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La semaine dernière, le Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour une transition réussie, regroupement de partis politiques maliens comme son nom l’indique, a donné de la voix au sortir d’un séminaire, où ont été prises plusieurs résolutions.
Le fait marquant, c’est la détermination de ces partis regroupés au sein de cette structure, de ne pas reconnaître les autorités actuelles du Mali à partir du 25 mars prochain et de mettre en place une nouvelle transition.
Comment procéderont-ils pour la mise en place de cette nouvelle transition ? Que feront-ils pour y arriver ? Sur quoi ou sur qui comptent-ils pour le faire ? Demain nous situera certainement.
A l’analyse, la sortie de ce groupement de partis politiques peut dans un premier temps, être interprétée comme un appel du pied et un moyen pour ses dirigeants de se rappeler au bon souvenir des autorités actuelles de la transition. Celles-ci doivent savoir qu’ils existent, et que les partis politiques entendent prendre leur part dans la marche politique du pays.
Il n’est pas du tout aisé pour des dirigeants de partis politiques, d’avoir l’impression de ne pas compter, de n’avoir aucune emprise sur le déroulement des événements, et d’en être un acteur passif ou à tout le moins, un simple spectateur. Cela est fort compréhensible.
Dans un deuxième temps, la sortie de cette structure politique, et ses projections d’actions, rappellent fort bien une séquence de la vie politique en Côte d’Ivoire de 2002 à 2011. Il s’agit de la structure de combat à l’intérieur du système, œuvrant et agissant en parfaite synergie avec les puissances extérieures pour faire s’écrouler le pouvoir en place.
En effet, lorsque le pouvoir du président Gbagbo était aux prises entre 2002 et 2011 avec les manœuvres de la France et de la « communauté internationale » à l’extérieur, harcelé sur le terrain militaire par la rébellion, les partis politiques avaient mis en place une structure dénommée le « G7 ». Cette structure comprenait le Pdci-rda, le Rdr, le Mfa, l’Udpci et les branches politiques de la rébellion que sont le Mpci, le Mpigo et le Mjp. Le directoire de ce regroupement était présidé par M. Alphonse Djédjé Mady. Le « G7 » deviendra plus tard le Rhdp, porté sur les fonts baptismaux, sur les rives de la Seine, sous le regard bienveillant, condescendant et paternaliste de M. Jacques Chirac alors président français.
C’était la 5ème colonne qui de l’intérieur, devait saper les fondations du pouvoir de Gbagbo.
Le «G7 » et plus tard le Rhdp ne s’en privait pas. Contestation des décisions prises par le pouvoir, alors qu’ils siégeaient tous au gouvernement, harcèlement de tous genres, réclamation d’élections au plus vite, marches « pacifiques » infiltrées par des rebelles armés qui s’en prenaient aux gendarmes et policiers. Les morts à l’issue de ces marches sont ipso facto imputés au pouvoir en place. Et la presse française, comme il fallait s’y attendre s’adonnait à cœur-joie.
L’évolution de la situation au Mali, laisse entrevoir la possibilité de duplication de ce schéma qui a bien fonctionné en Côte d’Ivoire avec les mêmes ingrédients : embargo de la Cedeao, gel des avoirs par l’Uemoa à travers la Bceao, sanctions de plusieurs personnalités du pouvoir, activisme de la France avec à sa remorque l’Union Européenne et l’Union Africaine et harcèlement de l’intérieur du groupement des partis politiques.
Mais les maliens doivent savoir raison garder et ne pas tomber dans le piège des élections ici et maintenant. La mésaventure de feu Soumaïla Cissé est de fraîche mémoire, et enseigne que des élections ne peuvent se tenir tant que le pays n’est pas pacifié, les groupes armées traqués jusque dans leurs derniers retranchements, les rebelles Touaregs désarmés et l’entièreté du territoire recouvrée. Ils doivent s’inspirer de la « jurisprudence » ivoirienne.
C’est pourquoi il faut toujours en appeler aux maliens, et surtout à ceux regroupés au sein du Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour une transition réussie, d’aller au-delà de leurs ambitions, et de ne regarder qu’au Mali.
Servir « de gentils toutous » et de bras armés d’une puissance étrangère, ne leur sera jamais pardonné. Mais… nous n’en sommes pas encore là.
S’il y a eu un soir au Mali, il y aura assurément un martin et l’ivraie sera séparée du vrai.
NAZAIRE KADIA, ANALYSTE POLITIQUE