiers ayant-droits que sont ses populations ? Pourquoi, alors que « La Côte d’Ivoire a enregistré une croissance économique dynamique (6,9%), forte et stable depuis une décennie avec un ralentissement observé en 2020, en raison des conséquences de la crise de COVID-19) », comme c’est écrit dans le PND, le pays peine-t-il à construire des nouvelles salles de classe ? Pourquoi la part du budget de l’Etat allouée à la recherche est-elle inférieur à 0,1%, alors que la norme est d’au moins 1% ? Pire encore, malgré ces chiffres astronomiques, aucune université en Côte d’Ivoire ne figure parmi les cent premières en Afrique. Vivement un débat s’impose à l’Assemblée nationale pour que le peuple sache ce qu’il est fait des ressources dont il a confié la gestion à Alassane Ouattara et son régime.

Denzel Bereby, Correspondant

Akondanews.net

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