Lecteur Audio
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Goma, RDC – Face à une insécurité croissante dans plusieurs quartiers de la ville de Goma, les jeunes prennent leur destin en main en organisant eux-mêmes leur sécurité. Cette initiative est née de la méfiance grandissante envers les forces de l’ordre, notamment certaines unités comme les SATAN 2, souvent accusées d’être impliquées dans des actes criminels.
Dans la commune de Karisimbi, une des zones les plus touchées, les jeunes ont érigé des barricades à l’entrée des avenues et des rues, chaque nuit, afin de limiter les mouvements de véhicules et de mieux contrôler leur environnement. Cette stratégie vise à réduire les incursions nocturnes, souvent perpétrées par des criminels que les habitants appellent « les 40 voleurs ». Ces derniers seraient parfois escortés par des véhicules de la police ou des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), selon plusieurs témoignages anonymes recueillis par Akondanews.net.
Un leader local, qui a préféré garder l’anonymat, a encouragé cette initiative citoyenne, mettant en avant les résultats déjà obtenus. « Nous encourageons la jeunesse des différents quartiers à suivre l’exemple des jeunes de Katoyi. Depuis que les barricades ont été mises en place et que des jeunes passent la nuit à surveiller les points sensibles, nous avons constaté une baisse des incursions dans les maisons, » a-t-il déclaré.
Malgré les efforts des autorités, qui ont imposé des mesures comme l’interdiction de la circulation des motos au-delà de dix-huit heures, l’insécurité continue de régner à Goma. La population déplore les violences qui se déroulent en plein jour, comme les cambriolages des boutiques et des maisons de transfert d’argent, souvent attribués aux forces armées. Le dernier incident en date remonte au dimanche 24 août, où une boutique a été braquée à quatorze heures, illustrant la gravité de la situation.
L’auto-prise en charge sécuritaire par les jeunes de Goma démontre leur détermination à protéger leurs quartiers en dépit des failles dans la sécurité publique. Cependant, cette initiative soulève également des questions sur la responsabilité des autorités et l’efficacité des mesures de sécurité mises en place. Alors que les jeunes s’organisent pour pallier ces manquements, la situation reste tendue, et les habitants continuent de vivre dans une incertitude quotidienne.
Raphaël Mirurumo, correspondant à Kinshasa
Akondanews.net