Lutte contre l’insécurité au Mali : Bamako tourne le dos à Paris

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Les autorités de Bamako n’ont pas caché leur volonté de se tourner vers d’autres partenaires, dans le cadre de la lutte contre l’insécurité. Une position très clairement dégagée lors des travaux de la 76e Assemblée générale des Nations unies.

Pour ce faire, les autorités maliennes de transition ont fait l’acquisition de quatre (4) hélicoptères militaires qui ont été réceptionnés ce vendredi 1er octobre à Bamako.

Ces appareils de type Mi-171 ont été acquis  «sur le budget national», selon le ministre malien de la Défense, le colonel Sadio Camara, tandis que des armes et des munitions ont été gracieusement offerte au Mali par la Russie, en sa qualité de nouveau partenaire privilégié du pays.

Ces livraisons sont, par ailleurs, le fruit d’un contrat signé en décembre 2020 et entré en vigueur en juin 2021 entre les deux parties.  «L’extrême rapidité de l’exécution de ce contrat montre la fiabilité et le sérieux de ce partenaire qui nous a toujours donné satisfaction dans le cadre d’échanges gagnant-gagnant», a souligné le ministre Sadio Camara.

La réception de ces engins de guerre russes intervient dans un contexte de tensions entre Paris et Bamako. Le Mali dénonce «l’abandon en plein vol» de Paris, dans la lutte contre l’insécurité dans le pays. Le Premier ministre de transition, Choguel Maïga, l’a dit devant la tribune des nations, accusant ouvertement l’ancien colonisateur de n’avoir pas respecté les principes de consultation et de concertation dans sa décision de retrait et de transformation de l’opération militaire Barkhane.

Une accusation que la France regrette amèrement par la voix de son Président Emmanuel Macron qui a qualifié ces accusations de «honte», mais avant lui, la ministre française des armées, Florence Parly, avait rejeté les mêmes  «accusations», les qualifiant à son tour d’ «inacceptables» et  «indécentes».

Par ailleurs, la France s’inquiète notamment des liens du Mali d’avec la société  privée russe, Wagner. Paris avait déjà mis en garde le pays dirigé par le colonel Assimi Goïta depuis la déchéance du président Ibrahim Boubakar Keïta, sur la perte de tout soutien international s’il s’engageait avec le groupe Wagner.

Assurer la sécurité de tous les Maliens semble être la priorité des autorités de Bamako qui n’excluent plus la possibilité de reporter les élections prévues en début 2021. Elles estiment qu’il faut réaliser le préalable avant d’y penser. Une position qui n’arrange pas la communauté internationale qui avait fait du respect du calendrier électoral par la junte, une exigence.

Se sentant abandonné par la France dans le cadre de la lutte contre l’insécurité, le pouvoir de Bamako explore désormais des voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de façon autonome. Après avoir annoncé la création prochaine d’une école de guerre au Mali pour la formation des hauts cadres de l’armée, le gouvernement de Bamako ne cache plus sa proximité avec la Russie dans le cadre de la coopération militaire.

Si, dans ce rapprochement, il est clair que le Mali gagnera une logistique, la formation de ses forces armées et un appui militaire, il est important de s’interroger sur ce que gagne la Russie de son côté. Le Mali regorge d’un sous-sol riche en minerais qui ne laisserait aucune puissance occidentale indifférente. Sa densité aussi constitue une richesse qui serait visée par la Russie qui prend du terrain en Afrique.

Aussi, le rapprochement Mali-Russie pourrait être au profit du Kremlin dans le théâtre de la confrontation avec la France. Le cas de la République Centrafricaine où Moscou s’est montré plus confiant et rassurant  que Paris, reste parlant.

Les résultats perceptibles dans la lutte contre l’insécurité aujourd’hui en RCA démontrent qu’en se tournant vers la Russie, les autorités maliennes ne font pas fausse route.

Partira ne partira pas ? Il est peut-être tôt pour savoir quelle sera la réaction finale de la France sur le dossier malien.

Yves Modeste Ngue

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