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Depuis le retour du président Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, et la mise sur pied de son nouvel outil de combat, le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire, l’univers politique de l’opposition ivoirienne est en proie à une effervescence et à un « dérèglement » incompréhensibles.
Tout s’emballe et des tirs vont dans tous les sens. Des tirs groupés sur Laurent Gbagbo, des tirs ciblés sur Affi N’guessan, des tirs sur Blé Goudé, et Simone Gbagbo n’est pas épargnée. C’est à croire, comme le dirait certains chrétiens, qu’un esprit malin s’est emparé des uns et des autres et les fait agir sans qu’ils ne se rendent compte de la portée et de la nocivité de leurs actes.
Tout le monde accuse tout le monde, en épargnant celui qui doit être accusé.
Ainsi, alors que cela fait des mois que M. Charles Blé Goudé a fait une demande d’obtention d’un passeport ordinaire, que l’administration ivoirienne tarde à lui délivrer, de petits esprits accusent le président Laurent Gbagbo de ne rien faire pour aider son ancien ministre, signe d’une ingratitude sans nom. Pourquoi s’en prendre au président Laurent Gbagbo, pour un acte qui relève de l’administration ? Pourquoi ne pas demander des comptes à celui qui en est momentanément le chef.
Tout comme dans ces derniers temps, M. Koné Katinan, nouvellement rentré d’exil et réintégré dans son ministère d’origine, fait l’objet d’attaques tous azimuts, au motif que lui et le président Gbagbo, auraient passé un deal avec le pouvoir en place. Il lui est opposé le fait que de nombreux fonctionnaires, rentrés d’exils comme lui, n’ont eu aucune réponse à leur demande de réintégration dans leurs ministères d’origine respectifs.
Le bons sens aurait voulu, que cette charge soit à l’encontre de l’administration et de son chef qui a le pouvoir discrétionnaire de prendre des décisions dans un sens comme dans un autre.
A titre de rappel, lorsque des fonctionnaires et des militaires qui avaient rejoint la rébellion et en sont revenus, ils ont retrouvé leurs postes et leurs soldes, sans tambour ni trompette. Ils ont même bénéficié d’un rappel de leurs soldes sans que le ciel ne tombe sur la tête des ivoiriens. C’était sous la gouvernance du président Gbagbo.
Aujourd’hui, c’est une désolation de voir des attaques contre Mme Simone Gbagbo et la réplique de ses partisans, des attaques contre M. Affi et la réplique de ses partisans, des attaques contre le président Gbagbo et la réplique de ses partisans. On comprendrait mieux tout ceci, si ces attaques venaient des partisans du pouvoir, hélas…
Cette attitude des uns et des autres, donnent l’impression d’une opposition immature, mue par ses émotions et ses états-d’âmes, incapable de faire une lecture saine de la situation politique et qui se trompe d’adversaire.
Pire, cette animosité ambiante et malsaine, fait penser certains leaders à l’impensable : M. Affi a déclaré n’avoir aucun complexe à s’allier au Rhdp…Véritable « didiga », dans le style, si je ne « suis » pas, vous ne « serez » pas non plus !
Tout cet imbroglio, encouragé en sous-main par des activistes proches du pouvoir, profite à celui qui devait être l’adversaire commun. Celui-ci boit du petit lait, content de dérouler tranquillement son programme du troisième mandat, en préparant certainement celui du quatrième.
Il faudrait que les leaders de l’opposition, surtout leurs partisans se rendent à l’évidence que la guéguerre entretenue ne profite à personne. Faire du « bashing Gbagbo » à longueur de journée, ne profite à aucun autre leader, ses partisans ne le quitteront pas ; s’attaquer à Mme Simone Gbagbo ne réussira pas désarçonner ses partisans, encore qu’aujourd’hui, personne ne sait ce qu’elle fera et ou elle ira ; Prendre Affi pour cible, ne donne pas le pouvoir d’Etat. Accuser Charles Blé Goudé, ne résout aucun problème.
Il faut savoir raison garder, ne pas se tromper d’adversaire, se respecter et surtout arriver à une convergence de vue malgré les divergences et se convaincre que l’adversaire est le Rhdp ; à moins que…
Il est temps de se départir des lamentations autour de l’ingratitude des uns, des trahisons et collaborations des autres. Tous les tirs doivent converger vers une cible unique, qui est l’adversaire de tous : le Rhdp. Ne pas le comprendre, c’est se fourvoyer et dévoyer le combat pour la conquête de demain. Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours.
Et s’il y a eu un soir en Eburnie, il y aura assurément un matin et l’ivraie sera séparée du vrai
NAZAIRE KADIA, ANALYSTE POLITIQUE