Malversations dans les entreprises d’Etat, impunité, trafic de drogue, blanchiment d’argent sale sous le régime Ouattara : Pourquoi le Rhdp ne peut échapper à son destin en 2025

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L’an prochain, le collège électoral sera encore convoqué à l’occasion des élections locales (municipales et régionales couplées). Les populations meurtries par plus d’une décennie de troubles et de crises politiques veulent tourner la page. C’est pourquoi toutes placent leurs espoirs dans le dialogue politique et surtout dans l’application des recommandations issues de la phase cinq dudit dialogue.

Le rapport qui en découle, faut-il le noter, ouvre sur des perspectives d’espoir, du moins à  entendre les déclarations des participants, à savoir opposition, société civile et gouvernement. Des déclarations ici et là qui laissent croire que les acteurs politiques sont dans de bonnes dispositions d’esprit pour travailler à la transparence dans l’organisation. Si donc les acteurs politiques décident d’enterrer la hache de guerre pour fumer le calumet de la paix et de l’unité, on peut espérer que seuls les arguments de probité et d’intégrité prévaudront pour les candidats et leurs chapelles politiques pour espérer remporter la victoire dans les urnes. Les dix dernières années ayant suffisamment montré que les violences ont atteint leurs limites et tout ne se résume pas à la force des machettes. Place donc aux verbes, à la persuasion, aux arguments de l’honnêteté, de l’intégrité, de la bonne gestion. Bref, le jeu démocratique, ouvert, qui ne laisse place à aucune improvisation. L’art de la saine gestion de la chose publique.

En attendant l’élection présidentielle qui se tiendra en octobre 2025 et les législatives en mars 2026, trois grosses écuries, le Rhdp d’Alassane Ouattara (au pouvoir), le Pdci-Rda et le PPA-CI (opposition) vont jeter leurs meilleurs hommes et femmes dans l’arène des élections municipales et des régionales.

La gestion du Pdci-Rda d’Henri Konan Bédié remonte à Mathusalem comparée à celle de Laurant Gbagbo désormais estampillé PPA-CI à plus forte raison au Rhdp d’Alassane Ouattara qui gère les affaires du pays depuis douze années. La remontée dans le temps pour ce qui concerne la gestion de Bédié et Gbagbo, est pour ainsi dire, plus aisée par rapport à la gestion de Ouattara qui est d’actualité. Or les électeurs ne jugent que par rapport à leurs vécus, leur quotidien, aux problèmes du moment et se demandent vers qui se tourner pour y trouver solution. De ce qui précède on peut dire sans se tromper que l’actualité n’est pas le meilleur allié de celui qui gère le présent, du moins si sa gestion est entachée.

Parlons donc de celui qui gère les affaires publiques de Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara.

Arrivé au Pouvoir le 11 avril 2011, le régime d’Alassane Ouattara totalise à ce jour, onze années d’exercice. Mais que d’illusions les Ivoiriens ne connaissent-ils pas ? L’exercice du pouvoir s’est avéré pour l’homme venu du Fmi (Fonds monétaire international) Alassane Ouattara et les siens une période de prévarication et de pillages systémiques.

Lumière.

Les effondrements d’immeubles : le signe d’une gangrène systémique

Commençons par les plus récentes des affaires scabreuses, pour ne pas dire les actes manqués de la république. A combien sommes-nous déjà d’effondrements d’immeubles dans le District d’Abidjan ? En attendant de faire le point des sinistres, le ministre de la Construction et de l’urbanisme Bruno Koné Nabagné, indiquait lundi 22 mars 2022 « Effectivement, dans la ville d’Abidjan, aujourd’hui, 80 % des constructions qui sont réalisées ne disposent pas de permis de construire ». Quand on entend de tels propos de la bouche du titulaire d’un département aussi sensible que la construction, l’habitat, l’urbanisme, on ne peut que se poser la question de savoir qui nous dirige vraiment et que pense-t-il que nous représentons nous les habitants de ce pays ? Voici un ministre dont les services n’ont aucun contrôle sur son département. Comment donc ne pas assister à des effondrements incessants d’immeubles dans les communes d’Abidjan ?

Effondrement d’immeuble à Abidjan

La capitale économique ivoirienne connait une expansion exponentielle incontrôlée. Des propriétaires terriens, des villages entiers et des entreprises, sont expropriés par plus nantis, plus forts ou plus introduits dans les cercles du pouvoir. L’Arrêté de Concession Définitive (ACD) qui est le seul et unique acte qui confère la propriété sur le domaine foncier urbain, est banalisé depuis que le Rhdp a pris le pouvoir. Or ce document – il est important de le signaler – est délivré dans l’espace urbain sur les terrains issus de lotissements approuvés ou non, mais le constat est que n’importe qui peut remettre l’ACD avec la complicité d’un agent du ministère.

Plus grave encore, le secteur du bâtiment est désormais infiltré par les trafiquants de drogue. Ces derniers qui veulent blanchir les sommes colossales d’argent issues de leur narco-trafique achètent à tour de bras et sans réfléchir des lots. Des terrains de 500 m2 qui s’achetaient à 2 à 3 millions sont achetés cash, par les trafiquants de drogue à 100 voir 200 millions Francs CFA. L’essentiel pour ces derniers étant de blanchir les sommes colossales d’argent qu’ils ne peuvent pas déposer sur des comptes à la banque. La saisie en avril dernier, de 2 tonnes de cocaïne à Abidjan et à San Pedro a mis en lumière les activités de la pègre dans le secteur de la boulangerie et la pâtisserie, et bien d’autres. Ce surenchérissement a déréglé le secteur du logement au point où le loyer d’un appartement de trois pièces dans la commune de Cocody est passé de 130.000 Fcfa à 280.000 voir 350.000 FCFA le mois. Comme le bâtiment, le secteur de la boulangerie et de la pâtisserie est lui aussi touché par la drogue. Dans certaines communes d’Abidjan, on ne peut pas faire 100 m sans rencontrer une boulangerie pâtisserie. La pratique est désormais connue, l’essentiel est de justifier le dépôt d’argent à la banque. Ce phénomène fait l’actualité ces cinq dernières années. Mais comment est-on arrivé à cette situation ? Pour répondre à cette question, il faut remonter à 12 ans en arrière.

Saisie de 2 tonnes de cocaine à Abidjan et San Pédro

Retour sur quelques scandales sous Ouattara

Quand, après la crise meurtrière d’avril 2011, l’université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, rouvre ses portes, le 3 septembre 2012, on annonce que 110 milliards de Fcfa ont été dépensés dans des travaux de «réhabilitation et de rénovation». En réalité il s’est agi de repeindre les bâtiments de l’institution et de tondre la pelouse : 110 milliards Francs CFA ! Car on saura des mois plus tard par les étudiants en colère, que les amphithéâtres n’ont de micro, ni de matériels didactiques, les bâtiments supposés être rénovés n’ont pas de toilettes, les bibliothèques n’ont pas d’ouvrages.

Quelques mois plus tard, des malversations sont signalées dans la filière cajou. Selon le journal Le Nouveau Courrier du mardi 14 mai 2013, entre 400 à 500 mille tonnes sont engrangés à travers des prélèvements sur la commercialisation de ce produit « mais qui ne sont pas reversés à l’Interprofession dont le rôle consiste à gérer la filière au niveau de l’encadrement des producteurs, de la commercialisation interne, et externe de la noix brute ». En janvier 2014, c’est le cabinet de conseil Deloitte qui lève le lièvre sur le gros scandale. Selon ce cabinet qui venait de boucler un audit confidentiel, des «dysfonctionnements» pour ne pas dire des détournements de fonds ont été perpétrés entre janvier 2014 et novembre 2015. Deloitte révèle que la coque qui protège la noix de cajou, dont la Côte d’Ivoire est le premier exportateur mondial avec 625 000 tonnes en 2015, qui ont rapporté cette année-là 337 milliards de francs CFA (514 millions d’euros), mais une grande partie de ces sous a été siphonnée.

Dans la foulée de ce scandale, d’autres malversations sont signalées à la direction générale des Cultes. Elles portent sur 700 millions Fcfa et cette somme qui a miraculeusement disparue des caisses se trouvent être l’argent des religieux. Mme Diaby Aminata Dao qui officiait en qualité de Directrice générale des Culte est bombardée au milieu des yoyos de réprobations, Préfète de la région d’Alépé. Elle connait une promotion au nez et à la barde des infortunés serviteurs de Dieu.

En octobre 2014, alors Premier ministre d’Alassane Ouattara, Daniel Kablan Duncan effectue une visite de travail aux Etats-Unis. Le chef du gouvernement doit prendre part aux assemblées annuelles des institutions de Breton Woods (FMI, Banque mondiale). Le budget du voyage de la délégation ivoirienne qui était initialement de 250 millions de F CFA, est porté sans autre forme de procès à 400 millions de F CFA. Quand le pot aux roses est découvert, c’est le directeur financier qui en fait les frais. Il est illico presto limogé par le chef de l’Etat ivoirien, et le dossier classé sans suite. Quant à Duncan il sera plus tard nommé Vice-président de la République. C’est aussi cela la Côte d’Ivoire sous Alassane Ouattara l’homme venu du Fmi (Fonds monétaire international).

Pour montrer qu’aucun secteur d’activité n’échappe au régime, en 2015, 720 millions de Francs CFA représentant les primes des joueurs de l’équipe nationale de football après leur victoire à la CAN, sont restées impayée. Et ce n’est pas tout ! Le Programme présidentiel d’urgence n’est pas épargné.

Tene-Birahima-Ouattara, ministre de la Défense de Côte d’Ivoire

Dans un détournement de fonds qui porte sur plus de 400 milliards Francs CFA, Téné Birahima Ouattara le frère cadet d’Alassane Ouattara est cité. La Banque mondiale qui accompagne l’Etat ivoirien dans le projet, décide d’arrêter sa collaboration dans ce programme. En fait, l’idée du PPU était noble puisqu’il consistait à relancer la construction du pays après la grave crise postélectorale de 2010. Les entreprises ivoiriennes y ont pris part en construisant des routes ou des pistes pour un montant global de 700 milliards de francs CFA. Sur ce montant près de 100 milliards de francs CFA, soit 150 millions d’euros, sont restés impayés aux entreprises prestataires. A la Présidence ivoirienne qui pilote ce programme de main de fer par Téné Birahima Ouattara, on prétextera tout simplement de « l’urgence » qui a fait que « toutes les entreprises n’ont pas de contrats en bonne et due forme ou bien juste une lettre de commandes ». Selon un article de l’époque rédigé par Jeune Afrique, « Par ailleurs, beaucoup d’entre elles se sont imprudemment endettées pour l’achat ou la location de matériel de terrassement, pensant être rapidement payées.» Mal leur en a pris. Et le confrère JA de se poser la même question que se pose certainement la Banque mondiale. « Comment dans un pays où le gouvernement prône la libre entreprise et appelle à la participation des PME ivoiriennes aux grands travaux d’aménagement, l’Etat peut-il faire patienter ses créanciers, non pas 90 jours comme c’est souvent l’usage, mais plus de 24 mois ? ».

Ce sont sous ce même régime Ouattara que 62 milliards de Francs CFA décaissés après le scandale des déchets toxiques ont été détournés. Pourtant cette somme était destinée à l’indemnisation des victimes des déchets toxiques.

En novembre 2018, suite à un audit au Conseil du café-cacao (CCC) dirigé par Massanjé Touré-Litsé, par le cabinet d’expertise KPMG, un détournement de « 326 milliards de F CFA du fonds de stabilisation de la filière du cacao, des banques ivoiriennes » est constaté au sein de la filière cacaoyère. Massanjé Touré-Litsé est dégommée de son poste et remplacée par Alassane Ouattara, sans être inquiétée outre mesure et remplacée Yves Brahima Koné.

Entre janvier et février 2018 un vent de détournement de plus 400 milliards Francs CFA secoue les impôts. Au cours d’une visite inopinée qu’il effectue, le vendredi 09 février 2018, à la Direction régionale des Impôts Abidjan-Nord 1 aux Deux Plateaux, dans la commune de Cocody, le secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargé du Budget et du Portefeuille de l’État, Moussa Sanogo tombe des nus. « Cela pose un problème d’éthique. Vous savez, ces temps-ci, les Impôts sont au centre de plusieurs scandales de milliards de Fcfa. On parle même de 400 milliards de Fcfa. Si c’est avéré, puisque des audits diligentés par la Direction générale sont en cours, ce serait grave et honteux. Le Chu d’Angré a coûté 40 milliards Fcfa. Ça veut dire qu’on aurait pu construire au moins 10 Chu comme celui d’Angré. Les relevés à la main posent des problèmes de traçabilité et c’est la porte ouverte à toutes les dérives. Surtout qu’il y a des gens qui mettent l’argent du contribuable dans leur poche pour se construire des maisons », s’énerve le ministre.

Mais on comprendra plus tard que c’est juste une opération de saupoudrage. Car, dans un article très révélateur, la Lettre du continent dévoile le montant réel du fonds de souveraineté qu’Alassane Ouattara s’est octroyé. «342 milliards Francs CFA». Face à ces graves accusations, la présidence ivoirienne réagit le 2 septembre 2017, dans un communiqué dans lequel il parle des «informations mensongères» et «gravement diffamatoires». Il va même jusqu’à dire avoir donné instruction aux avocats Jean-Pierre Mignard et Jean-Paul Benoît de «mettre en œuvre toutes voies de droit et toutes actions utiles en vue de la sanction de tels agissements et la réparation des préjudices». Mais là aussi, c’est une opération de communication, puisque le confrère la Lettre du continent attend toujours la plainte d’Alassane Ouattara. C’est plutôt Jeune Afrique qui tente de voler au secours du chef de l’Etat ivoirien.

« De francs CFA comptabilisés en 2016. 342,636 milliards prévus en 2017… Quelques mois après avoir officialisé une baisse du budget de l’État de 9% en 2017, les chiffres dits de «souveraineté» publiés dans le budget 2017 de la République de Côte d’Ivoire par le ministère auprès du Premier ministre chargé du Budget et du Portefeuille de l’État ne sont pas passés inaperçus. Dans son édition numéro 759 datée du 30 août 2017, la Lettre du continent voit dans ces chiffres, dont la date de publication n’est pas connue, « l’explosion de fonds politiques discrétionnaires ». Ecrit Jeune Afrique qui relate la colère de la Présidence ivoirienne après les révélations de La Lettre du continent. Les scandales financiers et les détournements de deniers publics sous le régime Rhdp d’Alassane Ouattara, il faudra toute une encyclopédie pour les répertorier. On n’en finira pas de les citer, tellement chaque mois vient avec son lot. Cela dit, le travail de l’opposition est facilité par leurs adversaires du pouvoir.

Si seulement le jeu est ouvert démocratiquement et les urnes se remplissent sans violences, il n’y a pas de doute que la victoire des opposants se jouera sur l’intégrité et la morale. Voici les vrais enjeux. A moins que les populations ne soient atteintes du syndrome de Stockholm, pour tomber amoureux des leurs bourreaux. Il faut juste à l’opposition de savoir tirer profit de ces scandales qui n’honorent pas la république et ses institutions.

Denzel Bereby

Akondanews.net

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