Ouattara reconnaît la sagesse et le sens du patriotisme de ses prédécesseurs Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo

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Abidjan le 21 avril 2022.
Par Denzel Bereby

La Côte d’Ivoire peut être fière de ses filles et fils ; ceux-là ont su préserver les acquis de leurs devanciers, malgré les aléas de la vie qui par moment ne leur font aucun cadeau. Les biens du pays, tout ce que la Côte d’Ivoire peut compter de patrimoines et ressources ont été maintenus, soigneusement protégés et même fructifiés, grâce au patriotisme, l’amour du pays, le respect de la chose publique et des institutions de la République. C’est toute cette vertu qui a été reconnue publiquement et solennellement à l’opposition, par Alassane Ouattara, le mardi 19 avril 2022 à Yamoussoukro devant les deux chambres de l’Assemblée nationale, Parlement et Sénat réunis en congrès ce jour-là. Cet ensemble de culture civique qui constitue les gênes des Ivoiriens a été résumé par le chef de file du Rhdp. «Une paix et une stabilité consolidées avec la participation de tous les partis politiques aux élections législatives de mars 2021 (…) C’est pourquoi, le voudrais féliciter tous les acteurs de ce processus pour l’engagement de se départir de la violence comme mode d’accession au Pouvoir. Nous devons maintenir ce bon état d’esprit, quelles que soient nos divergences, afin que les futures échéances électorales se déroulent de façon apaisée et démocratique. » S’est félicité Alassane Ouattara lequel s’est même targué d’être celui grâce à qui « la situation sécuritaire est calme et sous contrôle sur toute l’étendue du territoire national ».

Mais ce que le mentor du Rhdp feint d’ignorer, c’est que le paix et la tranquillité dans lesquelles la Côte d’Ivoire semble baigner et dont il se prévaut, ne sont nullement de son fait, mais plutôt du fait d’une opposition très responsable incarnée par ses deux prédécesseurs, Henri Konan Bédié leader du Pdci-Rda et Laurent Gbagbo leader du PPA-CI. Oui, la Côte d’Ivoire peut vraiment être fière d’avoir formés ses fils et filles au civisme, à l’amour de la Patrie. Sinon, tout serait allé en vrille dans ce pays et ce ne sont pas les occasions qui ont manqué avec le bras de fer inutile qu’Alassane Ouattara engage depuis longtemps, avec ses opposants. La coalition des plateformes et des partis politiques. Coalition qui renferme la plateforme Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) dirigée par Georges Armand Ouégnin et sa vingtaine de membres et la Coalition pour la démocratie, la réconciliation et la paix (CDRP) d’Henri Konan Bédié riche d’une quinzaine de formations politiques. Les dernières élections, présidentielles d’octobre 2020 et législatives de mars 2021, sont là pour rappeler « la grandeur d’esprit » dont parle justement Ouattara. Et c’est mieux pour tout le monde.

Sinon, pour n’avoir pas eue une telle opposition dès le décès de Félix Houphouët-Boigny, le 7 décembre 1993, notre pays a failli sombrer dans son premier coup d’Etat de son histoire. Pour cause, alors Premier ministre Alassane Ouattara s’est opposé à la transmission du Pouvoir à Henri Konan Bédié président de l’Assemblée nationale et dauphin constitutionnel de l’époque. Il eut fallu l’intervention vigoureuse des patriotes de l’époque dont Bédié lui-même, pour faire échec à ce coup d’Etat constitutionnel. Dès lors Alassane Ouattara perd la fonction de Premier ministre et les avantages qui sont rattachés et rentre dans l’opposition. Mais le genre d’opposition, constructive, civilisée dont Laurent Gbagbo à l’époque Secrétaire général du Fpi est le chef de file. Bien au contraire, à la tête du Rdr qu’il crée pour ses ambitions politiques, Ouattara devient le chef d’une opposition barbare qui casse et laisse derrière elle la désolation. Retour sur les dates et illustrations ignominieuses de la violence politique ; cette façon pour Alassane Ouattara de faire de la politique. Flash-back !

Le 26 octobre 2000, à l’issue de l’élection présidentielle qui voit la victoire du candidat Laurent Gbagbo, le candidat de la junte militaire Robert Guéi s’oppose et tente de confisquer le pouvoir. Profitant de cet imbroglio électoral, les responsables du Rdr – dont le candidat n’a pourtant pas pris part à cette élection -, appellent leurs militants à descendre dans la rue, sous prétexte que le pouvoir s’y trouve. Alors que ce parti n’a pas pris part à la présidentielle du 22 octobre 2000. Armés de gourdins, de machettes, les « républicains » cassent tout sur leur passage. Des partisans de Gbagbo sont molestés. D’autres sont tués. Des femmes violées. Ces actes de violence ont été documentés dans un Rapport à la suite de l’enquête diligentée par les autorités ivoiriennes de l’époque.

Le 4 décembre 2000, le Rdr remet le couvert. La candidature d’Alassane Ouattara est rejetée aux législatives. Ses partisans organisent un meeting au stade Houphouët-Boigny au cours duquel les militants sont chauffés à blanc. Ils sont invités à créer la chienlit par leurs responsables, le même jour, dans les différentes communes d’Abidjan. Le mot d’ordre est mis en exécution. Les dégâts énormes. Des véhicules incendiés, des feux tricolores endommagés. Le régisseur de la mairie de Treichville est tué.

En 2001, le Président Laurent Gbagbo envoie des missions à travers toute la Côte d’Ivoire pour expliquer aux populations la nécessité d’aller à la réconciliation nationale, en repensant les plaies et les déchirures survenues au lendemain des élections. La délégation d’Abou Drahamane Sangaré, alors ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, est prise en partie par les militants du Rdr à Séguéla. Les échanges n’ont pas eu lieu. La délégation a dû rebrousser chemin. Le chien ne change pas sa manière de s’asseoir, dit-on.

Dans la même année, en campagne dans la ville de Ferkessédougou, pour les élections municipales Alassane Ouattara menace : « Le Rdr n’attendra pas 5 ans pour arriver au Pouvoir ». On pourrait se demander de quelle manière puisque les élections présidentielles sont organisées tous les 5 ans.

Le 19 septembre 2002, un coup d’Etat est déjoué. Des militants et responsables de ce parti s’allient à des militaires pour attaquer la mère patrie. Créant la désolation, la tristesse, la mort au sein des populations, de l’armée et du Fpi. Le coup Etat ayant échoué, se transforme en rébellion. Coupant ainsi la Côte d’Ivoire en deux. On assiste au pillage systématique des ressources du sol ivoirien. Les agences de la Bceao de Bouaké et de Man sont braquées. Des personnes sont vidées de leur maison.

Novembre 2010 : Pendant les élections présidentielles, les partisans du Président Laurent Gbagbo sont violentés et les femmes violées dans les bastions du Rdr. Les représentants du Fpi sont chassés des bureaux de vote. Après le 11 avril 2011, suite à l’arrestation du Président Laurent Gbagbo par l’armée française et remis aux ex-rebelles, ses partisans sont mis aux arrêts, torturés, bastonnés. Les plus chanceux sont contraints à l’exil.

8 octobre 2011, le Front populaire ivoirien (Fpi) sort de sa cachette et organise son premier meeting à Koumassi campement. Erreur de « gawa » comme on le dit à Treichville. Les militants du Rdr, armés de gourdin, de machettes et d’armes blanches cassent tout. La sono endommagée. Les véhicules également. Les bâches sont déchirées. Des militants sont tabassés et blessés. Selon les casseurs, le Fpi n’a plus le droit d’organiser des activités.

Le 15 octobre 2011, la jeunesse du parti du Président Laurent Gbagbo sous la houlette de Justin Koua, qui assure l’intérim du Secrétariat national de ladite structure, organise un meeting pour réclamer la libération du Président Laurent Gbagbo et de tous les prisonniers politiques. C’est mal connaître les partisans de Ouattara. Aidés par les Frci et Dozo, ils empêchent la manifestation par la violence. Des militants sont blessés. Les dégâts sont énormes.

Le 20 novembre 2011, les sections du parti du Président Laurent Gbagbo de la commune de Port-Bouet se sont donné rendez-vous à la Place Laurent Gbagbo pour un meeting. Les militants du Rdr s’y invitent. Ils détruisent tout. Les chaises, les bâches et la sono volent en éclat. Et cela sous le regard impuissant des riverains. <<Tant que notre mentor est pouvoir, il n’y aura pas de meeting du Fpi à Port-Bouet. Le Rhdp est le seul qui doit le faire >>, font-ils remarquer. Ce jour-là, madame Masséni Bamba et d’autres responsables portent plainte au commissariat du 5èmearrondissement. Après le parti du Président Laurent Gbagbo, le Rdr s’attaque à son allié, le Pdci. Le 11 décembre 2011, les élections législatives sont organisées. Le Fpi a décidé de ne pas participer. Il a appelé les Ivoiriens à s’abstenir. Les militants du Rdr, sentant la défaite de leur candidat à Bonon et Facobly, cassent tout. Des urnes emportées. Et des militants du plus vieux parti bastonnés. Le scrutin est annulé.

Le 21 janvier 2012. Le parti du Président Laurent Gbagbo invite ses militants et partisans à un meeting à la place Figayo de Yopougon. Malheureusement, le rassemblement n’a pu aller à son terme. Les agissements des militants du Rdr en ont décidé ainsi. Leur agissement va sérieusement se dégrader, quand ceux-ci vont se mettre à jeter des pierres, sur les militants de l’ancien parti au pouvoir. Ils détournent le cordon sécuritaire du côté de la pharmacie Keneya, et attaquent les militants de façon plus violente. C’est le cafouillage total ! Miaka ne peut aller au bout de son allocution. Il demande à ses militants de regagner leur domicile en libérant l’espace. On enregistre des blessés graves, dont un mort. C’est la course-poursuite dans les quartiers de Selmer et la Sicogi. Des magasins et maquis sont pris pour cibles. Les militants du Rdr détruisent tout, et incendient bâches et chaises sur leur passage, non sans scander que «c’est leur temps, et que le Fpi n’a plus droit de cité en Côte d’Ivoire».

Le 25 février 2012, KKB du Pdci, à l’occasion des législatives partielles organisées à Bonon, va soutenir le candidat de son parti. Il échappe à un lynchage des militants du Rdr. il explique : «Après le meeting, à la demande du délégué départemental de notre parti, nous rendons une visite de courtoisie à la Cei. Tout s’est bien passé. C’est à la sortie que nous sommes encerclés par les militants habillés en pagne à l’effigie d’Alassane Ouattara. Et le candidat du Rdr se fait menaçant. Et donne de nous tuer».

Le 5 avril 2014, les militants de la jeunesse du parti du Président Laurent Gbagbo se retrouvent à la place Laurent Gbagbo de Port-Bouet. Mais, leur rassemblement est violement dispersé par les militants du Rdr. le 21 avril 2013, les élections municipales et régionales sont organisées. Le parti du Président Laurent Gbagbo n’est pas partie prenante. L’on assiste à des scènes de violence. Le comble, c’est que ces violences sont l’œuvre des militants du Pdci et du Rdr. Pourtant, ces deux formations politiques sont des alliés au sein du Rhdp. La tension est donc perceptible au cours de des campagnes. Agressions de militants, destruction d’affiches, intimidations, braquage de candidats tout y passe. Ce regain de tension électorale a également atteint la commune de Treichville. Où des partisans du candidat du Rdr, Cissé Ibrahim ont déchiré les affiches du maire Pdci sortant, François Amichia. Selon des témoins, des jeunes du Rdr, armés de gourdins et de machettes, ont tenté d’attaquer la permanence du Pdci à l’avenu 12 Rue 14. Ils en ont été empêchés par des éléments de la Police nationale. En signe de vengeance, les partisans du maire sortant ont également détruit les affiches du candidat du Rdr. Un jeune nommé Diakité Zoumana, proche du maire sortant a même été agressé physiquement par les partisans du candidat du Rdr, le mercredi 10 avril 2013. D’ailleurs le porte-parole de la Cei, Inza Diomandé confie à l’Afp : qu’«aux environs de 21h00 (locales et Gmt), près de 200 personnes ont fait irruption au centre de compilation des résultats de Treichville. Elles ont saccagé les bulletins de vote, les procès-verbaux et les urnes. Elles sont revenues vers 22h00 et ont emporté avec elles, les urnes restantes. Malheureusement, les forces de l’ordre n’ont pas pu contenir les casseurs ». Le syndrome de ces violences électorales rode dans tout le district d’Abidjan. Car à Adjamé, plusieurs véhicules appartenant à des candidats ont été incendiés. A Koumassi, la tension était perceptible le lundi 22 avril 2013. En effet, des Frci ont pris position dans les différents quartiers de la commune en érigeant des barrages. Causant ainsi la perturbation des activités dans la cité. Ils ont pris ces mesures afin de mettre hors d’état de nuire des partisans de Cissé Bacongo qui, munis d’armes blanches et automatiques, contestaient les résultats qui donnent le maire sortant N’Dohi Raymond largement vainqueur. Le jour du vote, le maire sortant a été pris à partie par des partisans de Bacongo dans le centre de vote à l’école Mondon. Il a n’a dû son salut qu’aux forces de l’Onu qui l’ont exfiltré. Ces dernières ont également mis aux arrêts des badauds qui ont tenté d’intimider des électeurs, toujours à Koumassi. Ce lundi 22 avril 2013, il y a eu l’incendie d’un commissariat et l’attaque de la mairie par les partisans de Cissé Bacongo.

Le mardi 5 novembre 2013, le parti du Président Gbagbo avait prévu d’animer un meeting de remobilisation des bases du parti du Président Laurent Gbagbo au stade municipal d’Oumé. Toutes les précautions administratives avaient été prises par les responsables locaux de notre Parti, en rapport étroit avec le Préfet du département. Mais, à la grande surprise des militants du parti du Président Laurent Gbagbo commis à l’aménagement du site du meeting, des individus armés de gourdins, de machettes et d’armes à feu se réclamant du Rdr se sont rués dès 9 h 00 sur les installations qu’ils ont entièrement saccagées. Un mois plus tôt, ces mêmes individus avaient réussi à contraindre le Préfet d’Oumé à refuser au parti du Président Laurent Gbagbo l’utilisation du même espace public.

Le 19 décembre 2013. Le cortège du parti du Président Laurent Gbagbo a été violemment attaqué ce jeudi par des jeunes armés de machettes et de gourdins à l’entrée de la bourgade de Doropo, dans le nord-est de la Côte-d’Ivoire. On voit bien quel est le parti qui a introduit la violence dans ce pays. Ce n’est pas Amadou Soumahoro qui soutiendra. Lui qui envoie vit tous ceux qui sont opposés à Ouattara, au cimetière.

Aujourd’hui en avril 2022, Alassane Ouattara peut se réjouir de la paix qui règne dans le pays. «C’est pourquoi, le voudrais féliciter tous les acteurs de ce processus pour l’engagement de se départir de la violence comme mode d’accession au Pouvoir. Nous devons maintenir ce bon état d’esprit, quelles que soient nos divergences, afin que les futures échéances électorales se déroulent de façon apaisée et démocratique.» Dit-il. Mais c’est justement parce qu’il a en face de lui une opposition responsable, civilisée capable de se contenir. Bel exemple du ‘’vivre ensemble’’ que donnent Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié.

Dossier réalisé par
Denzel Bereby

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