Monde : l’Afrique en quête de souveraineté et les turbulences géopolitiques mondiales

Lecteur Audio
Getting your Trinity Audio player ready...

La semaine écoulée a été marquée par des événements significatifs, tant en Afrique qu’à l’international. Si le continent africain poursuit son chemin vers une redéfinition de ses modèles de gouvernance et une affirmation de sa souveraineté, le monde est confronté à des tensions géopolitiques sans précédent. L’élection de Donald Trump, l’évolution dramatique de la guerre russo-ukrainienne et les défis climatiques viennent complexifier un ordre mondial déjà fragile. Revenons sur ces faits marquants qui façonnent notre époque.

La montée des régimes militaires en Afrique de l’Ouest

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger continuent d’écrire une page particulière de l’histoire africaine contemporaine. Les régimes militaires au pouvoir, souvent critiqués par les chancelleries occidentales, se positionnent comme les architectes d’une renaissance souveraine. Ces dirigeants, par leur rhétorique anti-impérialiste et leur rejet des partenariats traditionnels avec la France, incarnent une rupture avec des décennies d’ingérences perçues comme néocoloniales.

Ce n’est pas un hasard si ces transitions sont massivement soutenues par les populations locales. En se réappropriant le contrôle de leurs ressources naturelles et en réorientant leurs alliances géopolitiques, ces régimes proposent un modèle alternatif pour l’Afrique. Ils défendent l’idée que la démocratie n’est pas un modèle unique, mais doit être adaptée aux réalités sociopolitiques et culturelles locales.

Cependant, des défis subsistent. Au Mali, la récente éviction du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, interdit de quitter le territoire et de tenir des rencontres politiques sans l’aval des autorités, illustre les tensions internes au sein même des régimes militaires. Ce contrôle rigoureux sur les oppositions politiques pourrait limiter le pluralisme nécessaire à la construction de modèles de gouvernance stables et inclusifs.

Souveraineté et gestion des ressources

Les décisions audacieuses des gouvernements de transition en Afrique de l’Ouest marquent également un tournant dans la géopolitique africaine. En diversifiant leurs partenaires, notamment vers des puissances émergentes comme la Russie, la Chine et la Turquie, ces pays entendent réduire leur dépendance vis-à-vis de l’Occident. Mais ces alliances doivent être abordées avec prudence : le rejet d’un système néocolonial ne doit pas ouvrir la voie à de nouvelles formes de domination économique ou politique.

L’Afrique, forte de ses immenses ressources naturelles, n’a ni besoin de l’aide financière des États-Unis ni de l’Union européenne. Ce dont elle a besoin, c’est de gérer elle-même ses ressources, sans ingérence, et de construire des modèles économiques autonomes et durables. La souveraineté véritable passe par cette capacité à exploiter les richesses nationales dans l’intérêt exclusif des populations locales.

La crise israélo-palestinienne : un tournant historique

Sur le plan international, la Cour pénale internationale (CPI) a pris une décision qui a secoué la diplomatie mondiale : l’émission d’un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour des accusations de crimes de guerre. Cette décision intervient dans un contexte de recrudescence des violences en Palestine, où les bombardements et les affrontements font de nombreuses victimes civiles.

Pour l’Afrique, ce développement rappelle l’importance de soutenir les mécanismes de justice internationale. Le continent, souvent ciblé par les enquêtes de la CPI, peut percevoir ce mandat comme un signal que la justice internationale ne doit pas être sélective. Toutefois, ce geste courageux de la CPI reste symbolique, tant il est peu probable que Netanyahu soit un jour traduit devant un tribunal. Cela pose une question plus large sur l’efficacité et la légitimité des institutions internationales.

La réélection de Donald Trump : un choc pour le monde

L’annonce de la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a créé une onde de choc, tant sur le plan national qu’international. Trump, figure polarisante et controversée, incarne une vision populiste et nationaliste qui a profondément marqué la première décennie de ce siècle. Son retour au pouvoir soulève des interrogations sur l’avenir des relations internationales et sur les équilibres déjà fragiles dans plusieurs régions du monde.

Pour l’Afrique, ce nouveau mandat pourrait être perçu comme une opportunité pour affirmer davantage sa souveraineté et réduire sa dépendance vis-à-vis des grandes puissances. Trump ayant déjà manifesté son désintérêt pour les approches paternalistes en Afrique, cela pourrait offrir aux pays africains une plus grande latitude pour développer des partenariats véritablement égalitaires.

La guerre russo-ukrainienne : une nouvelle escalade

Cette semaine, la crise russo-ukrainienne a atteint une dimension encore plus inquiétante. Les États-Unis ont annoncé leur intention de fournir à l’Ukraine des missiles capables d’atteindre le territoire russe, une décision qui a provoqué une réponse vigoureuse de Moscou. En guise de démonstration de force, la Russie a procédé à des essais de missiles hypersoniques capables d’atteindre une vitesse de 3 kilomètres par seconde, un message clair à ses adversaires.

Cette escalade militaire risque d’entraîner des conséquences dévastatrices, non seulement pour l’Europe, mais aussi pour l’économie mondiale. Les tensions entre la Russie et l’Occident exacerbent les pressions sur les marchés énergétiques et alimentaires, touchant particulièrement les pays africains qui dépendent des importations de céréales et de carburants.

Pour l’Afrique, cette guerre souligne l’urgence de diversifier ses partenaires économiques et de renforcer ses capacités de production locales. La dépendance excessive aux marchés internationaux expose le continent à des chocs extérieurs sur lesquels il n’a aucun contrôle.

Nouveau chapitre pour la diplomatie ivoirienne en Allemagne

Un événement notable au cours de cette semaine a marqué la scène diplomatique : Son Excellence Monsieur Azize Diabaté, le nouvel ambassadeur de la Côte d’Ivoire en Allemagne, a présenté, le vendredi 22 novembre 2024, ses lettres de créance auPprésident de la République fédérale d’Allemagne. Cette cérémonie officielle vient renforcer les liens entre les deux pays et symbolise un nouveau départ pour la représentation ivoirienne en Europe.

La nomination de SEM Azize Diabaté intervient à un moment crucial où la diaspora ivoirienne en Allemagne joue un rôle clé dans la promotion des intérêts de la Côte d’Ivoire à l’étranger. En tant qu’intermédiaire stratégique, l’ambassadeur Diabaté aura pour mission de consolider les relations bilatérales tout en accompagnant les initiatives de la communauté ivoirienne en Allemagne.

L’Afrique face aux défis climatiques

Alors que l’attention internationale est captée par les tensions géopolitiques, l’Afrique continue de faire face à des catastrophes climatiques qui menacent directement la vie de ses populations. Les inondations en Côte d’Ivoire, notamment dans les régions du Guémon et du Cavally, ont mis en lumière l’urgence d’une action climatique renforcée.

L’Afrique, bien qu’elle soit responsable de moins de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, en subit les effets les plus graves. À l’approche de la COP28, les pays africains doivent présenter un front uni pour exiger des engagements concrets des grandes puissances polluantes. Mais cette mobilisation internationale doit être accompagnée d’initiatives locales pour développer des infrastructures résilientes et des politiques environnementales adaptées.

Diaspora africaine : un acteur clé dans les transformations

Cette semaine, la diaspora africaine, notamment en Europe, a une fois de plus démontré son rôle central dans les dynamiques politiques et sociales du continent. En Allemagne, les efforts des Ivoiriens pour participer activement à la révision électorale montrent à quel point la diaspora reste engagée, malgré les défis organisationnels.

Cependant, les États africains doivent mieux structurer leurs relations avec leurs communautés expatriées. Ces dernières ne sont pas seulement des contributeurs économiques à travers les envois de fonds, mais aussi des relais stratégiques pour promouvoir les intérêts africains sur la scène internationale.

En somme, qu’il s’agisse des transitions politiques en Afrique de l’Ouest, des défis climatiques ou des tensions géopolitiques mondiales, le continent ne peut plus rester passif face aux bouleversements qui redéfinissent l’ordre mondial.

L’Afrique doit poursuivre son chemin vers la souveraineté, non seulement politique, mais aussi économique, culturelle et environnementale. Cela nécessitera une vision audacieuse, un leadership fort et une coopération accrue entre les nations africaines. Les opportunités sont immenses, mais elles ne pourront être saisies qu’à travers une action collective et déterminée.

Claude Gbocho

Directeur de publication – Akondanews.net

Laisser un commentaire

Traduire»