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Depuis la crise économique du début des années 1980 et le retrait de l’Etat de l’appareil productif par le biais de sa « politique d’embauche des diplômés dans les entreprises publiques et parapubliques, les jeunes et les diplômés sont désormais devenus les principales victimes du chômage, du sous-emploi et de l’emploi précaire.
En effet, selon une étude sur l’emploi menée en 1998, 75,12% des chômeurs sont des jeunes âgés de 15 à 34 ans et ce taux est passé de 4,1% en 1998 à 7,12% en 2015.
Par ailleurs, la durée moyenne du chômage pour cette catégorie sociale ne cesse de s’allonger en passant d’environ 4 mois en 1980 à 7 mois en 1983, et à 55 mois en 2015.
L’une des principales raisons évoquées pour rendre compte de ce phénomène paradoxal, c’est l’inadéquation formation emploi, c’est-à-dire grosso modo l’incohérence entre le contenu de la formation et les besoins du marché de l’emploi. Et c’est justement pour rapprocher les structures de formation et le monde professionnel que le système pédagogique de licence, master et doctorat (LMD), entre autres, a été adopté, en 2009.
En effet, le LMD permet, non seulement «d’uniformiser les cycles et d’organiser la reconnaissance des diplômes entre les pays », mais encore de favoriser des « enseignements à finalité professionnelle à tous les grades grâce à une adéquation formation emploi en tenant compte du bassin de l’emploi ».
C’est pour cette raison qu’il offre la possibilité de « quitter le système avant le Doctorat en ayant un diplôme professionnel, par l’introduction: – au niveau L de la Licence professionnelle – au niveau M du Master Professionnel ».
Dans le même ordre d’idée, le curriculum classique s’est enrichi de contenu donnant accès à l’acquisition de compétences et d’habiletés professionnelles comme « Projet professionnel », «Sensibilisation à l’Entrepreneuriat », « Techniques de prise de notes », « Entretien d’embauche », etc. même si ces cours sont généralement dispensés par les enseignant-chercheurs, alors même qu’ils devraient être confiés à des professionnels.
Pour autant la problématique du chômage massif des diplômés chômeurs, loin de s’estomper, ne fait que prendre de l’ampleur. Que faire?
Selon certains analystes, une bonne partie de la solution devrait être recherchée dans la multi-compétence.
En fait, dans un monde de plus en plus complexifié, où la spécialisation à outrance commence à perdre du terrain au bénéfice de la généralisation, voire l’éclectisme, il est pertinent, pour l’étudiant de bâtir, d’améliorer ou de parfaire son employabilité par le biais de la multi-compétence.
Dans son acception la plus générale, la multi-compétence s’appréhende comme le fait de posséder plusieurs compétences, même si, à l’origine, le concept se rapportait à l’acquisition d’une seconde langue (Vivian Cook).
Dans le domaine de l’employabilité et l’insertion professionnelle, il s’agit de combiner deux ou trois domaines de connaissances liés entre eux par des «rapports étroits, par la similitude ou la dépendance » et qui, de ce fait, se renforcent mutuellement pour plus d’efficacité technique de l’apprenant.
Il y a, certes, des étudiants qui découvrent leur véritable vocation un peu tard et que, pour cette raison, il n’est pas rare de voir des diplômés en Lettres Modernes qui deviennent des as en Community Managers ou des diplômés en Espagnol mais qui, aujourd’hui, gagne valablement leur vie grâce à l’audio-visuel.
Toutefois, l’avantage évident pour l’étudiant en adoptant une telle démarche, c’est de lui permettre de bénéficier de plusieurs compétences qui peuvent se révéler être complémentaires. Il ne s’agit pas d’explorer des champs qui, à la base, n’ont aucun lien de « connexité » mais des champs de connaissance voisins ou similaires afin, non seulement d’approfondir ses connaissances dans ces divers domaines qui entretiennent des liens étroits, mais en le faisant, on crée une sorte de fil rouge dans la palette de ses compétences, qui sera un atout lors des entretiens d’embauche.
A ce propos, les combinaisons possibles peuvent se présenter de la manière suivante: Sociologie ou Anthropologie, Psychologie ou Relations Internationales peuvent être combinées avec Gestion et Résolution de conflits; Lettres (Français, Anglais, Espagnol, Allemand) peuvent être associées à Linguistique (traduction bi,-ou multilingue) ou Marketing ou Communication, etc.
Pour le reste, dans le combat pour l’emploi et l’employabilité des diplômés, par-delà les compétences intangibles comme la gestion du temps, la capacité d’adaptation et d’innovation, le travail d’équipe, entre autres, des compétences transversales à l’exemple de la connaissance de l’anglais ou d’une autre langue étrangère pertinente, la planification et la gestion de projets ainsi que les compétences informatiques, y compris l’analyse et le traitement de données, demeurent incontournables.
Oussou Kouamé Rémi, Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen du Campus 2 de l’université internationale Clairefontaine- Expert en emploi et employabilité de l’étudiant